31/01/2014

*Déballer* #4




















Déballage de bibliothèque à la manière de Pas la peine de crier, la suite.
J'avais envie de vous parler de Christian Oster. Si j'ai un peu tardé, c'est que je ne retrouvais pas le titre dont je voulais vous lire un extrait. Alors je l'ai racheté. Et je l'ai relu. Et je l'ai encore beaucoup apprécié ressenti aimé ri.

J'aime cette écriture, ces phrases infinies qui sont comme une exploration des méandres de nos pensées parfois si compliquées pour presque rien. Ou presque tout.
J'aurais voulu vous lire la page 18, la 53, la 62, la 63, la 64, la 66, la 74, la 86, la 103, la 114, la 115, la 116, la 117, la 148, la 149....

Je vous lis finalement cet extrait-là.
Et puis non, à 00h47 vendredi soir, je change d'extrait. Pardon. Indécise toujours.
Dans le train, Christian Oster.













Je crois que je vais bientôt prendre un train.
Mais en attendant, Marie Richeux me rappelle de choisir un morceau de musique pour poursuivre cette lecture.
Et je choisis ça.  (Un peu hésité aussi avec la 7 ou la 10. Pour ceux qui suivent le fil tordu de ce blog.)

29/01/2014

*S'aérer*



Je suis sortie pour aller chercher du thé et des enveloppes, je n'ai pas trouvé les enveloppes j'ai oublié le
thé et j'ai acheté des chaussures.
En rentrant je me suis dit je vais descendre sur les quais et faire une photo de l'endroit.
J'ai fait la photo. J'ai hésité.
Non c'était plus loin c'était là-bas un peu plus loin oui je reconnais la bande d'herbe et la petite marche. Mais il y avait un chien qui tournait, deux mêmes, des gens qui me gênaient.
Je reviendrai, je me suis dit.
Je me suis retournée et un garçon avec un skate sous le bras et un sac à dos orange m'a dit est-ce que je peux vous prendre en photo et j'ai dit oh non et j'ai pensé j'ai dû mal comprendre il avait un petit accent alors je lui ai dit vous voulez que je vous prenne en photo devant la Seine ? Non, il m'a répondu, est-ce que je peux faire une photo de vous ? Ben non. Je préfère demander avant, il a ajouté. Ben oui. Je me suis dit, quelle idée bizarre.
Et j'ai continué.
Il y avait plein d'oiseaux dans le ciel je les ai comptés.
Je suis passée sous le pont un peu sombre où la petite radio d'un monsieur sans maison grésillait Alexandri Alexandra. J'ai senti que nous n'avions pas l'humeur à danser tous les deux. On en a profité pour se regarder un peu.
Après le pont d'Austerlitz, les mouettes se sont mises à tourner en criant dans le ciel blanc.
Plus loin les premières gouttes et mon parapluie qui se retourne Pffffffff c'est le courant d'air qui passe qui m'enlace qui me pousse qui m'enroule, vous êtes éteinte, me chuchote-t-il, que se passe-il vous ne pouvez pas rester comme ça venez avec moi.
Oui, je lui souris, oui,  je lui cours, oui, je lui avoue, éteinte, c'est exactement ça, et non, je ne peux pas rester comme ça mais vous voyez je compte sur mes nouvelles chaussures elles brillent. Regardez comme je peux sautiller enjamber tiquetaquer voler avec des paillettes aux pieds !
Et le courant d'air me souffle encore, oui, c'est parfait, venez...
Il passe ses grands bras autour de moi et me chuchote quelque chose de très doux de charmant d'époustouflant.
Je le regarde (et regarder un courant d'air, quelle histoire !) je le regarde et je lui demande, vous croyez vraiment ?
Evidemment.
Je vous adore je vous adore ! (Et même je l'embrasse.)
Et là je m'accroche à lui et à mon parapluie et nous survolons la Seine Vincennes les nuages les mirages l'infini...


25/01/2014

*Déballer*#3





















Je me traîne depuis vingt la Lettre à mon inconnu que j'élague un peu à chaque relecture et sur laquelle je pleure aussi à chaque relecture.

Je relis aussi régulièrement la Lettre d'une inconnue de Stephan Zweig, vous la connaissez sûrement, mais c'est elle que je choisis quand même de sortir aujourd'hui de ma bibliothèque pour vous en lire un extrait.
Hier, j'ai relu les deux lettres, la mienne, et la sienne.
Hier, il y a eu des larmes donc.
Hier, je me suis demandé si un homme pouvait s'abandonner ainsi pour une femme.
Hier, je me suis dit, c'est un homme qui a écrit ce texte pourtant.
Hier, j'ai parlé à une comédienne qui a mis en scène et joué cette lettre pendant huit ans. Elle a fini par arrêter car cela la rendait malade.
Hier, cette comédienne m'a dit, j'espère que tu me donneras ta lettre à lire bientôt.
Hier, j'ai pensé que je n'y arriverai pas.

