30/03/2015

*Croquer*

































Elle m'a proposé des chaussures Dior pour me fondre dans le décor
J'ai préféré garder mes souliers, je n'aurais pas voulu trébucher

J'ai assuré le chignon les lèvres rougebaiser les ongles peints et la robe ajustée
Et j'ai monté les marches de l'hôtel particulier

J'ai frôlé les pampilles les bouquets généreux, accepté la coupe les bulles la chips délicate la luxueuse évasion
Juste avant de sentir avec émotion mes talons s'enfoncer dans la moquette épaisse et écrue du bureau de monsieur Yves

J'ai avalé les croquis les croquis croquants croqués et magnifiques la grâce des robes à venir les échantillons de tissu épinglés
Je me suis sentie inspirée soudain par ce trait libre et élégant du très talentueux Yves Saint-Laurent

Et me glisser dans toutes les robes
Toutes les robes
Toutes les robes les chaussures les drapés
Juste un instant onduler en pensée
Juste un instant
Un instant seulement
Un instant
Seulement
Un instant plaisir plaisant tellement

Après
Après
Ça rigole
Ça divague
Ça rêvasse
Puis ça dégringole
J'en suis où moi déjà ?

Et puis
Revenir et sautiller dans la nuit avec le sac qui brille, c'est aussi croiser les hommes et les femmes qui dorment sur l'anthracite des trottoirs ou au-dessus du souffle chaud d'une bouche de métro
Emmitouflés
Recroquevillés
Oubliés

Alors


Dessin : modeste gribouillage inspirée par l'exposition Yves Saint-Laurent 1971



23/03/2015

*Morceler*































Je ressens les morceaux les bribes l'étiolement
Je ressens l'espace le vide l'immensité le vertige
D'un côté, le mur
De l'autre, le précipice
J'entends mes répétitions
J'entends mes lamentations
J'entends mes rengaines
J'entends mes doutes
J'entends mes certitudes

Je ressens le disloquement
Je ressens l'éparpillement
Je ressens le vieillissement
Je ressens l'anéantissement

Je ressens le léger aussi
Si si
Le léger
J'aime
J'aime le léger
Le léger du baiser sur la nuque
Celui du vent sous les jupes
Des mots volatiles et éphémères
Des mots qui volent dans les airs

J'appréhende la chute
Cependant
J'appréhende le renversement
Le lent renversement
Alors que je veux j'attends je guette le bouleversement
Le bouleversant bouleversement

J'aimerais que quelqu'un m'attrape me rattrape
J'aimais bien quand vous saviez et que je ne savais pas.

*

Alors oui c'est vrai il me manque encore les chaussures vertes pour avoir le pied léger
J'ai trouvé des jaunes je vais essayer de sautiller avec
Pour voir

*

Ce que j'aime, c'est te dire n'importe quoi et te voir rire et rire avec toi.

*

Mais voyons, amusez-moi !

*

Sinon vendredi, j'ai décoré une nouvelle vitrine.


19/03/2015

*Croustiller*






















Ça commence par la tartine quand l'appétit le veut bien
Et le grand bol
Puis quand la porte s'est claquée trois fois
C'est le silence qui s'installe avec ses bruits
Je ne vous dresse pas la liste
La radio m'accompagne mais je m'évade je décroche je divague

J'ai envie d'une petite folie

Tout de suite
J'aime les rituels mais j'aime aussi quand ça croustille
Tu viens ?
J'aimerais bien t'entendre ce matin...


Et puis avec le code PAPILLON, les frais d'expédition sont offerts pour vos commandes jusqu'à dimanche.



