03/11/2014

*Jeter*






















































Alors j'ai ouvert la fenêtre. Une bourrasque s'est engouffrée dans la pièce. Mes papiers se sont envolés, j'étais tout ébouriffée.
J'ai ressenti l'invitation.
De mon placard, j'ai tout sorti. J'ai balancé dans le ciel la robe grise la robe noire la jupe taupe les collants verts le pull kaki le gilet rose la chemise blanche les bas zibeline le manteau bleu la veste grise l'écharpe beige le sweat d'hiver les ballerines jaunes la marinière le caraco la robe fourreau le jean usé le corsage offert les culottes les nuisettes le chandail en mohair le pantalon ivoire les chaussettes rayées le foulard en soie le sac les bretelles...
J'ai envoyé balader les manuscrits les lamentations les carnets noirs les bouts de rien les souvenirs usés les bocaux vides les bocaux pleins les chaises écaillées un vieux tableau le tuyau d'arrosage les patins à roulettes les draps fleuris les draps unis les oreillers percés les édredons éventrées les plumes les couettes les couleurs délavées les livres cornés...
J'ai empoigné les assiettes, elles ont volé, j'ai jeté jeté balancé les vieilles rengaines crié par la fenêtre ouverte et j'ai regardé mes guenilles mes vieilleries mes valises se dandiner dans l'air s'accrocher aux branches aux nuages s'écraser sur le trottoir...
Me voilà nue et muette debout sur le parquet.
J'attends le renouveau.  Je voudrais qu'il soit léger.

6 commentaires:

mirabellef a dit…

Comme c'est beau.

Anonyme a dit…

Laissez-moi vous vêtir
Permettez-moi de vous habiter
Rien qu’un instant

Je commencerai par vos chevilles
Que je munirai de petites ailes
Rien de tel
Pour le pied léger
Prêet à fouler

un parapluie pour le vent ascendant
Une redingote comme Mary Poppins
Sentez la caresse de la popeline
Sur le satin de votre peau nue
supercalifragilisuperdélilicieux
Il s’agit de ne pas prendre froid

Une écharpe en soie de Chine
Que vous laisseriez flotter
Comme Saint Ex et Marilyn

Des faux-cils pour ne pas avoir l’air
Des arabesques à l’henné pour vos mains
Une fleur fraichement coupée
Que l’on mêlerait à vos cheveux.

C’est l’essentiel
et bien suffisant
Pour tourbillonner
Dans l’air léger.

Nikole a dit…

Quel talent Papillon !

sylviedu13 a dit…


J'aime cette bourrasque, j'aime vos mots, j'aime vos dessins, j'aime, j'aime, j'aime vous lire et imaginer....

Madame Alfred a dit…

nue et muette sur le parquet ... que c'est beau.
je vais suivre la recette, tout envoyer valsé pour s'envoler . (où donc est-il (était-il) coutume de tout évacuer par les fenêtres le soir du nouvel an ? )

arrosoir a dit…

je marchais nez en l'air sur les pavés du bord de Seine quand j'ai vu passer des signaux de chiffon. Le vent et ces couleurs avaient en quelques secondes balayé ma fatigue et mes frustrations...
Qu'il fait bon lever la tête !

bise et merci pour ces chaussons tricotés aux traits fins !