29/11/2013

*Escalader*





















C'est une ascension
Un frisson
Des palpitations
Un début à l'envers
Un malaise
C'est une découverte
Une sorte de réveil
Un petit temps d'apnée
Une avancée les yeux fermés
C'est un à quoi bon
Une perdition
Une chose insensée
Un silence ressuscité
Une envie de suffoquer
C'est lire dans le noir
S'assommer de doutes
Insomniser la nuit
Hoqueter le jour
C'est je peux ?
C'est comme ça
C'est un baiser à l'aurore
Un autre au crépuscule
C'est une couverture
C'est une invitation
Un vertige
Un sourire invisible
Une halte
Avant la chute
Une respiration
C'est une dépendance
Une sorte de malchance
Ou une hypothétique chance
La promesse d'une caresse
C'est à la fois léger
Fragile
Indescriptible
Indicible
C'est adorablement adorable
Une adoration
Un élan
Un anéantissement
C'est une découverte
Un coup sur la tête
Un évanouissement
Un désir lancinant
C'est un manque
Une infinie attente
Une présence absente
Un mirage peut-être
Un miroir aux alouettes
C'est un plaisir
Un délice
Une épreuve
Une douleur
C'est une aberration
Une interdiction
Une exploration
Une addiction
Une petite chanson
C'est un gouffre
C'est une île
Une déraison
C'est le goût du désordre
C'est la peur du vide
C'est une cruelle certitude
Une évidence
Un besoin
Une envie
Le désir
D'un inatteignable baiser

27/11/2013

*Picorer*





















Souvent
Le matin
Je me perds dans la contemplation muette du moineau qui picore sur mon balcon les miettes tombées de la  nappe la veille
Je m'accorde la poursuite de cette longue rêverie en décalant mon regard sur le blanc du ciel
Je m'accorde des rêves infinis
Je m'accorde des fins heureuses

Ce doit être pour cela que je ne rêve plus la nuit

Les anges sont nombreux dans mes matins d'hiver.
(Merci beaucoup pour ce lien arrivé jusqu'à moi un matin silencieux.)

J'aime bien quand tu me picores. (Dessin original, vendu.)


25/11/2013

*Classer*




























J'aime bien quand Céline Saby aime mes photos sur Instagram. (C'est un peu la classe.)
J'aime bien me glisser dans des chaussures Patricia Blanchet. (C'est un peu la classe.)
Mais après, je ne sais pas quoi faire avec mes chaussures aux pieds.
Oui, je ne sais pas quoi faire avec la classe, ce n'est pas pratique pour courir, c'est embarrassant pour être triste, ça ne s'accorde pas à mon humeur ni avec le reste de moi.

A moins que
Ha oui
Je sais

Rendez-vous ce soir place Colette !
J'adore donner rendez-vous place Colette
J'adore dire "place Colette"
C'est un peu la classe
On se faufile ensuite par la petite rue jusqu'au petit bar
On fait trois pas de chats (de Colette) place Colette
On pense à elle
Trois pas de valse sur le trottoir désert
Trois petits baisers sous la lumière du réverbère
Et clic clac clic clic, les talons dans la nuit

22/11/2013

*S'étioler*


















Le vendredi, j'échange par mail avec un auteur sur l'importance du vide et du silence
Il me donne à réfléchir
Le dimanche
Ce n'était pas prévu
Je suis assise juste derrière lui à une lecture
Il ne le sait pas
Il ne me connaît pas
Je ne me présente pas
Je ne me sens pas présentable
Je sens que je suis muette

A la fin de la lecture
Je fuis
Immédiatement je me jette dans les bras du vide et du silence
Je cours
Et c'est bon












"Elle se demande encore où ce corps devrait être, où le mettre exactement, pour qu'il s'arrête de se plaindre."
Je voudrais vous te lire tant d'extraits du Ravissement de Lol V. Stein.

