20/12/2013

*Noter*


























Je ne sais pas quoi écrire ce matin
Je pars dans trop de directions
La saison est aux frissons

Alors je regarde mes notes.
Parfois je prends des notes dans des carnets
Parfois je prends des notes dans mon téléphone :
17/12 : Body Calvin Klein
13/12 : Je ne peux écrire que sur ce qui me traverse. Ou presque.
13/12 : Ne tirer que des conclusions négatives d'une expérience : Est-ce normal ? N'est-ce pas dommage ?
13/12 : Je ne sais pas combien de temps je vais me taire. Tout le reste de ma vie peut-être.
13/12 : Je voudrais toujours adoucir vos douleurs.
13/12 : J'entends le silence de tes larmes.
13/12 : Le disloquement du désarroi.
19/11 : Tango - Merc 25 sept - Merc 2 oct - Lundi 14 oct - Lundi 21 oct - Lundi 28 oct - Merc 13 nov
13/11 : Illustration Suzanne Coq
30/10 : Et puis finalement oui/Et puis finalement non/ Et puis finalement il va pleuvoir/ Tellement.
21/08 : Il est des histoires comme des mirages/Qui s'évaporent sans que l'on comprenne pourquoi
09/08 : Souvenirs : Les fleurs variées/Le Select/Cannes/Le buste/Le cellier/Petit vendeur métro
16/07 : Restons muets/Restons sur les grands axes/Restons morts/Restons dans nos souvenirs/Restons en rade/Restons sur le tapis/Restons ignorants


Je m'en vais velouter quelques jours
Je pars avec mon nouveau thermos dans mon sac
Et de l'à peine sous mon gilet

Pourvu qu'il ne fasse pas trop froid
La saison est aux frissons


Merci beaucoup pour les messages mails lettres si encourageants reçus ces dernières semaines.
Merci à l'anonyme aussi.


17/12/2013

*Velouter*































J'aime bien répéter

Sous mon pull
Je veux du léger
De la dentelle
De la tendresse
De la douceur
Du dessous chic
De la résille
De la soie
De l'ivoire
Du noir
De la mousseline
De l'à peine
Du transparent
De l'enivrant
Du troublant

Ou rien
Et ta main

15/12/2013

*Finir*

















Cette nuit-là
A chaque réveil
Je pense
Je pense à ce profond désarroi qui fait basculer
Je pense à ce profond désarroi dans lequel sombrent les proches de ceux qui basculent
Je pense à ce profond désarroi qui s'abat qui enveloppe parfois pour si peu
Parfois pour beaucoup
Parfois pour tellement
Je pense profond désarroi dans le silence de la nuit
Je pense silence
Profond
Profond silence
Désarroi

Et la chute
La violence de la chute
La violence de la chute dans le vide
L'irrémédiable chute
L'irrémédiable vide
L'irrémédiable douleur
L'irrémédiable questionnement
Et la chute

Le profond désarroi c'est parfois presque rien
Presque rien de très profond
Et puis la chute

Je pense à la chute
La violence de la chute
Le disloquement
Le disloquement du désarroi



















Je ne sais pas si c'est toi, le silence
Je ne sais pas si c'est moi, le silence
Mais c'est bien lui, le silence

C'est la fin de l'année
Pensées

















"-Je peux vous inviter à prendre un café ?
- Bien sûr que vous pouvez m'inviter à prendre un café..."
Accordons-nous l'évasion plutôt que le désarroi

C'est bientôt la fin de l'année
Toutes mes pensées



12/12/2013

*Arletter*



















Mémé Arlette ne faisait pas beaucoup la cuisine. Elle faisait de la soupe au vermicelle, ou de la soupe avec des lettres.
Mémé Arlette travaillait à la Poste. La petite Poste de la petite ville. C'est comme ça qu'un jour j'ai découvert que, quand on glissait une lettre dans la fente du mur, elle ne s'envolait pas, mais elle tombait dans une boîte, au fond d'un placard.
Mémé Arlette passait beaucoup de temps assise au bout de sa table en formica en tapotant dessus avec ses doigts.
Mémé Arlette regardait ses mains et disait, je ne voudrais pas les perdre, je n'ai de bien qu'elles.
Mémé Arlette portait des boucles d'oreilles à clip et du rouge à lèvres orange.
Mémé Arlette faisait beaucoup de collections.
Je n'ai jamais vu mémé Arlette en pantalon.
Mémé Arlette adorait les frites et les mangeait avec ses doigts.
Mémé Arlette faisait beaucoup de photos, surtout en nous faisant poser dans ses fleurs.
Mémé Arlette râlait derrière les voitures qui ne roulaient pas assez vite, et râlaient après celles qui la doublaient.
Mémé Arlette avait des petits pieds.
Mémé Arlette habitait rue de l'Echelle.
Mémé Arlette aimait partir en voyage avec ses amis des PTT et nous envoyer des cartes postales.
Mémé Arlette nous rapportait souvent des petits mouchoirs brodés de ses voyages.

Pour son dernier voyage, elle était si heureuse si pressée, qu'elle a couru dans la nuit sans regarder avant de traverser. Et la voiture allait sûrement trop vite aussi.
Mémé Arlette est tombée, percutée, sur la chaussée anthracite.
Mémé Arlette ne s'est jamais relevée pour prendre sa valise.

Mémé Arlette, j'aimerais pouvoir te dire, tu sais, j'aime beaucoup les capucines. Même dans les cheveux.

