19/01/2018

*Croiser*




Le vent est fou ce mardi. Il balance les mouettes au-dessus du grand bassin rond. Vaguelettes. Scintillements.
Escalier de pierre. Le bas de ma robe se soulève et le soleil perce d'un coup les nuages. Les chaises vides s'allongent sur le sable de l'allée.
Les arbres sont nus encore. A l'image du parc. Un petit se distingue, il s'est couvert de fleurs blanches.
Cette traversée, une bouffée.
Un peu plus tard la pluie me surprend. Des confettis. Mon parapluie se retourne sous les bourrasques, tout le monde s'enfuit, je souris. J'entame le deuxième jardin par le côté, les rosiers sont dénudés. Une ou deux roses quand même, figées dans l'hiver, recroquevillées. On voit bien qu'elles n'ont pas tenté d'éclore. Er moi je ne vois qu'elles. Rares. Esseulées. Vermillonnantes dans la tempête. Plus loin un jardinier a les mains dans la terre. Je longe les parterres au repos. Je voudrais m'élancer.

Jeudi je passe de l'autre côté de la Seine agitée. Puis je bifurque.
Les flots s'écrivent dans le ciel, je choisis de marcher jusqu'au musée.
Lumineuse, il a dit. Mais il n'a pas expliqué.
L'hôtel de la Place des Vosges. A chaque fois je voudrais faire une photo du petit salon que j'aperçois. Mais une dame me regarde depuis l'intérieur. J'oublie. Et me voilà sous la coursive. Splendide. Un petit regard en arrière. Personne. J'esquisse un pas de danse discret. Cette chanson me transporte. Et je fais un crochet par le jardin clos et caché dans le coin. Un repaire pour moineaux. Surtout au printemps quand la vigne vierge se fait belle.
Je poursuis.
Plus loin dans une vitrine, deux statues s'enlacent. Une valse. Je tourne sur moi-même. C'est un miroir ? Ce bonheur du rien me rendrait presque oiseau. Sautillements. Tu les sens les baisers sur tes pommettes ? Rosissement. On dirait bien que tu as croisé un rouge-gorge en plein hiver.
Bref.
Quelques rues encore. Tourner à angle droit. Puis filer. C'est une autre chanson maintenant. Mes mains se dandinent.
Dans le musée je monte et je descends, je parcours je traverse je lis j'observe. C'est émouvant au début. Moins à la fin. Je n'aime pas entendre les autres visiteurs, trop nombreux aujourd'hui. Je salue la souris sous le rideau et je fais le chemin en sens inverse.
J'ai faim.
Elle dit encore, j'adore votre manteau en me tendant la gourmandise. Elle me le dit à chaque fois. Enfin c'est la deuxième.
Je fais des zigzags mon sourire s'étire j'écris n'importe quoi.
Au niveau du pont d'Austerlitz, une bagarre de mouettes dans le vent. Bonheur. Plus loin un bouquet de nuages roses dans la trouée au milieu des immeubles. Je remets la chanson. Combien de fois aujourd'hui ? Peu importe, c'est elle qui me danse.

Ce n'est qu'après que la fatigue me prend. D'un coup. Dans ses bras. Et avec, la légèreté qui s'en va.



5 commentaires:

Unknown a dit…

Quelle brassée de bonheur.

Unknown a dit…

Je vous lis souvent en silence et je souris...

Miss Marmotte a dit…

après avoir virevoltée de mots en mots, repue, je souris tranquillement en entendant la pluie sur les carreaux, celle domptant la neige à tirelarigot.....mais la souris sous le rideau était-elle grise....?

Nikole a dit…

Papillon plane insouciante dans les tempêtes ... c'est sa bonne étoile qui la danse ... en apesanteur ... C'est toujours ainsi qu'on la devine, légère et protégée par des forces invisibles :-)
Tendresses.

Unknown a dit…

Autre extrait ... je découvre. Je lie. Les mots glissent , m'imprègne, m'emue... comme une lointaine musique connue de tous . Bravo au rossignol, a cette muse qui en quelque coup de crayon dessine les contours d’un espace sans limite .