26/07/2013

*Se reposer*

Un petit baiser sur vos yeux fermés...
A bientôt !

24/07/2013

*Franceinteriser*



















"L'amour ne naît, ne subsiste, que si une partie reste à conquérir."
Proust, La Prisonnière, 5e volume de La Recherche.

"... il n'y a d'intensité que de l'imaginaire... on imagine que ce qui est absent... l'illusion, c'est de prendre un besoin pour un désir..." Commentaires de Nicolas Grimaldi sur le désir chez Proust.

Hier soir, donc, le désir, chez Proust.

Ce soir, l'attente....

Demain, la jalousie !

Merci pour le lien, cher Toi.

23/07/2013

*Tanguer*



La nuit est très très très douce
Presque un peu trop
La nuit est très douce et sans écho.
Juste la lune
Pleine
Et le reflet des lampadaires sur la Seine.
J'ai enchaîné quelques tangos, nos semelles frottant la pierre, nos fronts moites, ventousés l'un à l'autre. Les petits pas qui tournent. Les talons dorés. Mes nuits d'été se ressemblent. Se ressemblent tellement. Il y avait longtemps pourtant.
Nous avons poussé nos sourires jusqu'à danser le rock dans le cirque voisin, puis un dernier tango buissonnier et léger en liberté sur les hauteurs, rieur. Il me raconte son amoureuse, un peu, je le sens lointain, et moi je ne dis rien, presque rien, je danse, c'est déjà bien.
Le matin, c'est le retour des vertiges légers quand j'ouvre les yeux
Le médecin dira que c'est l'anxiété
Après tout, il dit ce qu'il veut. Je n'irai pas le voir pour si peu.
Ça m'apprendra à vous écrire n'importe quoi.

Et puis il s'est mis à pleuvoir
Quelques gouttes
Moi aussi j'étais un peu lointaine je crois.





21/07/2013

*S'interrompre*



















Et cette chanson à la radio qui me surprend encore
Qui interrompt ma concentration mon application à avancer ma solitude de ce dimanche
Cette chanson qui s'impose
Cette chanson joyeuse cette chanson dansante
Je l'écoute sans bouger
Puis
A la fin
Je reprends mon crayon

Les rideaux se balancent dans le courant d'air
L'ombre de ma verdure sur leur pan
Vous êtes tous loin
Cela ne sert à rien de s'éterniser ici
Je retourne à mes lignes

Hier
Dans la nuit
J'ai bu de la bière debout sur un trottoir avec ma robe à collerette
Mais cela ne fait aucun doute
Je préfère manger des cerises
Debout sur une échelle
Avec ma robe à bretelles

Je repasse bientôt vous embrasser avant de m'en aller avec ma joyeuse troupe...

17/07/2013

*Virginiawoolfer*























Aujourd'hui j'ai déjeuné sous un lustre comme ça
J'ai des amis formidables
Je le savais déjà
Il m'a dit, viens, on t'emmène dans un restaurant secret
Et je me suis assise dans un salon
Et c'était gai et c'était bon























Hier au téléphone
Mon ami de 24 ans (il n'a pas 24 ans, non, je le connais depuis 24 ans, oui, c'est terrible, mais c'est tellement bien)
Il me dit
Mais toi, tu es une déclinaison de Virginia Woolf, tu ne peux pas accéder au bonheur
Ha
Bon
D'accord
Je prends la déclinaison
Virginia Woolf quand même...
Et après tout, le bonheur, on s'en fout
On a mieux à faire

















Et puis je prends un vélo ce soir
La robe verte qui s'envole
Ma préférée
La douceur de l'air
C'est délicieux Paris l'été
Je vois la toute petite fille s'approcher très près du bord du quai pour voir la Seine en bas
J'ai peur je ralentis c'est ma hantise un enfant qui tombe dans le noir profond de l'eau
Mais elle ne tombe pas, sa maman s'approche doucement derrière elle sans crier et la retient
Je continue
J'accélère
Je file
Je me délecte
Je passe un barrage, la rue est coupée
Et il m'interpelle
Mademoiselle ! (Oui, appelez-moi encore Mademoiselle...)
Mademoiselle !
Oui ?
Nous offrons Libération à tous les cyclistes
Ha ? Je croyais que vous alliez me dire que c'était interdit de passer par ici...
Mademoiselle... (hummm) Il est interdit d'interdire, vous le savez bien
Oui, d'ailleurs je ne m'interdis plus rien
Enfin
Presque
Merci !
Et je continue
Et la robe s'envole encore
Et c'est si bon l'air sur les jambes
Et c'est si bon la douceur de la nuit à venir
Et c'est si bon de les entendre rire
Et c'est si bon de rentrer dans cette galerie
Et c'est si bon de revoir cette petite dame-là en train de sourire
Et c'est si bon ce petit verre avec toi
Et c'est si bon d'envisager un tango
Et c'est si bon de rentrer et d'écrire tout ça

Je crois que c'est un petit peu ça le bonheur, non ?
Bon. Je ne vais pas tout de suite remplir mes poches de cailloux, promis.