10/12/2013

*Capuciner*


















Elle me tient par la main et m'entraîne dans la petite ruelle qui monte à son jardin.
Elle est fière.
Je dois avoir quatre ou cinq ans, j'ai passé la nuit chez ma grand-mère, celle chez laquelle je dors le moins souvent.
Mémé Arlette.
Elle cueille une capucine bien orange et la glisse sous ma barrette.
Elle est fière de m'avoir et de me coiffer et de m'emmener à l'école.
Nous parcourons les six kilomètres dans la petite voiture.
Je ne me souviens pas des mots. J'aurais voulu lui dire non pour la capucine mais je ne dis jamais.
La cour est vide quand nous arrivons. Ils sont tous rentrés déjà. Nous sommes en retard à cause de cette capucine-là.
Elle frappe à la porte de ma classe, elle sourit, elle me pousse dans l'ouverture.
Tous les regards se tournent vers moi avec ma capucine sur la tête.
C'est mon premier souvenir du sentiment de honte.
Ce sentiment que je connais si bien.
Je suis une fille qui rougit pour rien.


07/12/2013

*Se complaire*



















J'ai redécouvert le plaisir des déambulations au Père Lachaise l'hiver. J'aime avancer dans les allées désertées. J'aime sillonner entre le silence des tombes. J'aime le bruit des pas sur les pavés. Le froid des pierres et de la mousse. Ma solitude dans ce lieu-là.

Sur une stèle, je remarque que cette femme, morte l'année de ma naissance, porte les mêmes nom et prénom que ma grand-mère. Plus loin, quelqu'un a dessiné sur une tombe un coeur avec des petits cailloux. Encore plus loin, plusieurs bruyères ont été jetées dans l'allée. Encore encore plus loin, les arbres immenses et une envolée de corbeaux. Encore encore encore plus loin, quelqu'un me demande où se trouve Jim. Encore encore encore encore plus loin, deux jeunes femmes cherchent Chopin. La fois précédente, c'est moi qui avais quadrillé la division 13 pour trouver Alain. En bordure, il m'avait dit le gardien. En bordure, oui. Juste en bordure.
Rendez-vous en bordure de la division 13 chez Alain, faudra se serrer comme une forêt vierge,  faudra se mêler de lianes infinies....

Je me suis perdue hier encore au Père Lachaise. J'aurais bien aimé que quelqu'un me retrouve. Je n'avais pas semé de cailloux.













Tu te complais dans cet état, me dit-il.
Je hausse les sourcils.
(Je pense, d'accord.)

Vous devez continuer à écrire, me dit l'un.
Je hausse les épaules.
(Je pense, il faudrait déjà que je commence.)

Vous allez bien ? me demande un autre.
Je hausse mon sourire.
Oui et vous ?
(Je pense, il est charmant.)

Tu passes à autre chose maintenant, me dit-elle.
Je hausse la moue.
Moui.
(Je pense, c'est dommage.)

J'aimerais bien qu'on sorte plus souvent tous les deux, me dit-il.
Je hausse la couette.
(Je pense, il m'aime toujours.)


Tiens, il paraît que c'est bientôt Noël. J'ai fait un sapin.

Allez voir par là aussi


04/12/2013

*Sillonner*






















J'ai pris l'habitude de fouiller dans le bac de livres à l'entrée du magasin. Des livres au rebut, affublés d'une énorme étiquette autocollante jaune avec 1,50 euros écrit dessus au marqueur.
J'en ai pris trois lundi.
Le premier, je le connaissais. Le Navire Night. Je l'ai relu dans la soirée. Son écho m'a allongée.
Le deuxième, je l'ai choisi juste parce qu'il y avait écrit sur la couverture "Bouleversante histoire d'un amour fou."
Le troisième, je l'ai pris pour son titre, La Faille.

Hier, dans le métro, j'ai regardé longuement les sillons de mon visage dans le reflet sur la vitre sombre. Je suis arrivée Porte de la Chapelle. Je devais aller Porte de la Villette. Je perds la tête. Je perds le chemin. Je perds la direction.

02/12/2013

*Dialoguer*






















Nous sommes assis face à face. Chacun sur une chaise. Derrière lui deux filles se tiennent debout. L'une d'elle filme.

Il me demande :
Quels sont les mots que vous aimez bien répéter ?
Je le regarde
J'aime beaucoup cette question
Je le regarde
Il y a un blanc
Long.
Il poursuit :
Moi, par exemple, j'aime bien dire entrecôte. Une belle entrecôte bien saignante, monsieur le boucher, s'il vous plaît !
Je dis, moi non, non moi, moi non ce n'est pas ça
Mais je ne dis rien de plus
Je bloque
Je sens que je ne peux pas répondre
Que je ne sais jamais répondre aux questions
Que je n'ai pas de répondant
Alors je dis :
Non, je ne vois pas

Aujourd'hui
(Car c'est de l'histoire ancienne)
Si je repassais cet entretien
Je répondrais :
J'aime bien dire mon amour























Il poursuit encore :
Vous vous sentez bien là ?
Je lui réponds :
Non, pas vraiment. Mes cheveux.
(Je pense à mes cheveux trop plats trop raides trop sages j'aurais dû les attacher. Je pense à ces petits talons ridicules qui font trop de bruit sur le parquet grinçant.)
Il me demande encore :
Qu'est-ce que vous voulez là, maintenant ?
Je le regarde dans les yeux et je réponds :
Le rôle de Blanche.
Silence.
Il me regarde
Je le regarde
Il me sourit
Je lui souris


