25/02/2017

*Nommer*



Elle me dit, ma mère adorait les fleurs, on est six filles, on porte toutes un nom de fleur, moi c'est Fuschia !
Marguerite, Rose, Jacynthe, Fuschia... Elle ne me dit pas pour les deux autres.
Violette ?
Non. Pas de Violette.
Elle ajoute, et j'ai appelé ma fille Lila. Ça lui va bien, elle est bouclée.

Je suis au comptoir, elle est assise à une table à côté.
Elle me dit, j'ai pris vingt kilos depuis que je suis à la retraite.
Je lui dis qu'elle a un beau visage. Elle me dit que je suis gentille.
Et puis elle dit encore, j'aurais préféré avoir des rides plutôt que des douleurs. Je ne peux plus rien faire. Profite, toi, profite de la vie.
J'essaie, je réponds.
Comment ça tu essaies ? Profite bon sang, après, regarde, regarde-moi.

Il y a le lustre à fleurs roses au-dessus de ma tête, je n'arrête pas de le prendre en photo, et le verre de Porto sur le gris du zinc. Je profite, oui, je profite des rires et de la nuit autant que du jour et des doutes.
Je regarde derrière la vitre le feu qui passe au rouge.
Je pense aux grains de sable et au bal du lendemain. Je vais ressortir mes chaussures dorées. Est-ce que je sais encore danser ?



4 commentaires:

sylvie a dit…

les fleurs de fuchsia telles de petites danseuses...

Nikole a dit…

Oui, Fuchsia, dans ce sens-là :-) mais après tout ... Lila, alors ! Joli texte à la fois désenchanté et plein d'espoir.
Un bouquet de fleurs pour un Papillon, voilà qui s'imposait.
Tendresses.

Mulot B. a dit…

Une belle histoire aux mots si fleuris ! On aimerait connaitre la suite de cette vie un peu folle.

Je suis Marie et j'aime la poésie fleurie... a dit…

Que c'est beau et délicat ! Merci !