15/07/2013

*S'occuper*




















Aujourd'hui je ne suis pas sortie.
J'ai commencé le projet des souvenirs éparpillés.
J'ai écrit ailleurs. Un peu.
J'ai lavé cinq draps et quatre taies d'oreillers.
J'ai rempli une dizaine d'arrosoirs et j'ai écouté le bruit de l'eau couler dans tous mes pots.
Je n'ai pas beaucoup mangé.
Je n'ai pas parlé.
J'ai lu à voix haute les choses que j'écrivais.
J'ai écouté un homme chanter.

14/07/2013

*Juilleter*





















Ça y est
C'est le jour et tout est calme
Une seule envie
Rester dans ce silence
Mes joyeux sont partis
Rester dans le silence
Et sombrer dans les béances de ma mélancolie

J'ai les ongles capucine et les jambes nues dans le rayon de soleil
Il me brûle, il me fait du bien
Tout m'émeut
Leur confiance étonnante
Sa main sur mon ventre
Leur confiance surprenante pour le rien que je suis
La beauté des filles
La douceur des hommes
De certains
L'immensité du vide et des tâches à accomplir
L'arbre aux papillons qui a poussé tout seul sur mon balcon

J'entends une petite musique dans le lointain
Je ferme les yeux
Je suis bien
Je les sens qui arrivent
Qui perlent aux coins
Je les retiens
Je les retiens
Je les retiens

J'ai du mal avec la brutalité
Je ne m'en remets pas de cette porte qui s'est refermée

09/07/2013

*Modernlover*















Il y a quelques jours, , j'écrivais ça :
"J'aimerais ressentir plus souvent au cinéma ce que j'ai ressenti en voyant Denis Lavant s'élancer sur David Bowie dans Mauvais Sang
J'aimerais m'élancer de la même façon."

Ce soir
J'ai vu au cinéma
Frances Ha s'élancer sur ce même morceau 
J'ai cru ne pas y croire
Une fille qui s'élance comme Denis Lavant et ce n'est pas moi
La belle référence
J'aurais tellement aimé la faire moi cette référence
J'ai pensé tant de fois à un scénario qui finirait comme ça
En une longue course ininterrompue
Une danse dans la rue
Une chanson qui transporte 
Un envol
Mais non
Ce n'était pas moi
Ce ne sera jamais moi
Je ne m'élance plus
Je n'ai même pas eu le courage de prendre un vélo pour rentrer
J'ai marché dans la douceur de la nuit en traînant les pieds
Je suis passée sous le pont et les néons bleus
Là où dort le monsieur qui s'est fait une maison en carton
Et j'ai pensé que j'écrirai ça en rentrant
C'est tout.

05/07/2013

*Malaxer*























88% de batterie sur mon téléphone à 10km/h sur le périphérique
Le silence de notre conversation aurait pu être immense
Mais
J'ai préféré me caler contre Alain
Je le connais si bien
Il a chanté très fort
Malaxe d'abord
Et puis la suite
Et puis trois fois la même
Qui est si belle
Et puis
Evidemment
Je me suis emplie de quelque chose d'étrange

Ce matin pour le chemin
J'ai choisi le gris des tunnels
Et j'ai lu ça :
"Aimez-les, vos amis, vos amours, aimez-les de toutes vos forces, mettez-y tout ce qu'il y a de plus beau en vous. Quand vous aurez mon âge, vous serez perdue, car peu de gens vous auront connue jeune et belle, vous serez pour tous une vieille dame."*
Il n'y a plus de temps à perdre, dans quelques jours je serai plus vieille encore
C'est inéluctable
C'est un traumatisme
C'est épouvantable
Presque perdue alors déjà
Bon
Dès que possible, donc, dès que possible.


*Simonetta Greggio, La douceur des hommes. Je n'en suis qu'à la page 36, je ne peux pas vous dire encore si c'est bien. Mais à la page 32, il y a ça : " La brutalité de la tendresse, voilà ce qui m'a fait défaillir, ma petite fille, toute ma vie." C'est déjà pas mal.

02/07/2013

*Défricher*

















A la septième ligne de la quarante-septième page du manuscrit abandonné il y a cette phrase :
"Au fond, quelqu’un qui  va très bien ne peut pas la séduire. Quelqu’un qui ne doute de rien non plus. Où sont ces failles à lui ? Ce sont sûrement elles qui la perdraient. Dans elles qu’elle aimerait se glisser."

J'apprivoise les similitudes en marchant pieds nus sur le parquet maintenant que les soirs commencent à ressembler à l'été
Je coupe toutes les marguerites fanées
J'aime le bruit des ciseaux
Le doux claquement des lames

Les fleurs sèches s'éparpillent sur les caillebotis
Je sais déjà que je vais aimer le bruit que fera le petit balai pour les rassembler
Je prends mon temps
Je repousse avec tous ces petits gestes le moment de me mettre à travailler

Et je ne me mets pas à travailler
Probablement que les manuscrits resteront en friche de longues années encore
Je pense chaque jour aussi aux souvenirs que j'ai promis de vous éparpiller
Je crains de passer l'été à contempler les riens et à ne rien faire du tout