28/12/2012

*Se remplumer*






















Refermer la portière
Attacher sa ceinture
La marche arrière d'abord
Puis
Première
Deuxième
Troisième
Quatrième
Cinquième
Filer
Mettre la musique un peu fort
Chanter
Se perdre dans ses pensées

La ville reste derrière
Se rétrécit
L'horizon m'aspire...
Peu à peu l'espace
Les champs
S'installent et m'entourent

Je ne fais pas de bilan
Je suis quelqu'un qui attend
Le ciel est presque tout blanc
Je suis quelqu'un qui m'attend

Je me demande combien de temps encore il sera possible de papillonner
Ici
J'ai déjà beaucoup écrit
La formule s'épuise peut-être

Laisser faire

J'ai reçu mes oiseaux
Mes oiseaux d'Anaïs
Je souhaite cette année à venir un peu plume
Je souhaite cette année à venir un peu œuvre
Je souhaite cette année à venir un peu art
Je souhaite cette année à venir sautillante
Je souhaite cette année à venir pépiante
Je souhaite cette année à venir







Si vous passez commande dans le magasin, sachez qu'il n'y aura pas d'expédition entre le 29 décembre et le 6 janvier.

25/12/2012

*Biscuiter*



















J'ai envie de vous écrire
Mais c'est Noël.
Et le facteur ne passe pas aujourd'hui.



12/12/2012

*Pépier*














Je veux te cajoler
Pépier dans ton cou
Sautiller sur le pont
Te chanter une chanson














Soyons un peu oiseau
Tu veux bien ?














Un jour
J'ai sauvé une hirondelle.
Je passais sur le trottoir
Un nid venait d'être détruit à coup de manche à balai,
On avait dû juger qu'il était mal placé.
Le nid
Devant mes pieds
En morceaux éparpillés
Les parents
Effrayés
Envolés
Dépités
Les bébés
Sans une plume
Démantibulés
Roses sur le gris
Ecrasés.
Dégoût.
Oh ?
Mais oui
Non
Si
Une minuscule chose entière
Inerte
Elle a tout
Tout petit
Son bec
Son début d'ailes
Ses pattes
Je la ramasse
Toute petite
Fragile
Je la protège
Elle respire...
Je lui trouve un petit bonnet rouge pour la réchauffer
Je ne la quitte plus
Je la couve
Je souffle...
"Elle va mourir", ils me disent.
Non.
Je l'ai sauvée.

On lui fait un lit
Une boîte à chaussures
On lui donne des miettes
Et elle redresse sa tête.

Elle grandit même...
Il faut veiller aux griffes des poilus de la maison
La petite agite ses ailes
Ils ne laisseraient qu'une plume, j'en suis sûre.

Elle a faim
Elle piaille
Elle ouvre grand son bec
Du haut du frigo
S'affame

Mon dieu, quel travail d'être maman hirondelle
Me voilà à la chasse aux mouches
Je sacrifie insectes et petits vers
A plat ventre dans les champs
J'attrape des sauterelles
J'en remplis des bocaux
Un grillon peut-être ?
Je reviens en courant
Voilà, voilà !
Engloutis-moi ça !

Et puis, ce sont les premières envolées
Je la tiens dans ma main
Allez, allez
Vole dans le jardin !
D'abord un petit tour, ça doit lui faire drôle, elle revient vite
S'accroche à moi
Et repart
Et revient
Finalement, elle trouve ça bien

Alors
Comme elle est grande
Maintenant
Ma mère l'emmène dans sa classe.
Le matin
Dans sa boîte à chaussures
Sur le chemin
Elle regarde le paysage

Et un matin
De sa boîte à chaussures
C'est le moment où
Ensemble
Elles traversent la cour
Eh bien
Ce matin
Il fait clair
Il fait doux
Elle doit se dire
Je suis prête

Elle s'envole
Mon hirondelle
Elle ne retourne pas sa tête
Elle s'envole un peu plus loin dans le ciel














Quelle belle coïncidence : regardez l'oiseau du jour chez Anaïs !


