14/10/2012

*Parcequequoiquer*















Parce que mardi j'ai vu un V d'oiseaux noirs dans le ciel blanc
Et que je l'ai suivi des yeux le plus longtemps possible
Et que je savais que j'allais l'écrire.
Parce qu'elle a trouvé pour moi la robe verte
Et que je ne l'ai pas encore essayée
Et que je crois qu'elle ne va pas m'aller
Mais que je la trouve belle suspendue devant la porte depuis toute la semaine.
Parce que mercredi j'ai réussi à débloquer un blocage
Et que j'ai pu avancer et presque terminer ce que j'avais commencé
Mais que déjà je me dis que j'aimerais que ce soit autrement
Mais je ne sais pas comment
Qu'il faudrait sûrement changer complètement
Et que c'est impossible de changer vraiment.
Parce que jeudi la sirène avait une tente
Et que c'est peut-être un peu mieux pour elle avec toute cette pluie
Et qu'une tente sans sardine
(Parce qu'on ne peut pas planter des sardines sur le trottoir)
Eh bien
Je me suis dit
Sans sardine, une tente, un coup de vent, et elle devient soucoupe volante
Alors la sirène risque de survoler Paris
Et j'aime l'imaginer ainsi.
Parce que vendredi je suis restée coincée deux heures dans d'affreux bouchons
Et que j'ai mangé des bonbons en chantant des chansons
Parce que ça ne sert à rien de s'énerver
Monsieur, arrêtez de klaxonner
Vous voyez bien que nous sommes complètement bloqués
Et vous me gênez
Je n'entends plus
Ecoutez, il y a Alain qui chante qu'il ment la nuit
Et ça me transporte qu'il mente ainsi
Et nous aurions dû prendre le train nous aussi
Parce que moi, Alain, c'est comme toi, j'en ai dans mes bottes des questions et des questions
Et moi aussi je veux faire danser des malentendus
Et je me demande toujours comment on peut écrire après une chanson pareille
Mais deux heures après j'avais fait dix mètres
J'étais shootée au monoxyde de carbone et je n'y pensais plus.
Parce que samedi il pleuvait dès le matin
Et que j'avais envie de me promener
Parce que j'ai acheté quatre fois cent grammes de thé
Et parce qu'il m'a dit en tapant sur son écran
"J'adore votre prénom"
Parce que j'ai dit ah merci beaucoup
Et que je ne savais plus si je devais le regarder dans les yeux
Et que j'ai refermé la porte sans me retourner.
Parce ce soir dans la nuit il y avait écrit "scintiller dans l'éclat" tout en haut d'une des tours
Et que justement tout scintillait sur la Seine
Et que j'avais envie de scintiller aussi
Mais non
Je ne scintillais pas.
Parce qu'il faisait très sombre sous la rangée d'arbres
Et que nous sommes rentrés en sautillant comme Kirikou
Parce que les figues étaient encore tièdes
Parce que je me suis mise à écrire sans y penser
Et que ça a commencé par "parce que mardi j'ai vu un V d'oiseaux noirs dans le ciel blanc"
Et parce que j'aurais pu ne plus m'arrêter
Mais parce qu'il fallait bien que j'aille me coucher
Et que de toute façon
Au bout
Je savais déjà que j'aurais écrit
Parce que quoi ?
Parce que rien.







8 commentaires:

Sandrine a dit…

Joli bilan de semaine, poétique à souhait.
Bon dimanche.

manon 21 a dit…

J'aime te lire cette après midi pluvieuse...

amicalement,

manon

Val a dit…

...tes mots légers comme les fines goutes de pluie qui noies mon ciel si bleu d'habitude...
des bisouxxxxxxxxxxxx!

lililila a dit…

Ou parce que tout ! On aime tout dans ce texte !

Ernesto a dit…

Voir Bashunguer.

richard a dit…

Forcément, Bashung.

adeline a dit…

oui. Alain. tu lui rends un joli hommage.

armandetlouise a dit…

Plus trop de temps, reprise du travail à l'exterieur mais le besoin de passer par ici reste là.
Toujours autant envie de te suivre dans tes promenades si poétiques.
Belle fin de dimanche S.
Marilyne