Il y a cette image d'une femme allongée la nuit dans le seigle, qui regarde les deux amants dans le carré de lumière de la fenêtre éclairée du château plongé dans l'obscurité. Je trouve cette image magnifique.
Et tout ce passage d'amour dans le train qui les mène au souvenir. Leurs mots. Leurs gestes. Leur retenue. Leur folie.
Je voudrais te vous lire les mots de Marguerite.
Et puis d'autres aussi...








Il y a peu de temps quelqu'un m'a "offert" un film à regarder.
Ce matin, j'ai reçu une chanson à écouter.
Je suis très émue par ça. Recevoir. Recevoir ce que vous avez envie de m'envoyer.

Je déborde de trop de mots/je ressens l'étiolement des choses/quand je marche j'ai envie d'écrire/quand je glisse aussi/le vent fait sourire mes souvenirs/le vent me fait sourire/le froid rend muette un peu mais c'est bien aussi

"Je vous cache des choses, c'est vrai. La nuit je rêve de vous dire. Mais avec le jour tout se calme. Je comprends." Lola V. Steiner.

Bon j'arrête. Je passe à autre chose. Promis. Un peu de vide, et c'est tout. (D.Darc)


21/11/2013

*S'enamourer*



























La névrosée de l'amour que je suis dessine un peu partout des petits cœurs noirs.
La névrosée de l'amour que je suis relit Le Ravissement de Lol V. Stein et s'en remplit.
La névrosée de l'amour que je suis se prend pour une héroïne de Duras en longeant la Seine et ses remous inspirants, ça allège, c'est étonnant.

S'enamourer, c'est un peu s'envelopper, se rouler dans, se couvrir, s'inonder, se réchauffer, se rassurer... d'amour, non ?

Et puis, à la page 130 :
"Encore une fois je crois que je pourrai m'arrêter là, m'en tenir là, l'avoir sous les yeux, simplement.
Sa vue seule m'effondre. Elle ne réclame aucune parole et elle pourrait supporter un silence indéfini. .../... Je me tais. Je dis :
- Je n'ai jamais attendu autant ce jour où il ne se passera rien."*

Les histoires où il ne se passe rien sont tristes parfois, mais sont belles aussi.
Souvent, dans les histoires que j'écris, il ne se passe rien. Mais rien, c'est un peu tellement.


Mon coeur.

*Le Ravissement de Lol V. Stein, M.Duras. (Magnifique.)

18/11/2013

*Lire*





















Je regarde et j'écoute les auteurs lire des extraits de leur roman.
J'aime leur voix, et la façon dont elle porte leurs mots.

Comme à chaque fois
Comme devant un spectacle de danse ou une pièce de théâtre ou un film au cinéma
J'ai envie, moi aussi
J'aimerais, moi aussi
Mais moi non. Ce n'est pas moi. Je ne peux pas probablement. Je n'ose pas assurément.

Je regarde et j'écoute les auteurs lire des extraits de leur roman et je pense à cette phrase par laquelle j'amorcerais ma lecture :

"Au début, à l'instant du commencement, ce n'est pas ton image qui m'a attirée."*

Je marquerais un blanc, là. Long.
Et vous m'écouteriez.
Vous voudriez connaître la suite.
Alors je continuerais, je vous lirais tout, jusqu'à la fin.
Il y aurait une voix-off aussi qui dirait mes pensées.
Il y aurait des photos projetées pendant la voix-off.
Il y aurait une danse aussi dans la pénombre. Un solo. Ou un duo.
Il y aurait mes larmes. C'est sûr. Elles sont là à chaque fois que je relis ce texte.

Si quelqu'un pouvait.
On peut toujours rêver.
On ne peut que rêver d'ailleurs.


*Première phrase d'une nouvelle écrite il y a très longtemps, Lettre à mon inconnu.