09/12/2012

*Refléter*
















Je la regarde
Je la regarde dans sa jolie robe
Une robe très ajustée à son petit corps
Une robe dont le bas est une jupe
Une jupe assez longue avec quelques fronces

Je la regarde
Et je vois ses soucis
Je vois ses regrets
Je vois sa fatigue
Je vois sa richesse aussi
Je vois le visage de la jeune fille qu'elle a été
Je vois ses premières rides
Je la regarde sourire
Je sens sa douceur
Et son impuissance

Je la regarde
Je sais que nous ne nous parlerons pas car j'ai déjà envie de fuir
Je la regarde et c'est comme si je regardais un miroir
Je vois mes premières rides
Mes regrets
Tant de souvenirs
De non-dits
Mon impuissance
Je la regarde
Je sens sa tristesse se refléter dans la mienne
Je lui souris

Je n'ai pas le courage de marcher dans la nuit


05/12/2012

*Collectionner*


















La petite plante que Lise m'a apportée grandit et se multiplie.
C'est apaisant de regarder ma petite collection
C'est apaisant de faire des plantations
C'est apaisant de penser à qui je pourrais en offrir une moi aussi

La Maison à colorier et l' Arbre calendrier de retour dans le magasin, avec une carte pour vos vœux aussi...


03/12/2012

*Montreuiller* #2


















Avec, dans l'ordre d'apparition : Le calendrier des anniversaires, Anaïs et ses merveilleux oiseaux de l'Avent, Anne, Manon, Lisa, L'Abécédaire de voyage, Les épiciers
Merci beaucoup...

Des jolies photos chez l'adorable Camille que j'ai croisée le mercredi avec une marmotte ! J'espère que nous aurons d'autres occasions..... 

30/11/2012

*Bouillir*












Si j'étais revenue sur mes pas
Si je pouvais fermer la porte
Si ce pot ne s'était pas renversé
Si j'arrivais à m'exprimer
Si j'avais emprunté l'autre trottoir
Si le métro n'était pas resté coincé
S'il n'y avait pas tant d'escaliers
Si j'avais choisi cette option-là
Et que je m'étais assise sur la chaise en bois
Si elle n'était pas entrée dans ce magasin
Si le riz n'avait pas brûlé
Si je ne les avais pas vu se déchirer
Si elle avait gardé ce courrier
Si elle n'habitait pas aussi loin
Si je n'avais pas envoyé ce message
Si j'avais gardé cette idée
Si j'avais persévéré
Si le petit chat n'était pas mort
Si tu m'avais attendue
Si j'avais porté une autre robe
Si j'avais moins déambulé
Si je ne m'étais pas ennuyée
Si tu étais venu me parler
Si j'avais fait des études plus sérieuses
Si je vous montrai le début
S'ils ne construisaient pas d'aussi jolies cabanes
Si nous partions au bord de la mer
S'il ne faisait pas déjà froid
Si au moins j'avais une photo
Si je n'avais pas si peur
Si je pouvais dire non
Si nous avions fait monter ce chien
Si elle avait une couverture
S'il me restait un morceau de pain
Si j'avais gardé les deux premiers
Si l'homme l'avait laissé passer
Si
Si
Eh bien
Peut-être
Que
Si
Alors....

Bon.
Ce n'est pas grave.
C'est très bien comme ça.
Si si.


"Ben, si la mer bouillait,
Les poissons seraient tous cuits !"
(J'ai entendu cette phrase un jour dans la bouche d' un habitant précieux de mon enfance, que l'on surnommait Cagnole. Je ne l'ai jamais réentendue ailleurs, mais elle m'a marquée.)


Petit rappel : Je serai sur le stand de l'épicerie de l'orage, samedi 1er décembre à 14 heures, au Salon du livre de Montreuil.