29/11/2013

*Escalader*





















C'est une ascension
Un frisson
Des palpitations
Un début à l'envers
Un malaise
C'est une découverte
Une sorte de réveil
Un petit temps d'apnée
Une avancée les yeux fermés
C'est un à quoi bon
Une perdition
Une chose insensée
Un silence ressuscité
Une envie de suffoquer
C'est lire dans le noir
S'assommer de doutes
Insomniser la nuit
Hoqueter le jour
C'est je peux ?
C'est comme ça
C'est un baiser à l'aurore
Un autre au crépuscule
C'est une couverture
C'est une invitation
Un vertige
Un sourire invisible
Une halte
Avant la chute
Une respiration
C'est une dépendance
Une sorte de malchance
Ou une hypothétique chance
La promesse d'une caresse
C'est à la fois léger
Fragile
Indescriptible
Indicible
C'est adorablement adorable
Une adoration
Un élan
Un anéantissement
C'est une découverte
Un coup sur la tête
Un évanouissement
Un désir lancinant
C'est un manque
Une infinie attente
Une présence absente
Un mirage peut-être
Un miroir aux alouettes
C'est un plaisir
Un délice
Une épreuve
Une douleur
C'est une aberration
Une interdiction
Une exploration
Une addiction
Une petite chanson
C'est un gouffre
C'est une île
Une déraison
C'est le goût du désordre
C'est la peur du vide
C'est une cruelle certitude
Une évidence
Un besoin
Une envie
Le désir
D'un inatteignable baiser

27/11/2013

*Picorer*





















Souvent
Le matin
Je me perds dans la contemplation muette du moineau qui picore sur mon balcon les miettes tombées de la  nappe la veille
Je m'accorde la poursuite de cette longue rêverie en décalant mon regard sur le blanc du ciel
Je m'accorde des rêves infinis
Je m'accorde des fins heureuses

Ce doit être pour cela que je ne rêve plus la nuit

Les anges sont nombreux dans mes matins d'hiver.
(Merci beaucoup pour ce lien arrivé jusqu'à moi un matin silencieux.)

J'aime bien quand tu me picores. (Dessin original, vendu.)


25/11/2013

*Classer*




























J'aime bien quand Céline Saby aime mes photos sur Instagram. (C'est un peu la classe.)
J'aime bien me glisser dans des chaussures Patricia Blanchet. (C'est un peu la classe.)
Mais après, je ne sais pas quoi faire avec mes chaussures aux pieds.
Oui, je ne sais pas quoi faire avec la classe, ce n'est pas pratique pour courir, c'est embarrassant pour être triste, ça ne s'accorde pas à mon humeur ni avec le reste de moi.

A moins que
Ha oui
Je sais

Rendez-vous ce soir place Colette !
J'adore donner rendez-vous place Colette
J'adore dire "place Colette"
C'est un peu la classe
On se faufile ensuite par la petite rue jusqu'au petit bar
On fait trois pas de chats (de Colette) place Colette
On pense à elle
Trois pas de valse sur le trottoir désert
Trois petits baisers sous la lumière du réverbère
Et clic clac clic clic, les talons dans la nuit

22/11/2013

*S'étioler*


















Le vendredi, j'échange par mail avec un auteur sur l'importance du vide et du silence
Il me donne à réfléchir
Le dimanche
Ce n'était pas prévu
Je suis assise juste derrière lui à une lecture
Il ne le sait pas
Il ne me connaît pas
Je ne me présente pas
Je ne me sens pas présentable
Je sens que je suis muette

A la fin de la lecture
Je fuis
Immédiatement je me jette dans les bras du vide et du silence
Je cours
Et c'est bon












"Elle se demande encore où ce corps devrait être, où le mettre exactement, pour qu'il s'arrête de se plaindre."
Je voudrais vous te lire tant d'extraits du Ravissement de Lol V. Stein.

Il y a cette image d'une femme allongée la nuit dans le seigle, qui regarde les deux amants dans le carré de lumière de la fenêtre éclairée du château plongé dans l'obscurité. Je trouve cette image magnifique.
Et tout ce passage d'amour dans le train qui les mène au souvenir. Leurs mots. Leurs gestes. Leur retenue. Leur folie.
Je voudrais te vous lire les mots de Marguerite.
Et puis d'autres aussi...








Il y a peu de temps quelqu'un m'a "offert" un film à regarder.
Ce matin, j'ai reçu une chanson à écouter.
Je suis très émue par ça. Recevoir. Recevoir ce que vous avez envie de m'envoyer.

Je déborde de trop de mots/je ressens l'étiolement des choses/quand je marche j'ai envie d'écrire/quand je glisse aussi/le vent fait sourire mes souvenirs/le vent me fait sourire/le froid rend muette un peu mais c'est bien aussi

"Je vous cache des choses, c'est vrai. La nuit je rêve de vous dire. Mais avec le jour tout se calme. Je comprends." Lola V. Steiner.

Bon j'arrête. Je passe à autre chose. Promis. Un peu de vide, et c'est tout. (D.Darc)


21/11/2013

*S'enamourer*



























La névrosée de l'amour que je suis dessine un peu partout des petits cœurs noirs.
La névrosée de l'amour que je suis relit Le Ravissement de Lol V. Stein et s'en remplit.
La névrosée de l'amour que je suis se prend pour une héroïne de Duras en longeant la Seine et ses remous inspirants, ça allège, c'est étonnant.

S'enamourer, c'est un peu s'envelopper, se rouler dans, se couvrir, s'inonder, se réchauffer, se rassurer... d'amour, non ?

Et puis, à la page 130 :
"Encore une fois je crois que je pourrai m'arrêter là, m'en tenir là, l'avoir sous les yeux, simplement.
Sa vue seule m'effondre. Elle ne réclame aucune parole et elle pourrait supporter un silence indéfini. .../... Je me tais. Je dis :
- Je n'ai jamais attendu autant ce jour où il ne se passera rien."*

Les histoires où il ne se passe rien sont tristes parfois, mais sont belles aussi.
Souvent, dans les histoires que j'écris, il ne se passe rien. Mais rien, c'est un peu tellement.


Mon coeur.

*Le Ravissement de Lol V. Stein, M.Duras. (Magnifique.)

18/11/2013

*Lire*





















Je regarde et j'écoute les auteurs lire des extraits de leur roman.
J'aime leur voix, et la façon dont elle porte leurs mots.

