09/11/2017

*Chantonner*




Tu te mets à penser que personne ne sait où tu es. Et c'est bien. Tu pars en métro et personne ne sait où tu vas. Tu aimes bien.
La lassitude pesait sur tes épaules et ça commençait à te prendre à la gorge. Et bien sûr c'est à ce moment-là que te vient l'envie d'écrire. Quand tu sens ta bouche se fermer davantage. Taire.
Tu pars en métro et personne ne sait où tu vas et c'est bien. Tu sors de ton sac ce petit livre que tu viens de trouver dans ta boîte aux lettres. La lecture t'éloigne vaguement de tes pensées. Vaguement. Par vague. Tu y reviens. Par vague. Tu reviens à la gorge serrée.
Mais l'important est que tu vas quelque part. Tu ne sais pas vraiment où, mais tu sais que ce sera essentiel. Un moment essentiel.

Ellipse.

Tu n'as pas envie de reprendre le métro. Tu marches. Longtemps. Vite. Et tu danses presque. Tu en as la sensation intérieure. C'est la chanson qui t'entraîne. C'est la foule qui t'entraîne. C'est le vent qui t'entraîne. Ce sont les chaussures qui t'entraînent. Ce sont les branches qui t'entraînent. Ce sont les regards qui t'entraînent.
Tu fais des détours. Tu passes par la galerie Ofr. Tu prends des photos des photos. Tu écris, ce n'est pas toi. Tu marches encore et tu vas voir cette nouvelle boutique où tout est inaccessible et beau et si délicat. Tu caresses les plumes.
La nuit tombe, c'est un plaisir. Plus loin tu dis, j'ai envie d'une bague avec une pierre verte. Elle cherche. Ce n'est pas grave. Au revoir. Tu prends un vélo en même temps que tombent les premières gouttes. Il fait nuit, la chaussée luit, la chaussée glisse, les phares se croisent, les feux clignotent, tu as une jupe en satin, des talons, des meringues aux pétales de fleurs dans ton sac rose, de la musique qui te transporte. Tu te dis que tu ne remplis pas les meilleures conditions pour rentrer saine et sauve. Tu roules au ralenti. Tu chantonnes sous la pluie.

Ellipse.

Tu es au fourneau. Tu assumes les contraintes, elles sont devenues des automatismes. Tu penses à l'ellipse. Les épluchures s'amoncellent. C'est fou toutes ces pensées désorganisées qui s'éparpillent dans la purée.
Tu évites la chute, c'est beaucoup trop convenu.

*

Merci beaucoup pour toutes vos commandes. Les calendriers 2018 s'éparpillent.... Quel plaisir !

Derniers samedis pour l'exposition Les petits papiers, venez ! 


4 commentaires:

Unknown a dit…

C'est magnifique.

sylviedu1" a dit…

Belle échappée .....

Tess a dit…

Quel bonheur de te lire ce soir ... ces phrases me touchent et résonnent en moi tu ne peux pas savoir à quel point ! merci

Nikole a dit…

Sibylle, c'est comme une chanson de Verlaine, ça en a à la fois la légèreté, la mélancolie et la profondeur.
Je suis souvent un peu loin de tout le monde en ce moment, pardon.
Tendresses.