26/11/2012

*Cafeter*






















Et ce rêve qui remplit ma nuit
Et me laisse sonnée,
A qui je vais le raconter ?

Je vais voir si vous êtes libre
Nous prendrons un café.


22/11/2012

*Montreuiller*





















Je voulais vous dire quelque chose ce matin
Mais depuis
Ça s'est bloqué

C'est souvent comme ça
Je crois que je vais parler
Dire enfin
M'exprimer
Mais non
Je suis un nœud

Aujourd'hui j'étais un nœud très serré

Mais je voulais vous dire quand même
Que je serai avec les charmants épiciers
Samedi 1er décembre à partir de 14h
Au Salon du livre de Montreuil (Stand D1D)
Pour vous présenter celui que je n'ai pas encore vu !

Je ne sais pas quelle robe
Ni quelles chaussures
Mais je sais déjà le sourire et les joues rosies
D'être à leur côté
Et de vous rencontrer

Je voulais vous dire plein de choses
Mais je n'y arrive plus.
Ça va revenir
J'en suis presque sûre.

Et puis, merci Fibuline, pour le collier joli qui scintille dans la nuit !

18/11/2012

*Ermiter*


















Je suis arrivée à Paris rue de l'Ermitage. Avec une énorme valise. 
J'avais 19 ans.
Je me suis installée chez un homme que je ne connaissais pas. Un ami d'un ami d'un ami de mon oncle. Le temps que je trouve mon endroit, il m'a accueillie.
Je lui parlais très peu. J'étais transparente. Je me demande aujourd'hui comment il m'a perçue. J'aimerais lui demander. Je ne l'ai jamais revu. Je ne lui ai pas manqué. Nous ne nous sommes pas liés.

Sa boîte aux lettres ne fermait pas. Elle était à l’image de l’immeuble. Disloquée. Rafistolée. Charmante. 
Un matin, en descendant, je remarque que la petite porte en zing retient à peine une trentaine de lettres. Toutes pour moi. Je rougis. Pourtant personne ne me suit. Je me dis que mon hébergeur aurait pu les trouver avant moi. Ces trente lettres me sont adressées par la même personne, un amoureux qui m’inonde de ses sentiments. Mais je ne l’aime pas, moi. Non. Je me sens agressée par ce geste. Une lettre m’aurait suffi.

Je me dis qu’on est tous là à aimer. A ne pas s’aimer. A se laisser aimer.
Ce serait tellement plus simple si on s’aimait en même temps.

J’ai dix-neuf ans. Je prends le bus 96 rue de Ménilmontant pour aller à mon cours de danse. J’ai un petit imperméable crème avec de gros boutons que j’ai déniché aux puces de Montreuil pour dix francs. Un petit imperméable très couture. Très Audrey Hepburn. Très joli. Mais différent de ce que portent toutes les autres personnes. Pour la première fois j’ai mis du rouge à lèvres et je sens les regards sur moi.

Aujourd'hui, je relis des vieilles notes. Et elles sont nombreuses.
Dessin inspiré par ça.

14/11/2012

*Entonner*
























La cocotte est pleine de soupe orange.
Je verse la soupe orange dans l'entonnoir.
Un entonnoir noir.
La soupe orange coule dans la bouteille.
La bouteille se remplit.
Il regarde l'entonnoir et me dit :
" - Ce truc quand il est rouge, ça s'appelle aussi un entonnoir ?
   - ....  ben oui !"

Je ne m'étais jamais posé cette question.
Il y a forcément beaucoup de questions qu'on ne se pose jamais.
C'est dommage.


Une petite surprise par !

12/11/2012

*Poétiser*

































"La poésie s'écrit en chemise de nuit. On dirait que c'est un acte d'amour..." (Vénus Khoury-Ghata.)*
Elle précise qu'elle écrit dans son lit, bien installée et adossée à des coussins moelleux.

