22/01/2016

*S'inspirer*














C'était ce matin, il lui demande Augustin à Charlotte, mais qu'est-ce qui vous inspire ?
Et la Charlotte, la sublime, la Rampling, de lui répondre : vous. Vous m'inspirez.
Moi ? Mais pourquoi, s'étonne-t-il, le Trapenard.
Parce que nous avons une merveilleuse conversation, répond-elle. Et ça, c'est inspirant.
Et moi d'approuver tellement sur ma chaise.
Mais oui, elles sont si rares et si précieuses, les merveilleuses conversations, elles se font discrètes, elles se chuchotent presque, et autour, tout se fait inspiration.

Cette sensation m'a projetée dehors. Un élan. Evident.
Il faut dire que l'Augustin, il n'y est pas allé par quatre chemins. A quoi ça tient, la capacité à éveiller le désir ? Hein Charlotte. Comment vous faites pour rester si désirable ? s'interroge-t-il.
Juste être vivante. Rester vivante. Et rester vivante, c'est entre autre avoir envie. Elle dit ça, en gros, la dame Charlotte.
Ce n'est pas vraiment une révélation, plutôt une évidence. Qui a dit qu'il fallait se résigner ? Hein.
Alors j'ai eu envie d'un chemisier sapin et puis.
Je n'essaie plus (jusqu'à demain ?) de comprendre ce qui m'a fait m'étouffer pendant si longtemps, je me demande juste maintenant comment mais comment, mais où, mais que faire de toute cette énergie ces envies ces j'aimerais tellement qui me submergent ?
Peut-être commencer par partir seule à Venise faire des photos dans la brume et écrire dans un carnet des morceaux d'histoires vraies ?



18/01/2016

*Klaxonner*






































Le bus tarde à venir. Je prends un vélo.
Je pédale vite pour rattraper le retard et frôler la sensation de l'envol.
Je pédale je pédale je pédale, descends sur le quai, remonte sur le boulevard, contourne les travaux, évite les obstacles, je vais jusqu'à monter sur le trottoir à l'endroit où je n'ai plus d'espace.
Et là. Klaxon klaxon klaxon.
Zut. Quelqu'un a vu ma faute quelqu'un me tape sur les doigts quelqu'un ho là là.
Klaxon klaxon klaxon.
Et mon manteau qui découvre mes genoux et le rouge qui me monte aux joues.
Je tourne la tête et.
Petit klaxon.
Mais. Mais je reconnais cette voiture. Je me penche pour regarder à l'intérieur si. Mais oui !
Clignotant pour l'un, la petite voiture s'arrête sur le côté. Pied à terre pour l'autre, la béquille immobilise l'engin.
La portière s'ouvre les sourires s'épanouissent jusqu'au bout de nos doigts et deux bras se resserrent sur moi sans un mot.
Bonheur.
J'aime les bras qui m'enveloppent.
J'aime les bras qui me portent.
J'aime les bras qui m'embrassent.
Et tant pis si je suis en retard.




11/01/2016

*Ecouter*



En entrant dans le café PMU, j'ai d'abord remarqué le bas de sa longue jupe fleurie, ses collants en laine, puis ses chaussures orthopédiques, des sandales plates.
Son manteau était assez volumineux. Bleu. En tissu synthétique.
Je me suis installée au comptoir de façon à pouvoir l'observer. Elle y était accoudée aussi. Elle montrait sur son téléphone des photos à son voisin. Son voisin de comptoir.
Ses cheveux étaient d'un très beau gris clair. Longs. Soyeux. Enfoncés dans son manteau, on n'en voyait pas le bout.
J'ai pensé que j'aimerais qu'ils deviennent comme ça, les miens.
Elles avaient les ongles très longs aussi, tellement longs qu'ils se courbaient en douces griffes. Son vernis bleu était écaillé. Négligé.
Elle parlait beaucoup, commentant ses photos sur le ton de ceux qui se remémorent un doux passé. Et elle lançait des vidéos. Le son, fort, avait cependant du mal à couvrir celui de la télévision, mais il s'ajoutait au brouhaha. Elle souriait en regardant les images. Elle parlait du cimetière où était enterré son père. De la ville où elle était née. Elle disait, tu vois, on peut tout faire avec ça. En parlant de son téléphone. On peut tout faire. Et cela la laissait songeuse.
Et puis j'ai entendu le bruit des vagues et elle a ajouté : toute la nuit, j'écoutais la mer.



07/01/2016

*Souhaiter*





















Nous pourrions apprivoiser l'abandon
Nous pourrions nous abandonner un peu plus
Nous pourrions cueillir des brindilles
Nous pourrions aspirer l'horizon
En 2016
Nous pourrions être heureux

*

En vrai, dans les boîtes aux lettres, mes voeux 2016 sont comme ça !

*

Je vous souhaite de nombreuses déambulations et du bonheur en pagaille....