15/11/2013

*Se déplacer*
















Aujourd'hui, j'ai acheté trois livres et j'ai pris le tramway.
J'ai écrit trois petites choses dans mon carnet.
Je suis revenue à pied de la Porte de Versailles à Denfert-Rochereau.
J'ai pris un Vélib, le vent était fou.
J'ai pédalé dans la côte du boulevard Blanqui jusqu'à Place d'Italie, et je me suis laissée descendre sans pédaler jusqu'à la Seine.
Je portais une petite robe sous mon manteau.

Ce soir, demain et dimanche, je vais à la Maison de la Poésie.
Je vais écouter des mots et rentrer avec eux dans la nuit.

Petit réassort d'Arbre calendrier dans le magasin.



14/11/2013

*Conjuguer*





















J'apprivoise le silence
Je flirte avec l'ennui
Je m'allonge sur mes songes
J'avale ma mélancolie
Je caresse la tristesse
J'envisage la folie











Je lacustre mes plaines
Tu anticipes les blessures
Il encourage ma désinvolture
Nous chuchotons le désir
Vous effeuillez vos mensonges
Elles ondulent leurs incertitudes

Je comble mes failles de vide
Tu colmates tes béances d'amour
Elle inonde ses refrains de doutes
Vous susurrez des vérités jalouses
Nous semons des cailloux invisibles
Ils traversent d'un baiser l'infini

(J'aimerais à l'infini écrire. Peut-être à l'infini écrire des histoires d'amour.)

Dessin librement inspiré d'une photo d'Anne Millet (Encore !)




13/11/2013

*S'alanguir*



























Je me demande pourquoi j'aime tant marcher seule et parler à la nuit.

Et quand la nuit chuchote à mon oreille, je m'alanguis.
Je m'alanguis dans ses bras.
Je m'alanguis de plaisir.
Je m'alanguis de la nuit.


Sac Maud Terseur chez Nadja Carlotti.


11/11/2013

*Fondamentaliser*




















Tout s'est passé très vite
Je me faufilais
J'en oubliais de respirer

Il ne faisait même pas nuit
Je me défilais
J'ai oublié de le respirer

Le vent
















Sur le petit banc
Le vent
Tu m'as fauché trois petits mots très doux auxquels je tenais tant
Une toute minuscule phrase si touchante
Envolée
Evaporée
Oubliée

Tu me chahutais
Tu m'enlaçais
Tu m'ébouriffais
Tu me poussais
Le vent
Alors moi
Te respirer
Te respirer
Te respirer
J'ai oublié
Tellement


09/11/2013

*Refermer*





















Chez Fifi, j'ai appris la couleur, Fifi jongle tous les jours avec et j'en ai reçu plein de miettes, j'ai appris le travail, Fifi travaille beaucoup pour créer toutes ses fantaisies légères et gaies, j'ai appris qu'il ne fallait pas se décourager, Fifi ne se décourage jamais, elle enjambe ou contourne les obstacles avec élégance, avec le sourire, des jolies robes et les chaussures qui vont avec, j'ai compris qu'échanger sur nos idées (avec Fifi qui en fourmille !) c'était vraiment riche et entraînant, j'ai appris l'existence d'Illustrator, mais je suis restée accrochée à mon crayon et mes carnets, j'ai appris qu'on pouvait travailler dans un bel endroit, entourée de jolies choses et accompagnée d'une collègue adorable, j'ai appris à couper des cartes au massicot en riant aux blagues de miss Yeah Yeah, à faire des boucles, à saupoudrer des étoiles, à faire des tableaux Excel, à imprimer des fleurettes, à faire des factures, à compter les bons points, à imaginer des surprises, à faire des jolis colis, à maîtriser mon envie de bébé à chaque fois que je faisais un faire-part, à colorier le coeur des fleurs et les joues des filles, à ranger chaque chose dans une petite case, à jouer à la marchande en alignant les bocaux de badges, de coeurs et de cerises, j'ai compris que j'étais nulle en séries télé et que je ne comprenais rien aux références de mes deux acolytes (c'est incroyable mais je ne connais aucune série), j'ai compris aussi que j'étais nulle en blog de mode (mais je crois que ce n'est pas très grave), j'ai compris qu'on pouvait passer une journée à Londres en trio et que c'était vraiment agréable, j'ai appris à apprécier les Curly d'Emilie mais je n'aime toujours pas le Coca, j'ai compris qu'Emilie était arrivée à point, qu'elle sait tout faire très bien (peut-être parce qu'elle boit du Coca ?) et que c'était parfait car je commençais à défaillir (la vieillesse sûrement, tout va trop vite pour moi !), j'ai compris qu'Emilie était efficace et drôle et généreuse et sensible et intelligente et que ce n'est pas donné à tout le monde, j'ai compris qu'elle et Fifi  étaient un peu tristes que je parte mais qu'elles allaient très bien se débrouiller toutes les deux (et que je ne suis pas loin et que je peux revenir les jours de pochettes surprises quand ça déborde d'étoiles, de couleurs et d'étiquettes), j'ai compris que j'étais un peu triste aussi mais que j'avais besoin de papillonner beaucoup et qu'il me manquait du temps pour ça.... Alors j'ai refermé la petite porte de l'atelier et je suis partie avec mes cadeaux et mes cinq années que je ne suis pas prête d'oublier tant elles m'ont apporté.