"J'ai l'impression que la recherche de la poésie, c'est un peu ça, un double mouvement. Au fond, nous essayons de combler le gouffre entre nous et nous-mêmes, en somme. Essayer de trouver notre vérité profonde..." (Andrée Chédid.)**

Je crois que je vais passer l'hiver en pyjama, le gouffre est très profond chez moi...



*France Culture - Sur les Docks : "Déjeuner chez Vénus Khoury-Ghata." 
**France Inter - Downtown : Archives diffusées lors de l'émission du 7/11/2012.
***Dessin inspirée par une promenade parmi les installations de Pascale Marthine Tayou à la Villette.

09/11/2012

07/11/2012

*Redescendre*


















Tourner
Tourner encore
Et se retourner
Bon
Redescendre et manger
Un yaourt
Remonter
Se reglisser
Et tourner
Retourner
Se retourner
Bon
Redescendre et boire
Une tisane
Lavande
Remonter
Se reglisser
La chaleur
La douceur
Se tourner
Puis se retourner
Bon
Redescendre et manger
Un morceau de pain
Et puis je sens un point
Bon
Remonter
Se reglisser
Ne plus bouger
Ne plus penser
A ça
Ni ça
Oh, et surtout pas à ça
Se retourner
Je préfère l'autre côté
A plat ventre peut-être
Non
Bon
Redescendre
Un verre d'eau
Je tente les mots
Un papillonnage de nuit
Pour combattre l'insomnie
Quelle agitation
Pauvre papillon
En plus tu vas devoir faire un dessin à 2h26 du matin
C'est malin


05/11/2012

*Respirer*
















*

Depuis que j'ai entendu cette femme raconter son histoire
L'histoire de l'homme qu'elle aime
L'histoire de cet homme enfermé depuis si longtemps
Dans un autre coin du monde
Enfermé et privé de toute sensation
De tout repère
Enfermé dans une pièce sans fenêtre
Sans télévision sans radio sans regard sans livre sans délice sans caresse
Juste rien
Juste attendre son exécution
Depuis si longtemps
Bref
Depuis je pense à leurs échanges
A leurs longues lettres quand ils ont la permission de s'écrire
Et aux petits morceaux de tissus imprégnés de parfum qu'elle glisse dans ses enveloppes
Des parfums d'épices
Des parfums de compotes
Des parfums d'embruns
Des parfums de fleurs
Des parfums de vie
Alors
Il les accroche à la bouche d'aération dans sa cellule grise
Il ferme les yeux
Et il respire

Je trouve cette idée magnifique.

**

Je serais peut-être plus crédible si j'arrêtais de dessiner des fleurettes et des oiseaux.

***

Il fait de moi des hypothèses, et cette idée me plaît.

****

Merci beaucoup pour vos promenades dans mon magasin, et merci aussi pour vos commandes, vous savez combien j'aime poster des lettres...



29/10/2012

*Tester*


Les voilà, ils sont prêts, les calendriers 2013 !
Et, comme il y en a plusieurs, je vous ai préparé un petit test de vacances pour vous aider à choisir....










Vous êtes :
❀ Une fille ravissante
♥ Une jolie fille
☂ Un enfant sage
♥ Un homme charmant

Vos cheveux sont :
☂ Courts
❀ Longs
♥ Bouclés

Vous lisez :
☂ Au moins un livre par an
❀ Au moins un livre par mois
♥ Au moins un livre par semaine

Vous préférez :
❀ Les robes qui tournent
♥ Les jupes qui volent
☂ Les pantalons

Quand vous lisez un livre, pour retenir la page où vous en êtes :
☂ Vous posez le livre, ouvert, à l'envers
♥ Vous utilisez un marque-page
❀ Vous cornez la page

Vous aimez :
♥ Ecrire
☂ Colorier
❀ Dessiner

Le matin, quand vous vous habillez, vous regardez :
☂ Le ciel
♥ La météo
❀ Votre reflet dans le miroir