16/03/2015

*Cygner*


Les petits pas les petits pas les petits pas des petits rats
Un nuage de cygnes blancs qui ondule qui avance qui recule
J'ai le tournis le vertige la larme facile
Le tutu de travers
Le froufrou à l'envers
La nostalgie tsunami
La ride amère
Le regret éternel

*

Ce matin, il y a un rayon de soleil sur l'anémone rouge. Le pétale s'éclaire. Mon regard le traverse.
La première gorgée me brûle. Je pense à tous ces renoncements. Je pense au renoncement. A l'abandon. Je ne digère pas les regrets. Je ne sais pas combler les manques. J'attends. Je me résous maladroitement. Je ne me résous pas, au fond. Mais je sens que je renonce. Toujours.
Et renoncer, c'est s'éteindre un peu.

*

Il y a aussi les petites fleurs blanches. Avec l'anémone. Les raies et les taches de soleil. Sur le parquet.
Et, dans le silence, tout ce que je n'ai pas dit à temps.



13/03/2015

*Salader*



























Un, je sème
Deux, j'arrose
Trois, je patiente au soleil
Quatre, j'admire les petites pousses
Cinq, je coupe sur mes salades des herbes toutes fraîches...

Basilic, Coriandre, Ciboulette, des nouvelles cartes à semer, à s'offrir, à envoyer à vos amis...

Et vous pouvez également trouver les cartes en allant vous régaler chez Maison Bastille, car c'est avec elle que nous les avons imaginées pour vous !


11/03/2015

*S'habituer*




























Je continue à dessiner des petits bouquets
Maïa me cloue à ma chaise
Ça tombe bien

*

Ce matin, Claude avait un souci alors, en faisant mon café, il a appelé sa femme et il a dit, comment ça va mon chéri, tu sais mon chéri ce qu'on va faire, eh bien mon chéri tu vas appeler ton copain et tu vas lui dire de venir...
Et moi j'admirais Le Mépris de Moravia que je venais de trouver pour trois euros dans une vieille édition de poche et j'adore ces livres à la tranche des pages en couleur celles-là sont d'un bleu d'un bleu très joli et la quatrième de couverture merveilleuse bref ça m'a donné cinq minutes de bonheur futile avant le retour aux vagabondages de mes pensées dans le labyrinthe sombre de mon cerveau je me demande si vous me suivez.
Et Claude il m'a dit Ciao !
Il se relâche chaque fois un peu plus, Claude. A moins que ce soit moi qui devienne une habituée.


09/03/2015

*Bouqueter*




Cette première journée printanière m'a donné envie de petits bouquets de brins
De brins d'herbes
De brins de fleurs
De fleurettes
De petites feuilles
De pâquerettes

Mais Paris manque de petits chemins pour cueillir des brins
Je vais en dessiner quelques-uns
Des petits bouquets
Et nous verrons bien

*

Claude
Je vous ai déjà parlé de Claude
C'est le barman du zing en bois
Celui à qui je ne parle pas
Eh bien mardi dernier
Il s'est détendu le Claude
Il m'a glissé
"Voilà Miss"
En posant devant moi mon allongé
(J'aime bien Miss. Même si je n'aime pas Claude.)

*

J'ai envie de chaussures vertes
De robes à plis
De cheveux plus gais
D'éclats de rire
J'ai envie de ce sofa
De mes pieds nus repliés sous moi
De mes pieds nus glissés sous toi
De mes pieds nus dans l'herbe
Sur le parquet
Dans mes chaussures
Vertes
Ou dans tes mains
Tiens

*

J'ai envie d'une bouche framboise
Du cou d'un cygne autour de moi

*

Un petit mot. Là.




03/03/2015

*Accueillir*




C'est souvent les mots
D'abord
Mais il arrive parfois que ce soit
Le dessin.

Celui-ci traîne depuis quelques jours à côté de moi

Il est mon envie d'un endroit
D'un rez-de-chaussée à la porte vitrée
Gondolée
Ouvrant sur un jardin
Une cour pavée

Je pourrais dans cet endroit installer un sofa fleuri
Un lustre à pampilles
Et je vous accueillerais dans ma désuétude
Dans mon abandon
Nous pourrions nous sourire

Mais je n'ai pas cet endroit
Et mon vernis s'écaille
Tiens
Ce matin