Mon dernier périphérique était chargé de songes et silencieux, et la nuit pleine de points lumineux.

Maintenant c'est le vide autour de moi, mon vide si plein d'envies....
Je crois que je compte un peu sur vous. J'espère que vous serez toujours là.


Et puis vous savez quoi ? La dernière très jolie collection de Fifi (carnets, papier à origami, lumignonnes, paquets de cartes...) porte mon prénom. Alors là... émotion... Merci beaucoup Fifi ! (Bientôt dans sa boutique en ligne.)



07/11/2013

*Dédaigner*





















On me dit parfois que je suis froide
Je suis si droite
Je ne souris pas
Non, pas toujours
Et je ne vous dis pas tout (ce que j'ai entendu !)

A chaque fois, je pense à ça :
Hautaine, dédaigneuse, tandis qu'hurle le poste
De radio couvrant le silence du moteur
Elle fixe l'horizon et, l'esprit ailleurs
Semble tout ignorer des trottoirs que j'accoste

Je veux bien être hautaine et dédaigneuse comme ça
Comme la Vénus d'argent du radiateur
Du moment que je fixe l'horizon


Et pour ceux qui ne connaîtraient pas :
Melody
Pour l'occasion, j'ai réécouté l'album lundi après-midi... 
Monsieur Serge m'a tant appris.

Rien à voir, mais du nouveau par là.



06/11/2013

*S'enserrer*



















Je m'assoie dans le fauteuil.
J'aime comme il me sourit.

Docteur,
C'est ma cage
Ma cage thoracique
Qui se serre
Sur mon cœur


02/11/2013

*Abriter*






















Il s'est mis à pleuvoir assez fort
Je marchais
J'avançais sur le large trottoir
Je laissais la pluie tomber sur moi
Je n'avais pas le choix
Je laissais la pluie mouiller mes cheveux mon visage mon gilet mon dos mes jambes mes pieds

Je me suis arrêtée au feu
Le bonhomme était rouge
Je me suis arrêtée à l'entrée des bandes blanches
Et j'ai senti les gouttes pliquepoquer plus fort encore sur moi

Et puis soudain
En silence
Plus rien
Soudain
Au feu
La pluie s'est arrêtée de tomber

Un jeune homme était là
Qui se tenait tout près de moi
Et qui m'abritait de son parapluie noir

Je vous ai vue, me dit-il
Je vous ai vue sous la pluie
Vous allez où ?
Je lui souris
Là-bas
Il me sourit
Je vous accompagne

Et nous avons marché sur le trottoir trempé
La pluie continuait de tomber
J'étais charmantement abritée
Je ne disais rien
Il ne disait rien non plus
Et j'étais presque arrivée