Au petit-déjeuner, vous buvez :
❀ Du thé
♥ Du café
☂ Du lait

Vous aimez la poésie :
☂ En liberté
❀ En vers
♥ En prose

La maison de vos rêves serait :
♥ Sur un nuage
☂ En haut d'un arbre
❀ Dans une rose

Vous préférez aller :
❀ Danser
☂ Courir dans la forêt
♥ Au cinéma

Vous aimez que que l'on vous dise :
♥ Des mots doux
☂ Des mots tendres
❀ Des mots d'amour



Résultat de ce petit test tout à fait aléatoire :

Maximum de ❀, il vous faut le calendrier 2013 des coquettes !
Maximum de ♥, il vous faut le nouveau calendrier marque-page !
Maximum de ☂, il vous faut le calendrier L'Arbre à colorier !

Mais, bien sûr, rien ne vous empêche de prendre les trois ! (Qui a dit qu'il fallait se fier aux tests ?)

Des photos par ici


28/10/2012

*Ecrire*

















Depuis plusieurs jours, j'ai envie d'écrire :
"Je ne suis pas une fille à la mode."
Hier, j'ai eu envie d'écrire :
"Je crois que je ne trouverai jamais ma place."
Ce matin, j'ai eu envie d'écrire :
"Tout le monde écrit."
Maintenant, j'ai envie d'écrire :
"Je me sens souvent ridicule."
Tout à l'heure, j'aurai envie d'écrire autre chose.



J''espère que vous n'êtes pas tous partis en vacances, car bientôt bientôt...


23/10/2012

*Promener*





















Au revoir, Tristesse
J'ai rendez-vous avec Plaisir
Nous allons nous promener au soleil
Fermer les paupières
Sourire

Je vais lui montrer mes roses
Une dizaine sur les frêles tiges
Blanches
Gracieuses
Et nous compterons les boutons encore fermés
Si précieux

Je le prendrai par la main
L'emmènerai déambuler
Nous passerons par le musée
Et nous nous arrêterons devant chaque tableau
Mes préférés, tu te souviens ?
Pour ne pas les oublier

A la petite terrasse
Forcément ensoleillée
Nous pousserons nos tasses
Et sortirons nos carnets
Pour écrire une pensée

Nous mangerons quelque chose de bon
Nous nous resservirons
Et je lui proposerai de pédaler
Et de laisser les courants d'air
Dans les descentes
Doucement nous caresser

Et puis le soir
Nous passerons par le petit parc
Celui qui ne ferme pas
Je laisserai Plaisir me dire des mots doux
M'embrasser dans le cou
Avant de terminer la soirée
Au cinéma, à l'Opéra, dans un café

Mais ne t'inquiète pas, Tristesse
Tu peux revenir bientôt
Tu sais combien je t'aime
Tu peux compter sur moi
Je serai toujours là pour toi


20/10/2012

*Rentrer*























Je n'ai pas envie de rentrer
Mais je n'ai pas envie de rester non plus
Tiens
Je traverserai bien Paris pieds nus








Allez, viens, Tristesse
On y va
Je n'aime pas quand tu me tombes dessus comme ça
Je m'ennuie
Ils m'ennuient
On était bien pourtant
Elle étaient belles les premières danses
Mais tu débarques
Sournoisement
Alors soudain je n'ai plus envie

Regarde pourtant ce petit jardin sauvage et pavé
Les branches fraîches de la pluie
Il faut se courber pour passer
La grille perdue dans la verdure
Et les petits escaliers de pierre pour remonter sur la ville










Marcher doucement
Envoyer un SOS
Faire des autoportraits sur fond de ciel noir











C'est la nuit
Tristesse
Elle est douce
Tu sais comme j'aime
Allez, on y va, on sautille, on pédale, on dit n'importe quoi ?
Bon
D'accord, d'accord
Je n'ai rien dit
On rentre
(Mais demain je prends une autre copine pour sortir...)

