02/12/2014

*Ondoyer*



















Les courbes de la passerelle déjà ont fait naître l'élan
Et
Pour la première fois depuis de très longues années j'ai mis une chanson dans mes oreilles
Le besoin subit de m'en emplir
Et
En haut des escaliers le public a frappé dans ses mains au rythme des premières notes de la musique
Et
J'ai descendu les marches de pierre en accompagnant les battements
Des mains
De mon coeur
J'ai souri
J'ai inspiré longtemps
Déploiement

J'entendais claquer mes talons sur la pierre
Et
La chanson a commencé en bas des escaliers
L'élan s'est amplifié
J'aurais pu suffoquer
J'ai marché traversé enjambé envisagé empli balayé dansé contourné ondoyé
Transportée que j'étais par la chanson
Très belle
Transportée par mon envie de m'élancer dans le parc
De me rouler dans les feuilles
De courir jusqu'à
Non
Si
Jusqu'à.
Rien.

Quatre
Je l'ai remise quatre fois dans le froid du matin
Puis une cinquième sur le chemin du retour
J'ai laissé ensuite mon corps résonner
Digérer l'élan
S'apaiser










C'est émouvant, dit-elle.
Cela me fait tellement de bien, dit une autre.
C'est si beau, dit une troisième.
Merci... chuchote une timide.

Nous nous tenons en retrait. Nos lettres sont exposées. Nous nous connaissions à peine. Nous voilà dévoilées.
Oui, c'est beau. Très. C'est émouvant. Très. C'est inspirant. Très. C'est beaucoup. C'est tellement. C'est un projet en cours. Ce sont des possibilités. Multiples. Des envies. Communes et diverses. C'est la liberté. La sienne. La mienne. C'est sans obligation. Ce n'est plus un secret mais c'est toujours un secret. Ce sont des prémices. Des bribes. Des instants. Du silence. Des aveux. Une vérité simple. Un chemin.
C'est. Notre correspondance.













Le soir
En rentrant
J'ai remis la chanson encore plusieurs fois très fort partout autour partout autour partout dedans partout dessous partout
Et
L'élan s'est évanoui transformé m'a étreinte m'a serrée m'a contrainte m'a blessée m'a étouffée m'a allongée
Anéantie

















Un jour
J'ai cousu ma bouche.

2 commentaires:

Madame Alfred a dit…

waaaaououououu....
transfusion directe des sensations
à tel point que dans ce dernier dessin, j'y ai d'abord vu une silhouette s'envoler

arrosoir a dit…

mais qui ne souhaite pas savoir qui chantait dans tes oreilles ? En puis... non je n'aime pas connaître le secret des tours de magie.
bise !