Comme à chaque fois
Comme devant un spectacle de danse ou une pièce de théâtre ou un film au cinéma
J'ai envie, moi aussi
J'aimerais, moi aussi
Mais moi non. Ce n'est pas moi. Je ne peux pas probablement. Je n'ose pas assurément.

Je regarde et j'écoute les auteurs lire des extraits de leur roman et je pense à cette phrase par laquelle j'amorcerais ma lecture :

"Au début, à l'instant du commencement, ce n'est pas ton image qui m'a attirée."*

Je marquerais un blanc, là. Long.
Et vous m'écouteriez.
Vous voudriez connaître la suite.
Alors je continuerais, je vous lirais tout, jusqu'à la fin.
Il y aurait une voix-off aussi qui dirait mes pensées.
Il y aurait des photos projetées pendant la voix-off.
Il y aurait une danse aussi dans la pénombre. Un solo. Ou un duo.
Il y aurait mes larmes. C'est sûr. Elles sont là à chaque fois que je relis ce texte.

Si quelqu'un pouvait.
On peut toujours rêver.
On ne peut que rêver d'ailleurs.


*Première phrase d'une nouvelle écrite il y a très longtemps, Lettre à mon inconnu.


15/11/2013

*Se déplacer*
















Aujourd'hui, j'ai acheté trois livres et j'ai pris le tramway.
J'ai écrit trois petites choses dans mon carnet.
Je suis revenue à pied de la Porte de Versailles à Denfert-Rochereau.
J'ai pris un Vélib, le vent était fou.
J'ai pédalé dans la côte du boulevard Blanqui jusqu'à Place d'Italie, et je me suis laissée descendre sans pédaler jusqu'à la Seine.
Je portais une petite robe sous mon manteau.

Ce soir, demain et dimanche, je vais à la Maison de la Poésie.
Je vais écouter des mots et rentrer avec eux dans la nuit.

Petit réassort d'Arbre calendrier dans le magasin.



14/11/2013

*Conjuguer*





















J'apprivoise le silence
Je flirte avec l'ennui
Je m'allonge sur mes songes
J'avale ma mélancolie
Je caresse la tristesse
J'envisage la folie











Je lacustre mes plaines
Tu anticipes les blessures
Il encourage ma désinvolture
Nous chuchotons le désir
Vous effeuillez vos mensonges
Elles ondulent leurs incertitudes

Je comble mes failles de vide
Tu colmates tes béances d'amour
Elle inonde ses refrains de doutes
Vous susurrez des vérités jalouses
Nous semons des cailloux invisibles
Ils traversent d'un baiser l'infini

(J'aimerais à l'infini écrire. Peut-être à l'infini écrire des histoires d'amour.)

Dessin librement inspiré d'une photo d'Anne Millet (Encore !)




13/11/2013

*S'alanguir*



























Je me demande pourquoi j'aime tant marcher seule et parler à la nuit.

Et quand la nuit chuchote à mon oreille, je m'alanguis.
Je m'alanguis dans ses bras.
Je m'alanguis de plaisir.
Je m'alanguis de la nuit.


Sac Maud Terseur chez Nadja Carlotti.


11/11/2013

*Fondamentaliser*




















Tout s'est passé très vite
Je me faufilais
J'en oubliais de respirer

Il ne faisait même pas nuit
Je me défilais
J'ai oublié de le respirer

Le vent
















Sur le petit banc
Le vent
Tu m'as fauché trois petits mots très doux auxquels je tenais tant
Une toute minuscule phrase si touchante
Envolée
Evaporée
Oubliée

Tu me chahutais
Tu m'enlaçais
Tu m'ébouriffais
Tu me poussais
Le vent
Alors moi
Te respirer
Te respirer
Te respirer
J'ai oublié
Tellement


09/11/2013

*Refermer*





















Chez Fifi, j'ai appris la couleur, Fifi jongle tous les jours avec et j'en ai reçu plein de miettes, j'ai appris le travail, Fifi travaille beaucoup pour créer toutes ses fantaisies légères et gaies, j'ai appris qu'il ne fallait pas se décourager, Fifi ne se décourage jamais, elle enjambe ou contourne les obstacles avec élégance, avec le sourire, des jolies robes et les chaussures qui vont avec, j'ai compris qu'échanger sur nos idées (avec Fifi qui en fourmille !) c'était vraiment riche et entraînant, j'ai appris l'existence d'Illustrator, mais je suis restée accrochée à mon crayon et mes carnets, j'ai appris qu'on pouvait travailler dans un bel endroit, entourée de jolies choses et accompagnée d'une collègue adorable, j'ai appris à couper des cartes au massicot en riant aux blagues de miss Yeah Yeah, à faire des boucles, à saupoudrer des étoiles, à faire des tableaux Excel, à imprimer des fleurettes, à faire des factures, à compter les bons points, à imaginer des surprises, à faire des jolis colis, à maîtriser mon envie de bébé à chaque fois que je faisais un faire-part, à colorier le coeur des fleurs et les joues des filles, à ranger chaque chose dans une petite case, à jouer à la marchande en alignant les bocaux de badges, de coeurs et de cerises, j'ai compris que j'étais nulle en séries télé et que je ne comprenais rien aux références de mes deux acolytes (c'est incroyable mais je ne connais aucune série), j'ai compris aussi que j'étais nulle en blog de mode (mais je crois que ce n'est pas très grave), j'ai compris qu'on pouvait passer une journée à Londres en trio et que c'était vraiment agréable, j'ai appris à apprécier les Curly d'Emilie mais je n'aime toujours pas le Coca, j'ai compris qu'Emilie était arrivée à point, qu'elle sait tout faire très bien (peut-être parce qu'elle boit du Coca ?) et que c'était parfait car je commençais à défaillir (la vieillesse sûrement, tout va trop vite pour moi !), j'ai compris qu'Emilie était efficace et drôle et généreuse et sensible et intelligente et que ce n'est pas donné à tout le monde, j'ai compris qu'elle et Fifi  étaient un peu tristes que je parte mais qu'elles allaient très bien se débrouiller toutes les deux (et que je ne suis pas loin et que je peux revenir les jours de pochettes surprises quand ça déborde d'étoiles, de couleurs et d'étiquettes), j'ai compris que j'étais un peu triste aussi mais que j'avais besoin de papillonner beaucoup et qu'il me manquait du temps pour ça.... Alors j'ai refermé la petite porte de l'atelier et je suis partie avec mes cadeaux et mes cinq années que je ne suis pas prête d'oublier tant elles m'ont apporté.