14/10/2012

*Parcequequoiquer*















Parce que mardi j'ai vu un V d'oiseaux noirs dans le ciel blanc
Et que je l'ai suivi des yeux le plus longtemps possible
Et que je savais que j'allais l'écrire.
Parce qu'elle a trouvé pour moi la robe verte
Et que je ne l'ai pas encore essayée
Et que je crois qu'elle ne va pas m'aller
Mais que je la trouve belle suspendue devant la porte depuis toute la semaine.
Parce que mercredi j'ai réussi à débloquer un blocage
Et que j'ai pu avancer et presque terminer ce que j'avais commencé
Mais que déjà je me dis que j'aimerais que ce soit autrement
Mais je ne sais pas comment
Qu'il faudrait sûrement changer complètement
Et que c'est impossible de changer vraiment.
Parce que jeudi la sirène avait une tente
Et que c'est peut-être un peu mieux pour elle avec toute cette pluie
Et qu'une tente sans sardine
(Parce qu'on ne peut pas planter des sardines sur le trottoir)
Eh bien
Je me suis dit
Sans sardine, une tente, un coup de vent, et elle devient soucoupe volante
Alors la sirène risque de survoler Paris
Et j'aime l'imaginer ainsi.
Parce que vendredi je suis restée coincée deux heures dans d'affreux bouchons
Et que j'ai mangé des bonbons en chantant des chansons
Parce que ça ne sert à rien de s'énerver
Monsieur, arrêtez de klaxonner
Vous voyez bien que nous sommes complètement bloqués
Et vous me gênez
Je n'entends plus
Ecoutez, il y a Alain qui chante qu'il ment la nuit
Et ça me transporte qu'il mente ainsi
Et nous aurions dû prendre le train nous aussi
Parce que moi, Alain, c'est comme toi, j'en ai dans mes bottes des questions et des questions
Et moi aussi je veux faire danser des malentendus
Et je me demande toujours comment on peut écrire après une chanson pareille
Mais deux heures après j'avais fait dix mètres
J'étais shootée au monoxyde de carbone et je n'y pensais plus.
Parce que samedi il pleuvait dès le matin
Et que j'avais envie de me promener
Parce que j'ai acheté quatre fois cent grammes de thé
Et parce qu'il m'a dit en tapant sur son écran
"J'adore votre prénom"
Parce que j'ai dit ah merci beaucoup
Et que je ne savais plus si je devais le regarder dans les yeux
Et que j'ai refermé la porte sans me retourner.
Parce ce soir dans la nuit il y avait écrit "scintiller dans l'éclat" tout en haut d'une des tours
Et que justement tout scintillait sur la Seine
Et que j'avais envie de scintiller aussi
Mais non
Je ne scintillais pas.
Parce qu'il faisait très sombre sous la rangée d'arbres
Et que nous sommes rentrés en sautillant comme Kirikou
Parce que les figues étaient encore tièdes
Parce que je me suis mise à écrire sans y penser
Et que ça a commencé par "parce que mardi j'ai vu un V d'oiseaux noirs dans le ciel blanc"
Et parce que j'aurais pu ne plus m'arrêter
Mais parce qu'il fallait bien que j'aille me coucher
Et que de toute façon
Au bout
Je savais déjà que j'aurais écrit
Parce que quoi ?
Parce que rien.







10/10/2012

*Déserter*






















Oui, c'est un peu le désert
Je vous l'accorde
Le champ en friche
La plage abandonnée
La toile d'araignée
L'actrice oubliée
Le petit pois écrasé

Je réfléchis.
A peine.


06/10/2012

*Paralléliser*




















C'est le matin
L'heure où les gens partent travailler
Il pleut.
Elle est couchée en sirène
Les jambes prises dans son duvet kaki clair
Appuyée sur un coude
Elle tient un parapluie au-dessus de sa tête.
Vous voyez l'image ?
Moi, elle me saisit.

