29/01/2014

*S'aérer*



Je suis sortie pour aller chercher du thé et des enveloppes, je n'ai pas trouvé les enveloppes j'ai oublié le
thé et j'ai acheté des chaussures.
En rentrant je me suis dit je vais descendre sur les quais et faire une photo de l'endroit.
J'ai fait la photo. J'ai hésité.
Non c'était plus loin c'était là-bas un peu plus loin oui je reconnais la bande d'herbe et la petite marche. Mais il y avait un chien qui tournait, deux mêmes, des gens qui me gênaient.
Je reviendrai, je me suis dit.
Je me suis retournée et un garçon avec un skate sous le bras et un sac à dos orange m'a dit est-ce que je peux vous prendre en photo et j'ai dit oh non et j'ai pensé j'ai dû mal comprendre il avait un petit accent alors je lui ai dit vous voulez que je vous prenne en photo devant la Seine ? Non, il m'a répondu, est-ce que je peux faire une photo de vous ? Ben non. Je préfère demander avant, il a ajouté. Ben oui. Je me suis dit, quelle idée bizarre.
Et j'ai continué.
Il y avait plein d'oiseaux dans le ciel je les ai comptés.
Je suis passée sous le pont un peu sombre où la petite radio d'un monsieur sans maison grésillait Alexandri Alexandra. J'ai senti que nous n'avions pas l'humeur à danser tous les deux. On en a profité pour se regarder un peu.
Après le pont d'Austerlitz, les mouettes se sont mises à tourner en criant dans le ciel blanc.
Plus loin les premières gouttes et mon parapluie qui se retourne Pffffffff c'est le courant d'air qui passe qui m'enlace qui me pousse qui m'enroule, vous êtes éteinte, me chuchote-t-il, que se passe-il vous ne pouvez pas rester comme ça venez avec moi.
Oui, je lui souris, oui,  je lui cours, oui, je lui avoue, éteinte, c'est exactement ça, et non, je ne peux pas rester comme ça mais vous voyez je compte sur mes nouvelles chaussures elles brillent. Regardez comme je peux sautiller enjamber tiquetaquer voler avec des paillettes aux pieds !
Et le courant d'air me souffle encore, oui, c'est parfait, venez...
Il passe ses grands bras autour de moi et me chuchote quelque chose de très doux de charmant d'époustouflant.
Je le regarde (et regarder un courant d'air, quelle histoire !) je le regarde et je lui demande, vous croyez vraiment ?
Evidemment.
Je vous adore je vous adore ! (Et même je l'embrasse.)
Et là je m'accroche à lui et à mon parapluie et nous survolons la Seine Vincennes les nuages les mirages l'infini...


5 commentaires:

LA FILLE QUI PART... a dit…

..et, à coup de parapluie retourné tu arrives jusqu'ici où un autre vent intimement lié au tien mais plus chaud gronde aussi saupoudré de quelques gouttelettes.Je prépare un thé, et pendant que l'eau chauffe ,tu remets de l'ordre dans tes cheveux, tu réajustes ton parapluie, tu le mets à sécher juste là dans l'allée protégée, et tu essuies délicatement à l'aide d'un petit mouchoir brodé de blanc tes jolies chaussures à paillettes!
Et moi de penser à la chauve souris du grand Thomas qui pourrait tomber amoureuse de ton parapluie laissé là dehors avec le vent d'ici!
Oh oui, ce serait une douce après midi!

mirabellef a dit…

c'est beau.

(et ton parapluie.. :-)

BG a dit…

J'aime beaucoup et ce dessin et ce texte ! Merci !

sylviedu13 a dit…

Ca décoiffe.
J'aime.....j'aime....j'aime toute cette poésie qui tourbillonne .

arrosoir a dit…

J'ai eu bien des colères et des tristesses emportées par des rafales de vent lors d'une promenade à la bibliothèque ou en plus souvent encore en bord de mer.Ce matin, je cherche le vent.