Mon dernier périphérique était chargé de songes et silencieux, et la nuit pleine de points lumineux.

Maintenant c'est le vide autour de moi, mon vide si plein d'envies....
Je crois que je compte un peu sur vous. J'espère que vous serez toujours là.


Et puis vous savez quoi ? La dernière très jolie collection de Fifi (carnets, papier à origami, lumignonnes, paquets de cartes...) porte mon prénom. Alors là... émotion... Merci beaucoup Fifi ! (Bientôt dans sa boutique en ligne.)



07/11/2013

*Dédaigner*





















On me dit parfois que je suis froide
Je suis si droite
Je ne souris pas
Non, pas toujours
Et je ne vous dis pas tout (ce que j'ai entendu !)

A chaque fois, je pense à ça :
Hautaine, dédaigneuse, tandis qu'hurle le poste
De radio couvrant le silence du moteur
Elle fixe l'horizon et, l'esprit ailleurs
Semble tout ignorer des trottoirs que j'accoste

Je veux bien être hautaine et dédaigneuse comme ça
Comme la Vénus d'argent du radiateur
Du moment que je fixe l'horizon


Et pour ceux qui ne connaîtraient pas :
Melody
Pour l'occasion, j'ai réécouté l'album lundi après-midi... 
Monsieur Serge m'a tant appris.

Rien à voir, mais du nouveau par là.



06/11/2013

*S'enserrer*



















Je m'assoie dans le fauteuil.
J'aime comme il me sourit.

Docteur,
C'est ma cage
Ma cage thoracique
Qui se serre
Sur mon cœur


02/11/2013

*Abriter*






















Il s'est mis à pleuvoir assez fort
Je marchais
J'avançais sur le large trottoir
Je laissais la pluie tomber sur moi
Je n'avais pas le choix
Je laissais la pluie mouiller mes cheveux mon visage mon gilet mon dos mes jambes mes pieds

Je me suis arrêtée au feu
Le bonhomme était rouge
Je me suis arrêtée à l'entrée des bandes blanches
Et j'ai senti les gouttes pliquepoquer plus fort encore sur moi

Et puis soudain
En silence
Plus rien
Soudain
Au feu
La pluie s'est arrêtée de tomber

Un jeune homme était là
Qui se tenait tout près de moi
Et qui m'abritait de son parapluie noir

Je vous ai vue, me dit-il
Je vous ai vue sous la pluie
Vous allez où ?
Je lui souris
Là-bas
Il me sourit
Je vous accompagne

Et nous avons marché sur le trottoir trempé
La pluie continuait de tomber
J'étais charmantement abritée
Je ne disais rien
Il ne disait rien non plus
Et j'étais presque arrivée


25/10/2013

*S'imprimer*















Il y a cet endroit, après la fin du parvis, une bande plus foncée dans le bitume,  qui se ramollit au soleil. Je fais exprès, quand je passe, les jours de grand bleu, de marcher dessus, et je sens mon pied s'enfoncer légèrement, s'imprimer sur le sol. Et j'aime bien.

Il y a cet endroit, le parvis que je traverse si souvent. Le parvis de la BNF que j'aime traverser si souvent. J'aime l'espace et la possibilité de l'horizon. J'aime les courants d'air et l'harmonie des tons. Du ciel, du sol, de ce qui m'entoure. Il y a cet endroit du parvis où je tourne toujours la tête pour apercevoir les arbres qui se dénudent de l'autre côté de la Seine, cet endroit du parvis où l'on surgit quand on ressort de la salle de cinéma. On quitte l'ombre, on retrouve la lumière, ou la nuit. C'est à cet endroit qu'un jour, alors que je sortais des images de Wong Kar-Wai, je me suis dit, ce serait tellement bien de trouver un message sur mon téléphone juste à ce moment-là, à cet endroit-là. Mais il n'y avait rien. Il y a cet endroit du parvis où je me souviens de la tristesse de cet instant-là, de ma solitude, du vent dans mes cheveux, du froid qui s'engouffrait dans mon manteau ouvert, de mon regard qui se perdait au loin.

Il y a cet endroit sur le pont de Bercy, presque au carrefour mais pas encore, où j'ai été traversée un jour par un bonheur troublant. Un long sourire, sur tout le corps.

Il y a cet endroit de l'autre côté, un large trottoir assez peu emprunté, avec des fontaines en contrebas, que l'on aperçoit si on regarde par-dessus le muret. Il y a cet endroit où j'ai marché dans le soir en revenant sans arrêt sur mes pas pour ne pas avancer. Il y a cet endroit où j'ai téléphoné en souriant pendant plus d'une heure un dimanche soir à la fin de l'été.

Il y a cet endroit, la terrasse de ce café-là, à l'angle de la rue, où nous étions seuls un soir devant deux verres de vin, il était si tard, et où j'ai senti ta main caresser mon genou sous la table pour m'encourager. Je me souviens de ce geste si anodin mais tellement sincère qui m'a bouleversée.

Il y a cet endroit sous les voies du RER, une rue un peu sombre que j'emprunte régulièrement pour rejoindre et revenir de chez mon amie. Il y a, à cet endroit, le monsieur et sa maison en carton, et tout une panoplie de sensations qui se réveillent et me traversent quand je passe ici, tant j'y suis passée dans des états différents.