Je lis pour vous un court extrait de la Lettre d'une inconnue :


Et pour accompagner ce texte, je crois que cette chanson est parfaite.



23/01/2014

*Déballer*#2



























Comme promis, la suite du déballage de ma bibliothèque pour mon Pas la peine de crier fictif.
Le deuxième auteur que je retire des étagères,
Fabrice Melquiot.

J'ai découvert Fabrice Melquiot en allant voir un spectacle de danse de Marion Levy, En somme, dont il avait écrit le texte. (Très beau spectacle sur le sommeil.)
J'ai voulu lire autre chose.
Je suis tombée sur un petit recueil de trois monologues qui m'a attirée par son titre : C'est ainsi mon amour que j'appris ma blessure.

C'est du dernier monologue L'Actrice empruntée dont je vais vous lire un extrait.
J'aurais adoré travailler ce texte au théâtre. Mais je ne fais plus de théâtre.
Je crois que j'atteindrai mon rêve de théâtre quand je serai morte puisque, vivante, je suis quelqu'un qui n'ose pas.

En attendant, je lis, un tout petit morceau. Vous m'entendez ?












Là, on laisse un silence.
Cette dernière phrase le mérite. Cette dernière phrase doit résonner un peu.

Puis Marie Richeux me demande, quelle musique vous choisissez pour aller après ce texte ?
J'ai toujours du mal à choisir, mais celle-là. Un peu fort le son, je crois que ce sera bien.
Et vous pouvez même danser.

22/01/2014

*Déballer* #1



















Dés que je peux, j'écoute Pas la peine de crier sur France Culture.
Chaque semaine, dans une des rubriques, un comédien ou une comédienne "déballe" sa bibliothèque, cinq jours de suite, un auteur par jour, et lit cinq extraits donc.
Marie Richeux ne m'invitera jamais dans son émission pour parcourir ma bibliothèque avec elle. J'ai envie de le faire toute seule. Je vais donc piocher dans d'anciennes lectures.

Je monte les escaliers. Je regarde tous les livres. Non. Non. Non. Oui.
J'ai envie de commencer par Christian Gailly.
Quand je l'ai découvert, j'ai presque tout lu. D'un coup.
Son dernier livre est un recueil de nouvelles dont j'aime énormément la première. Les autres, moins.
Ce que j'aime dans l'écriture de Christian Gailly, c'est tout ce qui n'est pas écrit mais qui est là. Présent.
Il était un des rares auteurs dont j'attendais le nouveau roman, malheureusement Christian Gailly est mort récemment.
J'ai une toute petite lettre de lui car je lui avais écrit un jour. (Je vous glisse sa signature, en haut.)
Je pourrais relire tous ses livres pour voir si je les aime encore. J'ai presque tout oublié. Ma mémoire est de plus en plus défaillante.

Je lis un extrait de La Roue :



A la fin de la lecture, Marie Richeux me dirait, et demain, vous nous lirez quoi ?
Je ne sais pas encore. Un extrait de Fabrice Melquiot peut-être.
Et vous choisissez quoi comme bande sonore pour poursuivre cette lecture ?
Ca peut-être. Mais je ne suis pas sûre.

Ici, si vous avez encore envie de lire, un portrait assez touchant de Christian Gailly.

20/01/2014

*Lundire*





























Lundire, c'est se baigner de silence encore
Entendre juste le crayon sur le papier
Le petit bruit des touches du clavier
Le claquement de mes pas sur les pavés

Lundire, c'est poursuive vendredire, c'est


Pendant ce temps, des gens font des bébés.


17/01/2014

*Vendredire*




























Parfois, je me tais.
Et parfois, des gens se marient.


13/01/2014

*Abuser*



















Je pense souvent à cette appréciation qu'avait notée sur mon devoir un professeur de littérature.
J'avais choisi de travailler sur "L'apparence dans La Princesse de Clèves". (Déjà très préoccupée par le sujet.)
Il avait noté donc :
"C'est assez bien écrit. Avec une tendance à l'afféterie."
Je ne savais pas ce que voulait dire "afféterie". (En plus, j'avais peu de vocabulaire.)
J'ai cherché.
Afféterie : Abus du gracieux, du maniéré dans l'attitude ou le langage, m'a expliqué Robert.
Ha, d'accord.
Bon, d'accord.
J'abuse. D'accord. Du gracieux. Ha ? Et pourtant. Tellement désabusée il me semble.














