28/04/2016

*Bruxeller*





La grêle subite s'est présentée à moi comme une nuée de plumetis blanc dans le vent glacé. Comme une folle nuée devant le vert immense et silencieux des marronniers devant le rose des derniers pétales d'un cerisier, une folle nuée enveloppant les statues de pierre du jardin. J'ai couru sous la grêle qui picorait la terre de l'allée, qui picorait le gris des marches et des pavés, j'ai enjambé, j'ai traversé, suspendue à mon parapluie désarçonné.
Ce sera mon souvenir premier de Bruxelles. La folle grêle piquante et lumineuse sur le vert tendre du printemps.


20/04/2016

*S'échapper*



































En juillet dernier, j'ai écrit :
Je ressens soudain le désir de vivre cette scène que j'imagine. La provoquer. Comme si j'allais faire en sorte de la vivre, pour le plaisir, ensuite, de l'écrire, dans ses moindres détails, dans ses plus infimes sensations.

Il y a plusieurs semaines, j'ai écrit :
Pourquoi les histoires ne seraient-elles romanesques que dans les livres ou dans les films ?

Il y a quelques jours, j'ai lu :
"J'ai commencé à faire de moi-même un être littéraire, quelqu'un qui vit les choses comme si elles devaient être écrites un jour."*

Ce matin, j'entends :
"Aussi loin que je remonte dans mes souvenirs, la frontière entre le réel et l'imaginaire a toujours été désespérément brouillée."**

*
J'ai vécu la scène imaginée. Elle se répète dans mon esprit. L'écriture viendra.
Je sens que c'est latent.
L'écriture latente. Celle qui coule en flot incessant dans mes pensées. Celle qui s'évapore dans mes rêveries.

*
En attendant. S'échapper.


*Mémoire de fille - Annie Ernaux.
** Roman Polanski.


11/04/2016

*Pépier*























A quatre heures et demie ce matin
Ce n'était pas vraiment l'aube
Pourtant
J'entendais pépier gaiement les oiseaux

Je ne vois pas ce que je pourrais écrire d'aussi joli
Que tout ce qu'ils se disaient dans le silence de ma nuit



04/04/2016

*Baluchoner*



















J'ai commencé par le dessin. Une série du même bouquet. La répétition. Un dimanche.
La pluie et le vent ont couché le seul narcisse qui avait fleuri sur mon balcon. Je l'ai recueilli. La pluie et le vent ne m'ont pas atteint. Il y avait son parfum.
J'ai annoté au crayon de couleur des vieilles pages de dictionnaire.
Je sens que je ne sais pas atteindre.
J'ai imprimé quelques-unes de mes photos. Toutes petites.
Je fais toujours les choses toutes petites.
Il faudrait que je m'analyse.
J'ai écrit derrière une phrase se rapportant à la photo.
Les photos se mêlent à nos souvenirs et s'inventent des histoires. Vous inventerez celle de la photo en noir et blanc.
J'ai écrit le secret numéro 6. Les cinq premiers sont loin déjà. Celui-ci est peut-être différent. C'est un secret poétique.

Qu'est-ce que vous faites dans la vie ? J'écris des secrets, et je les couds dans des petits morceaux de tissu. Avec mes chagrins.
Tout ça, ce n'est rien, et j'en ai fait un petit baluchon.

Rien à voir avec cette liste de noms que j'ai écrit hier dans mon carnet en visitant une exposition.
C'est parce qu'elle m'a dit que je dessinais trop de fleurs.
(Sourire pour toi.)