29/08/2015

*Liseronner*























On aurait eu du mal à ouvrir la grille. Les liserons l'auraient envahie.
Je t'aurais suivi dans l'herbe haute, jusqu'à la porte de la maison.
Après avoir jeté un oeil à l'intérieur, tu m'aurais laissé entrer la première dans la pénombre. J'aurais avancé avec prudence dans le silence de la maison à l'abandon, j'aurais découvert les meubles endormis, l'immobilité de la poussière, une odeur particulière.
Je me serais tenue près de toi au moment où tu aurais ouvert les premiers volets. J'aurais voulu que notre regard découvre en même temps le jardin envahi. J'aurais été émue de voir entrer la lumière.
Tout comme je suis émue de l'écrire.
D'une pièce à l'autre, nous aurions répété ces gestes. La fenêtre. Puis les volets. Le regard. La lumière.
A chaque fenêtre ouverte, après, tu te serais tourné vers moi, en quête de mon impression.
J'aurais observé la couleur des murs, peut-être des tapisseries désuètes, peut-être des pierres nues. J'aurais tout observé. Les placards, que je ne me serais pas autorisée à ouvrir encore. Les chaises. Les fauteuils peut-être. La table. Les bibelots. Les photos. Les rideaux. Le carrelage. La baignoire. Les miroirs. Les absents.
En haut, je me serais assise sur le lit, au bout. Tu m'aurais rejointe. Nous n'aurions rien dit encore. J'aurais regardé le reflet de nos pieds dans la porte vitrée de l'armoire. Je crois que tu m'aurais embrassée.
Nous serions ensuite redescendus. On aurait pris des verres ou peut-être trouvé la cafetière. On serait alors sortis dans le jardin avec nos boissons à la main.
Un peu plus loin, on se serait allongés, enfoncés presque, dans le méli-mélo des herbes hautes et, ton bras sous ma nuque, on aurait attendu la lune.

Petite fiction pour un samedi soir de pleine lune, écrite depuis la grande ville, où les mauvaises herbes s'ennuient. 


24/08/2015

*Repriser*
























C'est un lundi de reprise, il pleut. Et le vent.

J'ai commencé par quelques courriers, répondu à des messages.
J'en retire cinq bribes :
Tout ce que je ne fais pas m'habite.
Mais on se souvient des petites vagues.
Parce que cela ne peut pas se dire tout simplement.
Je retiens que je suis une petite fille gâtée.
Je sens que l'appréhension commence à poindre.

J'ai retrouvé Augustin, et Christine Angot lui a dit :
"On vit, on est là, on partage des choses avec des gens, on leur parle, on fait des choses très intéressantes, on a plein d'émotions... On ne dit pas ce qu'on vit. Alors oui, on peut passer son temps à raconter sa journée son passé ses histoires, son histoire, comme on dit, mais ce qu'on vit, on ne le dit pas. Pourquoi ? Parce qu'on ne le sait pas bien."

Après ça, j'ai réfléchi longuement.
Voilà pourquoi je n'avance pas vite dans la reprise.
Je reprise à petits points à petits pas, l'accroc est assez vaste, l'entreprise minutieuse.

J'espère que vous avez passé un bel été ?
Je n'ai pas cessé de contempler l'horizon.


06/08/2015

*Accorder*























Je vous l'accorde
Je n'ai pas été très bavarde
Je vous l'accorde
Je m'épuise
Je vous l'accorde
Je m'évade
Je vous l'accorde
L'été se traverse en pente douce
Je vous l'accorde
Je m'épanche
Je vous l'accorde
Je m'éloigne
Je vous l'accorde
Je pourrai me contredire

Accordons-nous une pause
Le temps de ne plus réfléchir

(Pour vos commandes, pas d'expédition entre le 7 et le 23 août - Bonnes vacances !)