Cette femme est paisible
Elle a le regard franc
La pause magnifique
Les cheveux longs et clairs
Elle ne semble pas sentir la pluie.

Elle s'est installée ici
Je la vois souvent
Sur ce large trottoir vide
Sur ce large trottoir vide le long du quai
Sur ce large trottoir vide le long du quai au bout
Sur ce large trottoir vide le long du quai au bout où plus personne ne se promène
Sur ce large trottoir vide le long du quai au bout où plus personne ne se promène presque à la fin de Paris.
Elle n'a pas choisi un coin
Elle n'a pas choisi un pont
Elle n'a pas choisi un banc
Elle pas choisi une porte
Elle n'a pas choisi un métro
Elle n'a pas choisi un abri
Elle a choisi cet endroit et elle regarde les voitures passer.
Peut-être.
L'espace qui lui appartient est seulement celui de son corps allongé sur ce trottoir large
Son toit est le ciel immense et sans limite
Ses murs sont nos regards.
Sa vie se tient dans un sac en plastique qui lui sert d'oreiller
Parfois, elle organise deux ou trois objets autour de sa tête.
Une tasse.
Une bouteille.
Une boîte de conserve.
Je crois qu'elle n'attend rien de personne
Pas de pièce
Pas de sourire
Pas de mot
Pas de caresse.
Elle s'est installée en retrait
Tranquille
En retrait de la vie.
Elle a dû comprendre depuis longtemps
Elle
Qu'il ne servait à rien d'attendre.
Ce matin elle est sirène
Majestueuse avec son parapluie au-dessus de la tête
Et le gris
Et la brume
Et la Seine qu'on imagine derrière le muret
Et le platane qui se dénude
Et la grue au loin
Et cet espace vide autour d'elle
Et le silence qui l'accompagne
Et sa vie intérieure
Et sa tristesse peut-être
Et...
Je voudrais m'arrêter et m'asseoir près d'elle.
Et surtout ne rien lui dire.

Ces vies parallèles me fascinent et me bouleversent.
Il y en a d'autres.
Il y en a tant.
Je vous dirai.


04/10/2012

*Se réchauffer*
























Avec toute cette pluie,
Je ressors les vieilleries !

La carte postale qui réchauffe est dans le magasin

26/09/2012

*Redoubler*



















Alors on les retrouve au fond d'un placard
Les chaussons
Ils sont noirs
On trouve un vieux collant aussi
Et puis la tunique

Le petit sac est vichy rouge
Le manteau jaune
Une folie
Je traverse la place de la Nation et déjà mon pas s'allège
Je trottine

Il y a combien de temps que je n'ai pas pris de café sur un zinc ?
Je n'en buvais plus
J'ai peur pour mes nuits
Je prends un café sur ce zinc
Dans ce bar
A l'angle de la rue
J'observe la vitre fleurie
Les tables qui se vident
Les tasses abandonnées
Mon reflet jaune dans le miroir au loin

Je monte
L'escalier est en bois
Il y a du rouge et des airs de piano
L'odeur
Je reconnais l'odeur

Ma main sur la barre
Il y a si longtemps
Le bois poli par tant de mains posées
La jambe qui s'allonge
Le pied qui se tend
Quel plaisir, le premier port de bras
Quel plaisir de se sentir danser jusqu'au cou
Jusqu'au regard
Jusqu'au bout des doigts

Et tout ce vocabulaire oublié qui refait surface :
Plié, dégagé, petits battements sur le coup de pied, relevé, développé, sissonne, cabriole, pirouette, assemblé, grand jeté, glissade, saut de chat, pas de bourrée, temps de valse, failli, rond de jambe, temps lié, arabesque, ballonné, fouetté....

Retrouver la mémoire, les mécanismes oubliés, patauger un peu, mais s'élancer !

J'ai 16 ans...






















Faut-il préciser que le titre fait référence au dernier film de Noémie Lvovsky ?
Et puis..... merci.