Il y a cet endroit, entre deux marches d'un des escaliers de Montmartre, où se sont imprimés le baiser furtif de ce garçon et ses envies de films en noir et blanc. Il y a le pont Caulaincourt à la suite. Oh là là le pont Caulaincourt...

Il y a cet endroit, avec d'autres escaliers. Ceux du centre commercial. Où je me suis assise un jour pour encaisser la nouvelle. Et où je suis restée sonnée. Un long moment.

Il y a cet endroit, au bout du passage Lepic, la petite porte marron sans intérêt, la suivante, légèrement en contrebas, et, derrière, le début de la grande histoire.

Il y a ces endroits, sur les quais, et les images qui s'enchaînent au fur et à mesure de mes promenades. Les images où je sautille de plus en plus haut et de plus en vite avec mes garçons et que nous rions si joyeusement. Les images de tango jusque si tard dans la nuit qu'il ne restait plus que nous le long de la Seine à danser sans rien dire. Les images de solitude aussi. Et d'orage.

Il y a cet endroit rue du faubourg Saint-Denis, où j'ai tant baladé ma jeunesse en passant si souvent devant chez ce petit fleuriste tunisien qui me tendait des roses et me serrait dans ses bras.

Il y a tant d'endroits.

Il y a lundi mon cavalier qui m'invite à prendre un verre chez lui après le cours.
Il y aura le souvenir de nos deux tasses sur la table et du petit morceau de papier que je roulais entre mes doigts en lui parlant.
Avant de partir, je lui dis :
- Je crois que je tiens un sujet de roman pour m'occuper cet hiver.
Il me répond :
- Mais tu es un roman à toi toute seule.
Je le regarde. Je marque un temps.
- Je ne comprends pas pourquoi tu dis ça ?


23/10/2013

*Répondre*

























Je n'aime pas remplir les formulaires car, depuis toujours, je ne sais pas quoi noter dans la case "Profession".
Je bloque.
Tout comme je n'aime pas qu'on me pose la question : "Qu'est-ce que vous faites dans la vie ?"
Je fuis.
C'est comme ça, je ne sais pas ce que je suis. Peut-être parce que je ne le suis pas encore complètement devenue.

En attendant, j'ai répondu à l'interview de la  douce Fibuline ici. Merci...

21/10/2013

*Anecdoter*






















Pour les deux derniers tangos de lundi, c'est un nouveau cavalier qui m'invite.
A la fin du premier tango, il me dit :
- Vous êtes une rebelle, vous.
- ?
- Essayons "fermé", vous voulez ?
Je m'exécute et colle mon buste au sien. Les pas se font plus petits, nos fronts s'effleurent. A la fin, je lui dis que j'ai plus l'impression de danser en "ouvert". Que "fermé", j'ai parfois l'impression de piétiner.
Il me dit que c'est bien justement. Puis il ajoute :
- Ne me regardez pas comme ça, vous allez me séduire.
Je ris.
(Et je ne vous dis pas ce que je lui ai répondu.)

Samedi, j'ai envie de marcher. Je vais m'acheter du thé chez mon marchand habituel.
- Je vais prendre 150g de Earl Grey fleur de Carthame. A moins que vous ayez un autre Earl Grey à me conseiller?
- C'est mon préféré aussi.
- Bon. Très bien alors.
J'ajoute :
- C'est étrange, en ce moment je n'apprécie plus le thé le matin.
- Ha ? C'est comme les amoureux, on se lasse.
Il m'interloque là. Il ne sourit même pas. Ses yeux sont très bleus.
- Oui, ça doit être ça. Mais je persiste, ça fait tellement longtemps que j'en bois que je ne vois pas ce que je pourrais boire à la place.
- Oui, quand ça fait plus de 10 ans, on réfléchit avant de passer à autre chose.
- Hum. Bon... Je vous dois combien ?

Je suis tombée sur le blog d'un auteur que je ne connaissais pas.
J'ai acheté son dernier livre.
J'ai envie de lui envoyer un petit mot. Je vais lui envoyer un petit mot. Je viens de lui envoyer un petit mot. (Ça me fait penser à ça. Mais c'est différent.)
Confronter les écritures. Ça donne de l'énergie parfois.
En même temps, évidemment, je ne me sens pas à sa hauteur.

Et puis en marchant, samedi, j'ai pensé aux endroits. A tous ces endroits où je passe souvent. A ces endroits où sont imprimés des tout petits souvenirs. Des sensations. Qui resurgissent.
Il faisait doux, je marchais le cou offert au vent, et j'écrivais en pensée le prochain papillonnage.

Tout à l'heure, j'étais assise sur un banc et j'ai reçu un long message de l'Arrosoir. J'ai cru que j'allais pleurer. J'ai respiré. Le ciel s'est assombri, le vent s'est levé, j'ai trouvé ça beau. J'ai marché vite sous les premières gouttes, les feuilles volaient partout, j'ai ri au téléphone en courant sur le quai, l'orage grondait mais il ne m'a pas rattrapée, cela aurait pu être encore plus gai.

Il ne fait pas froid. C'est parfait pour sortir le soir. Je vais sortir tous les soirs des vacances. J'ai envie de ça.

Tiens, il s'est arrêté de pleuvoir.




18/10/2013

*Deuxmillequatorzer*
























Ça y est, ils sont les nouveaux calendriers !
Le Marque-page, votre préféré. (J'espère que vous l'aimez toujours ?)
L'Accordéon, un petit nouveau. (J'espère que vous l'aimerez un peu ?)
L'Arbre, encore une petite fois. (J'espère que vous l'aimez encore ?)

J'ai trouvé un livre de poèmes d'amour pour emballer les premiers calendriers Marque-page...