En recherchant l'appréciation, j'ai retrouvé d'autres devoirs :

"Le corps comme pouvoir d'affecter et pouvoir d'être affecté. A partir, au travers et au-delà de Mauvais Sang, de Léos Carax." (Je n'ai pas retrouvé l'appréciation. Je n'étais pas très assidue, je ne suis peut-être pas allée chercher ma note. Mais je me retrouve bien encore dans le choix de mon sujet.)

"Art et Pathologie. Paraître normale ou anormale." (Et là, en haut des vingt lignes de mon devoir bâclé, dont j'arrive à peine à déchiffrer la fin, il y a écrit en rouge : A - émouvant. J'y évoque ma solitude et mon silence parmi les étudiants nombreux et bavards.)

Il y a aussi un devoir sur un texte de Beckett. J'ai commencé par cette citation tirée de son livre Textes pour rien :
".... je les confonds, mots et larmes, mes mots sont mes larmes, mes yeux ma bouche."
Rien a changé. Il me faut relire ce livre. Cela s'impose.

Je ne sais pas pourquoi je vous écris ça.
Peut-être parce que je ne peux pas tout écrire ici et que j'ai pensé à ça aujourd'hui.
Peut-être parce que j'en ai tellement entendu et que, finalement, rien.
Peut-être parce que je ne trouverai jamais ma place et que je le sentais très fort à l'époque de ces devoirs-là.
Peut-être parce que les larmes, c'est silencieux.
Peut-être parce que je préfère m'effacer.
Peut-être parce que je préfère le sacrifice à la bataille.
Peut-être parce que je me laisse facilement aller à l'abandon.
Peut-être parce que j'aime les corps affectés.
Peut-être parce que je me sens en retrait.
Peut-être parce que je n'écoute que des chansons tristes.
Peut-être parce le zinc du bar aujourd'hui était en bois vernis et que j'ai écrit sur mon carnet : "Je dois dire. Mais je ne sais pas. Dire."
Peut-être parce que je sens se désagréger les promesses.
Peut-être parce que j'aime tellement me et vous perdre dans mes déambulations.
Peut-être parce que, au fond, c'est aussi tout ça qui me porte.
Peut-être parce que j'abuse.
Oui.
Peut-être.

Dessin inspiré par une jolie photo de voeux que m'a envoyée Miss Suprbo.
Miettes de tissu Miss Dejolilou. Toujours. 



10/01/2014

*Zinguer*




























Mon nouveau (ancien petit) plaisir est de me glisser dans les bars et de boire un café debout contre le zinc.
Je ne choisis pas l'endroit
J'entre dans celui qui se présente quand, en déambulation, l'envie du café se fait sentir

Hier, j'étais seule au comptoir
Parfois, je dois me glisser entre les hommes accoudés

Je demande :
Un café, s'il vous plaît...
Puis
Je déballe le sucre
Puis
Je tourne la petite cuillère dans la tasse
Puis
Je guette la première pensée qui m'arrive

Cela me donne envie de faire un carnet de zinc.

En attendant, si vous avez envie de rire, arrêtez de lire le papillon et allez voir les Sea Girls. Elles sont formidables !




07/01/2014

*Enjamber*






















J'ai enjambé le barbelé
Sauté le ruisseau
Ecrasé la neige
Respiré le blanc
J'ai cherché l'écho l'écho l'écho l'écho l'écho
Trouvé le silence

Me suis glissée sous l'autre
L'autre barbelé
Y ai laissé des cheveux
Me suis roulée dans le soleil
J'aurais voulu fermer les yeux dans tes bras pour reconnaître le son de ta voix

C'est quoi déjà ce que tu fais en math ? je lui crie
Il est loin il avance vite :
"Les identités remarquables."
Ha oui
Je ne sais pas ce que c'est mais j'aime bien penser identités remarquables en écrasant la neige ça m'inspire les identités remarquables dans cet espace les identités remarquables les vies parallèles les histoires singulières les béances le néant cet infini devant
Mais attends-moi !

J'ai dévalé la pente
Remonté l'autre en soufflant essoufflée  A bout de souffle souffle-moi
Il faut que je reprenne la danse
Non
Plutôt les courses folles
Oui

Enjamber enjamber enjamber enjamber enjamber enjamber
Les barbelés
Le silence
Le précipice
Je me sens tellement en vie ici
Envie aussi
Je finirai pas l'atteindre
L'horizon

Et ne me demandez pas pourquoi le landau.
Et puis, vous pouvez envoyer les voeux amoureux.


05/01/2014

*S'effacer*
















Je suis une fille qui s'efface facilement.
Et je vous laisse conjuguer.


01/01/2014

*Souhaiter*


































Je vous souhaite une année amour
Je vous souhaite une année heureuse
Je vous souhaite une année amoureuse