28/04/2013

*Fourmiller*



















Mes nouvelles chaussures sont trop grandes, je les perds dans les allées
Je n'aime pas mon nouveau pull pardon madame voulez-vous bien me le changer ?
(J'ai peur de lui demander)
Le silence est très grand tout est immobile j'en avais très envie mais quand même c'est trop immense il faudrait que tu m'invites
J'ai tant de difficulté à m'exprimer que je préfère me taire de toute façon il y a peu d'oreilles
Il faut que je range il faut que j'aspire je ne comprends pas d'où vient cette petite fourmi qui tourne depuis deux heures autour de mon ordinateur
Ma jolie robe verte a rétréci au lavage c'est affreux
Tout à l'heure
J'ai entendu Anne Alvaro à la radio
J'ai entendu avec ravissement Anne Alvaro lire un extrait du Ravissement de Lol V Stein je vais le relire dès ce soir
Il faudrait que je sorte
Il faudrait que je sorte me ravir
J'ai imaginé une promenade au musée
Ou bien alors
Il faudrait que je me mette à mes souvenirs
J'ai trouvé des feuilles grises pour vous les éparpiller
Il me faut toujours un peu de temps pour démarrer
Tout ça parce que je contemple les fourmis qui sont deux maintenant
Et par la fenêtre les giroflées qui me mettent du jaune au coeur
Et puis ce silence
Ce silence qui me retient de tout
Qui m'enveloppe qui m'enserre qui me serre même
Chuuutttt

En résumé
Si vous croisez une fille avec une robe verte très courte et un pull moche, qui perd ses chaussures et qui noircit des feuilles grises au musée, c'est moi.

La troisième machine de la journée a fini d'essorer et je commence juste à me réchauffer.


21/04/2013

*Marmonner*










































































Et quand tu vois que les Kids de Comme on nous parle ont vingt ans...
Hum.
(Soupir.)

14/04/2013

*Se retrouver*




















Il a choisi ce jour pour refaire surface
Nous étions un peu maladroits
Ce n'est jamais simple les retrouvailles
Je l'ai laissé faire
Il m'a caressée
J'ai beaucoup rougi

Le soleil et moi nous sommes retrouvés
Après de longs mois de bouderie


10/04/2013

*S'habiller*


















Je dessine des petits habits car il me semble de plus en plus évident que je n'en achèterai plus.

J'ai reçu de nombreuses adresses
Merci beaucoup
Pourvu que je n'oublie pas mes souvenirs !

Aujourd'hui
Puisque le printemps boude toujours
J'ai trouvé de quoi me couvrir de fleurs...

Les petits habits


06/04/2013

*Scarletter*















Je suis tombée dans l'escalier
Trop pressée que j'étais de rattraper ce souvenir
Je suis tombée dans l'escalier
Je courais après les mots que je voulais écrire
Je suis tombée sans élégance
Et le petit carnet que je venais de retrouver a voltigé sur le parquet
Je suis tombée, j'ai dérapé sur les trois dernières marches
Et j'ai vu la lettre manuscrite s'échapper des pages
J'ai dit aïe j'ai dit oh j'ai pensé est-ce que je suis cassée est-ce que mon souvenir est perdu où est mon carnet ?
Puis j'ai tout rassemblé et tout était là
Intact
Le carnet avec tous les rendez-vous notés de ces amoureux-là
L'unique lettre manuscrite dont le papier a perdu son parfum d'Arménie
Elle sent le renfermé désormais
Je vais l'aérer la déplier la relire replonger
Et puis mon souvenir
Mon souvenir qui surgit à chaque fois que je me retrouve dans un couloir de métro vide
Mon souvenir du gris uni
La couleur anthracite du sol et le contraste avec les carreaux blancs
J'aime le gris j'aime ce gris j'aime inventer des histoires ici
J'aime l'espace qui donne à s'élancer s'il n'y a personne pour vous en empêcher

Pour ce premier rendez-vous je filais, entraînée par la courbe
Je glissais dans le gris du couloir désert je m'élançais j'étais en liberté
Elle était si chic si délicate si charmante cette invitation-là
Je débouchai sur le quai il m'attendait
Il m'attendait pour m'entraîner dans un vieux cinéma
Du noir et blanc
De l'Hollywood
Sylvia Scarlett
Nous étions deux presque inconnus
Aimantés par surprise
Je ne me souviens pas vraiment du film
Juste de nos mains qui se cherchaient
Se frôlaient dans l'obscurité

C'était le premier rendez-vous
Le deuxième est
Je ne sais pas si je vous dirai le troisième
Car ça pince et ça caresse en même temps les souvenirs de vingt ans

J'ai une idée soudaine, comptez les souris cachées, dites-moi combien, et celui ou celle qui me donnera le bon nombre et me glissera son adresse postale (en secret) recevra un souvenir manuscrit plié en quatre dans une lettre. Ce serait comme un nouveau projet : les souvenirs éparpillés.

02/04/2013

*Censurer*





















Je me censure tellement que cela devient compliqué d'écrire. Il faut que je trouve une solution.


Ce week-end, je ne suis pas sortie
Je n'ai pas été à la campagne
Je n'ai pas photographié les œufs en chocolat
Ni les premières violettes que je n'ai pas vues.


Je viens d'effacer vingt lignes que vous ne lirez pas.
Dimanche, j'ai travaillé sur mon magasin. (J'aimerais bien qu'il vous plaise.)

Depuis mardi j'avais très envie de dessiner cette primevère que j'adore.
Je me demande pourquoi vous ne m'écrivez plus mais au fond cela ne m'étonne pas.

Dans le métro, j'entends cette jeune fille qui se confie à son amie au téléphone : "Oui, tu vois, il était énervé, on s'est pris la tête mais je crois qu'on est toujours ensemble."
On n'est jamais sûr de rien.

Ma première giroflée a éclos. Jeanine aimait beaucoup leur parfum.