Et puis, si vous cherchez un peu, il y a une ou deux autres toutes petites nouveautés dans le magasin...

16/10/2013

*Dégringoler*

























J'avais repéré un petit banc
Joli
Un petit banc parisien
Un petit banc public
Un petit banc vide
Un peu en retrait
Un peu sous un arbre
Un peu isolé
Un peu démodé
A peine disloqué
Je m'y voyais déjà

Un petit banc pour bouquiner
Un petit banc pour chuchoter
Un de ceux qui invitent à rêver
Qui incitent à fermer les paupières pour se dorer au soleil
Qui proposent de s'allonger même, pour regarder le ciel au travers du feuillage
Un petit banc qui aide à sourire aux passants
Qui rend même amoureux de temps en temps

Je m'y voyais déjà
Oui
J'en rêvais de ce petit banc de ce moment de cet instant de bonheur de cette caresse du vent
Alors
Je me suis élancée
J'en ai même ri de m'élancer
J'ai couru
J'ai sautillé
J'ai volé presque
C'était si léger cette idée
Elle était si douce l'image que je me faisais de moi sur ce petit banc-là

Mais j'ai couru trop vite
Et mon talon a dû heurter un pavé un trou une fissure une béance une branche
Et je suis tombée avant d'arriver
Aplatie sonnée disloquée décalquée sur les pavés

J'ai entendu une petite voix :
Papillon, on ne court pas avec des chaussures dorées et encore moins les yeux fermés...

D'accord, petite voix, je vais continuer nu-pieds.

C'est malin
Je suis tout égratignée
Je ne vais jamais y arriver


C'est la première fois que je vous ressors un vieux dessin, mais il s'y prête bien.


13/10/2013

*Entendre*


























Je suis sortie de mes papillonnages donc
Je n'aime pas trop ça
Je suis sortie de mes papillonnages et vous êtes venus me voir
J'ai entendu vos sourires j'ai pris du plaisir à les recevoir
J'ai entendu, j'adore votre univers
J'ai entendu, je vous imaginais exactement comme ça
J'ai entendu, vous devez être tellement épanouie dans ce que vous faites
J'ai entendu, parfois quand je lis votre blog je ne vais pas au bout c'est si triste si noir je ne peux pas je ferme
J'ai entendu des chuchotements sur le trottoir
J'ai entendu que vous n'aimiez pas les mots tristes
J'ai entendu, vous devriez faire des paquets de cartes de tout vos dessins
J'ai entendu, je suis tellement contente de vous rencontrer
J'ai entendu, ça me fait penser à Prévert
J'ai entendu, je vous aime
J'ai entendu, il lui faut beaucoup de lumière ?
J'ai entendu, ma fille est fan de vous
J'ai entendu, c'est vous qui dessinez et qui écrivez ?
J'ai entendu, j'adore tes chaussures (au moins dix fois)
J'ai entendu, tu as maigri ?
J'ai entendu, tu devrais communiquer sur ça
J'ai entendu, tu dessines avec quoi ?
J'ai entendu, votre trait est si personnel
J'ai entendu le vent en sortant dans le froid
J'ai entendu, je te dirai ce qu'il en pense mon mari
J'ai entendu, je le prends chaque année votre calendrier
J'ai entendu, quelle belle idée !
J'ai entendu, je t'appelle bientôt
J'ai entendu, celle-là est merveilleuse
J'ai entendu, vous avez des enfants ? Je vous imaginais seule dans une mansarde
J'ai entendu, vous avez une carte de visite ?
J'ai entendu, ils sont si juste vos petits accordéons
J'ai entendu, ça veut dire quoi "être une fleur bleue"
J'ai entendu, j'ai hâte
J'ai entendu la nuit
J'ai entendu le silence aussi
Je suis rentrée à pieds
J'ai marché avec mes pensées
Je me suis dit qu'il ne fallait plus que j'écrive des choses tristes mais j'aime tellement ça
Je me suis dit qu'il ne fallait plus que j'aie les idées grises mais je suis bien comme ça
Je me suis dit que je savais très bien sautiller aussi en chantonnant mais vous le savez déjà

Dessin extrait de la vitrine réalisée ce week-end pour la boutique éphémère.


08/10/2013

*Se répéter*




















J'ai dû attendre oui j'ai attendu je crois j'ai attendu oui j'ai dû attendre que quelqu'un me prenne par la taille j'ai attendu que quelqu'un me prenne par la taille me soulève me pose et me pousse sur une scène et me dise vas-y je t'écoute, dis, dis-le. J'ai attendu j'ai dû attendre j'ai attendu oui sans rien dire sans rien faire ou à peine un peu presque inerte j'ai attendu que quelqu'un me prenne par la main me tire un peu me dise surtout, vas-y, écris, dis-le, dis, tu peux. J'ai attendu oui j'ai dû attendre trop longtemps quoique à peine et pourtant tellement j'ai attendu que quelqu'un y croit à ma place me dise me pousse m'accompagne. Allez, vas-y, crache-le, dis-le, murmure-le, danse-le, mais fais-le. J'ai attendu oui je crois j'ai dû attendre il me semble il est si tard maintenant je ne sais plus vraiment si j'ai attendu tellement. C'est bien aussi peut-être de dessiner des fleurettes mais c'est pas pareil. Je ne sais pas. Je ne réfléchis pas tellement en fait.

C'est l'effet Pommerat peut-être cette noirceur. Quelle écriture, Pommerat, une riche découverte. (Du coup, j'y retourne.)
Une larme pour Patrice Chéreau et Christian Gailly. Christian Gailly, mon auteur fétiche je crois. J'ai un tout petit mot de lui quelque part....


06/10/2013

*Remarquer*




Je remarque que, dans mon écriture, j'utilise beaucoup l'adverbe tellement.
C'est parce que je l'aime tellement probablement.
Je remarque tellement d'autres choses aussi.


