29/06/2016

*Reverdir*























Je regarde le spectacle du ciel.
Je n'ai pas fait la photo des volets mauves ni de la cabane dans le jardin ni des fanions décolorés dans les arbres désolés.
Pardon mais ici c'est la lumière qui m'enivre.

J'aime retrouver des petites phrases écrites n'importe où au crayon. Parfois je ne les comprends plus. J'aime bien. Elles me racontent autre chose.
Laisse-moi fermer les yeux. Ça va être magnifique.

Ma photo préférée à l'exposition de Josef Sudek avait la douceur d'une joue.
Une toute petite photo à regarder longtemps.
Quand j'entends la musique j'ai envie de danser. Là. Partout. Dedans. Dehors. Tu vois ?
Une petite photo une joue contre. Les souvenirs défilent.
Je m'éparpillerai sur le parquet et sur la pointe des pieds.
Ça va être magnifique. L'important, c'est la sensation évidemment.

Je n'ai pas fait la photo sur le banc délavé dans le jardin après.
Elle aurait été une belle photo.
Elle aurait été nue.
Avec les petites feuilles derrière. Vertes. Comme les chaussures.


22/06/2016

*Attendre*




La chaise est vide et seule à l'ombre des tilleuls. Leur parfum. Doux.
Le doux parfum des tilleuls dans ce premier jour de chaleur. Ciel blanc. Petites gouttes délicieuses.
La robe est noire. Toujours cette même robe noire. Les pieds nus les talons bobines.
Un anachronisme dans le club de tennis.
Je ne sais pas compter les points je ramasse les graviers à semer. Il serait temps de cesser de se perdre.
Et pour ne rien oublier, chaque jour faire des nœuds dans tes cheveux.

La chaise est vide et seule au milieu du parterre ombragé. C'est celle que je choisis pour attendre le soir. Et la pluie.


11/06/2016

*Déchoir*


























Le soleil était revenu la Seine s'était assagie mes bras étaient nus.
Dans l'ascenseur, mes yeux ont été attirés par le reflet de mon coude dans le miroir. Le bras ballant. J'ai remarqué les petits plis. Plus nombreux.
Mon coude a vieilli. Soupir.
J'ai passé mon doigt sur la douceur du plissé.

*

J'ai creusé moi-même le précipice, je me tiens en bordure de l'immensité.
La chute s'amorce
Douce
Lente
Inexorable
L'inexorable lenteur de la chute

Déchoir.
Je vous promets
Avec élégance
J'essaierai
Je vous promets d'essayer de déchoir avec élégance
Sans cri
Sans heurt
En silence

Je ne sais pas si on choisit vraiment.
Ne pas faire de choix, c'est choisir déjà, dit-il.

Je choisirai ma robe au moins
De celle qui souligne la décadence des corps la nuit
De celle dont la soie s'étale
De celle qui magnifie l'évidente tristesse
De celle qui souligne l'imperceptible ondulation
De celle qu'on montre du doigt

J'esquisse la chute.
J'aborde l'irrémédiable.
J'encaisse les éclats.
J'accepte.

La nuit
Souvent
Me relève.




02/06/2016

*Désinvolter*



Ça sent la faute ça sent la bêtise ça sent la vie, la désinvolture. Glissons ! Oui. Ça commence à bien faire. Je ne vois pas pourquoi on attendrait d'ailleurs, soyons un peu fous, personne ne le sera pour nous.

C'est la saison des coquelicots, on a les pieds dans l'eau. La Seine va engloutir Paris, je vais m'imaginer Venise.
Il s'agit d'enjamber le gris.
Ça commence par les roses blanches qui éclosent sous la pluie, les petites grappes de roses qui font se courber la tige. Gracile. Je résiste à la couper pour l'offrir. Chaque matin je la contemple à travers la vitre tandis que ma poilue me câline tandis que les joyeux s'agitent.

Enjamber le gris c'était hier encore un retour à vélo après une souriante affaire de chaises. Et au moment de la traversée du pont juste la bonne chanson, celle qui fait décoller celle qui étire le sourire celle qui caresse les meilleurs souvenirs. Un jour je ferai une liste.

Enjamber le gris c'est retrouver au fond de mon sac une miette de sablé aux framboises.

Enjamber le gris c'est ne pas oublier que les poubelles fleuriront encore certains soirs d'été et que la lune sera toujours là à nous regarder inventer nos histoires. Désinvoltes.