15/12/2017

*S'exercer*






Il y a eu tout ce temps à ne pas écrire ici parce que. Trop. Trop de choses.

Il y a eu les stations de métro loupées parce que. La tête ailleurs.
Et les chutes dans les escaliers parce que. Trop chargée trop pressée trop en retard.

Il y a eu tant de sourires gênés parce que. Trop de mots doux.
Même si les mots doux ne sont jamais de trop.

Il y a eu ce soir où j'ai dansé follement, c'était si drôle c'était si délicieux c'était si incroyable. Je me suis dit que ma réalité rejoignait parfois ma fiction. Il faudrait que je développe.

Il y a eu tant de légumes épluchés parce que. C'est l'hiver. Mais c'est pareil l'été. Tous les jours il faut faire à manger.

Il y a eu la très belle lettre d'un inconnu dans ma boîte et tous ces liens imperceptibles et volatiles tissés de façon un peu magique.

Il y a eu la traversée du jardin du Luxembourg sous la pluie, le plaisir d'y être seule en écoutant une chanson triste, la beauté des chaises vides et des arbres nus. Et tant de pensées que je voudrais prendre le temps d'écrire.

Il y a eu ce joli mot que je ne connaissais pas et que je ne parviens pas à retenir.

Il y a ce jour où quelqu'un m'a dit, la main droite n'est pas obligée de savoir ce que fait la main gauche.

Il y a eu ce rendez-vous avec l'homme aux mille cartes. Et ce moment où il m'avoue errer à Drouot les jours de cafard. Alors, en le quittant, j'entre à Drouot pour la première fois, et je pense à la chanson de Barbara.
Après, il fait glacé, il pleut, les rues sont vides, mais je ne deviens pas triste.
Et le soir, Paris se couvre de plumetis et je reçois : "Viens danser le flamenco sous la neige !"

Il y a eu ma dernière rose sur le balcon et la petite histoire qui va avec.

Il y a tous ces instants où je me dis que je pourrais faire plus, que je pourrais faire mieux.

Il y a eu hier où, alors que je marchais sous la pluie, deux idées ont commencé à germer en moi et où je suis devenue soudain plus légère.

Il y a eu ce jour où j'étais persuadée que je m'étais encore très mal habillée et où une inconnue m'a dit avec un adorable accent anglais : "J'aime beaucoup votre manteau !"

Il y a eu ce soir où j'ai fait toc toc à sa vitrine et où elle m'a vue derrière la vitre. Nos sourires. Elle a ouvert la porte et m'a pris dans ses bras et m'a soulevée et m'a fait tourner en l'air et.
J'ai tellement souri mais j'avais tellement envie de pleurer aussi.

Il y a aujourd'hui. C'est encore un jour de pluie. Je m'exerce à réécrire un peu. J'attends le soir et ce moment où j'enfilerai une robe pour sortir.

*

Pardon de ne plus trop passer écrire par ici, mais vous savez où me trouver...
Et merci infiniment pour vos très nombreuses commandes. 

5 commentaires:

Fa bienne a dit…

J’adore vous lire .... tout simplement.

arrosoir a dit…

il y a eu cette fois où une inconnue a dessiné des pommes pour moi depuis je la lis presque tous les jours et quel velours (comme dirait mon cher Maire)

Unknown a dit…

Il y a tellement entre tes lignes, c'est un don je crois.

Nikole a dit…

Il y a des jours où je voudrais être éditrice. Et (presque) tout ce que je lis ici -avec émotion, admiration, mélancolie gaie, parfois- serait dans un livre. Un livre de ceux qui restent sur les chevets, et dont on lit des moments, comme des apories, à petites doses, délicieusement.
Comme j'aime votre style, Papillon. Et ce n'est vraiment pas grave si vous ne posez que rarement vos ailes sur nos balcons virtuels. La vraie vie file, et on est emportés par elle. Savoir que vous existez, c'est déjà beaucoup.

Sylviedu13 a dit…

Légère fatigue passagère.....m'a fait remonté en mémoire les bulletins de la météo marine de Marie-Pierre Planchon. C'était une douce musique à mes oreilles,j' imaginais la mer calme ou tumultueuse , les côtes lointaines et les bateaux..... comme vos textes, les mots et puis l'émotion et puis l'imagination.....