03/10/2013

*Avancer*


















J'ai reçu des messages inattendus à la suite de mon dernier papillonnage
J'ai reçu un souvenir magnifique depuis que j'ai à peine commencé à éparpiller les miens
J'ai reçu récemment deux livres d'adorables lectrices
Je reçois des choses qui me font sourire
Je ressens de la tristesse parfois aussi
Depuis le début de ce blog, j'avance sur un chemin que je n'avais pas imaginé emprunter
J'explore même quelques impasses
Je crois que je suis prête à tenter la difficulté
Je suis surtout prête à ce qu'il se passe des choses dont j'ignore encore les possibilités
On n'est pas là pour s'ennuyer quand même
Je compte sur vous

J'ai pédalé un peu vite sûrement
Une bouche d'égout peut-être
L'Arrosoir me dirait, elle
En tout cas le rouge Saint-Laurent s'est échappé du petit sac
Le rouge couture Saint-Laurent s'est envolé un instant
Le rouge passion Saint-Laurent s'est ouvert sans le vouloir
Le rouge baiser saint-Laurent a roulé sur le bitume avec un petit bruit troublant
J'ai dû freiner
J'ai dû me retourner
J'ai dû me pencher
J'ai ramassé le baiser
L'ai reglissé dans mon sac
Il y avait une petite trace rouge imprimée sur le gris de l'asphalte


Le 11 et le 12 octobre prochain, de charmantes personnes m'ont proposé de participer à la boutique éphémère d'octobre (42, rue Volta - Paris 3e). Je vais accrocher je crois des petits dessins au mur et me cacher derrière une feuille de Pilea Peperomioides. Les calendriers 2014 devraient être là. Il paraît aussi que je dois dessiner sur la vitrine. Nous verrons bien.

30/09/2013

*Développer*













Je cours pour arriver à l'heure à mon rendez-vous et, quand je commence à parler, je suis essoufflée.
J'admets que je suis dans une impasse mais que j'ai envie d'y être. Je passe une heure au téléphone avec mon amie assise sur un banc dans un jardin. J'achète une boîte de cartouches Lamy.












Je profite de mes passages sur le périphérique pour téléphoner. Quand j'ai terminé, je mets la musique très fort. La 4. La 7. Je repasse à la 4. Et j'avance à la 7.












Je prends un vélib à 9h30 et je pédale très vite le long de la Seine. Les pans du petit manteau jaune s'ouvrent de chaque côté de moi, j'ai l'impression de voler, d'être soudain beaucoup plus légère. Pédaler à Paris dans les courants d'air est certainement plus efficace que n'importe quel antidépresseur. A 11h30, je reprends un vélib pour faire le trajet dans l'autre sens, avec quatre salades maison de chez Minh Chau dans mon panier. Je bifurque, je virage, je file, je m'échappe, je souris, je me sens prête à proposer un café à ce petit clochard qui termine sa toilette sur le quai, à valser sur le pont en chantant une chanson, et à embrasser une horde de fantômes. Evidemment, je n'en fais rien, mais je me mets au travail avec le même entrain. Le soir, je me glisse dans ma robe anthracite puis dans la nuit puis dans mes chaussures vertes puis sur la parquet ciré puis dans les bras de mon cavalier. Face au miroir, nous faisons une ligne, je suis les pas du professeur. Il me dit, toi, c'est bon, tu l'as celui-là, développe maintenant. Bon. Penser à développer donc. Et puis, je lui dis plus tard, mais ce petit pas-là, il n'est pas guidé, ça doit être pour ça que je n'y arrive pas ? Il explose. Bien sûr, qu'il n'est pas guidé ! Improvise, bon sang ! Si tu attends tout de l'homme, tu vas t'ennuyer. (Evidement, mon dieu quel évidence ! Je n'aime pas "mon dieu" comme expression mais je ne trouve pas mieux là.) En résumé, penser à développer, improviser, et ne pas tout attendre des hommes.












Je ne veux pas me sevrer.
Le soir, une terrasse rigolote et puis, en rentrant, la 4 et la 7 et la 4 et la 7 un peu fort toujours mais à peine. Je comble le silence de la nuit.











Un malaise grandissant. Et puis... Non. Rien.
Le soir, je vais au bal, un bal pas perdu dans un endroit magnifique. Je m'assois dans la cour sous la végétation envahissante et je regarde les danseuses et leurs pieds magnifiques dans leurs talons aiguille, je regarde les danseuses et leur corps magnifique dans leur robe jolie, je regarde les danseurs enlacer les danseuses magnifiques et tanguer avec sensualité. Et je me désagrège doucement. Je danse peu. Je danse mal. Je me sens insignifiante. En plus ma robe est trop grande. Je rentre à pieds par les quais. J'aime bien rentrer à pieds par les quais.











Je lui achète un tee-shirt à 34 euros qu'il oublie dans le panier de son vélib. Bon. C'est un peu énervant. Mais ça me rappelle que j'ai trouvé une robe Vanessa Bruno juste à ma taille dans un vélib il y a quelques années et que j'étais très contente. Disons que les choses circulent.
Je suis pleine de quelque chose d'indicible.
Mon rendez-vous de 21h30 à Saint-Germain des Prés est très très très en retard. Je ne lui laisse aucune chance malgré ses 32 sms, je rentre. Cela m'aura permis toutefois une balade en solitaire dans les beaux quartiers. Et j'aime bien les balades en solitaire la nuit dans les beaux quartiers.












J'écris 15 fois Capucine, 15 fois Monnaie du Pape, 18 fois Pavot, 6 fois Nigelle, 7 fois Gueule de loup. Il me manque du papier pour terminer. J'avance sur mes calendriers. Je travaille toute la journée. Je doute toute la journée.
Je sens que j'aurais bien besoin de pédaler très vite dans un courant d'air.