31/12/2016

*Enumérer*






































Il y a celui qui enlacera l'inattendue, cela lui va si bien
Il y a celle qui ramassera les pétales gelés de la dernière rose du jardin
Il y a celui qui sortira deux verres à pieds du meuble ciré
Il y a celle qui laissera ses cheveux défaits sur ses épaules nues
Il y a celui qui portera dans ses bras un bébé endormi
Il y a celle qui suivra en courant sur les quais son grand fou d'amour
Il y a celui qui laissera couler une larme
Il y a celle qui enfilera ses chaussures dorées 
Il y a celui qui éteindra la lumière
Il y a celle qui pensera à celui qui est loin
Il y a celui qui chantera sous la lune
Il y a celle qui aura caché une surprise sous les assiettes
Il y a celui qui aura froid dans son duvet
Il y a celle qui restera au chaud
Il y a celui qui ne dira rien
Il y a celle qui lui sourira
Il y a celui qui mangera les miettes sur la nappe
Il y a celle qui contemplera l'horizon depuis sa cabane en bois
Il y a celui qui passera la soirée dans un livre
Il y a celle qui sera ivre
Il y a celui qui sera gai
Il y a celle qui sera triste
Il y a celui qui dansera un dernier tango à Paris
Il y a celle qui dansera avec lui
Il y a celui qui fera un pont au-dessus de la mer noire pour nous offrir un baiser dans la nuit
Il y a

Je pourrai passer ce dernier jour à énumérer toutes les "celle" et les "celui", mais je vais mettre sous ma robe ce petit jupon de dentelle noire qui est le meilleur remède à la suie et entraîner mes papillons sous les lumières du chapiteau, juste en bordure de la nuit.


22/12/2016

*Egrainer*



Je reçois des mots doux
De vous
Je ne vous remercie pas assez
Mais
Sachez que je m'en fais des colliers
Des colliers de mots doux que j'égraine les jours où d'autres mots me blessent, les jours où d'autres mots me manquent.

On n'est jamais vraiment tirés d'affaires.

Je vous embrasse.
N'oubliez pas de danser dans la lumière.

*

Les commandes passées à partir d'aujourd'hui seront expédiées le 28 décembre.


15/12/2016

*Courir*




































Les bébés ne voient pas les coups venir
Les bébés ne courbent pas la nuque pour échapper aux éclats
Les bébés ne protègent pas leur visage de leurs mains
Les bébés ne courent pas pour fuir
Les bébés ne se cachent pas dans les caves

Les bébés font confiance à ceux qui les entourent.

Comment font les bébés quand tout s'écroule ?
Ils meurent.

Je voudrais faire de mes bras un refuge et courir vite le dos courbé dans cette ville en lambeaux.
Je voudrais arracher un bébé à la violence des gravas.

*

J'ai suivi Estelle dans sa belle initiative et offert quatre dessins. Là 

12/12/2016

*Gadiner*




C'était le soir du plissé soleil, du petit coeur blanc épinglé dans le mohair, des petits pas en talons devant les miroirs du cinéma pour faire danser le bas de la jupe et chanter les semelles sur le carrelage du passage.
C'est un grand petit plaisir le bas de la jupe qui danse qui s'en balance qui caresse les jambes...
Alors, les petits pas cendrillons dans les escaliers, les petits pas cendrillons sur les pavés, tac tac tac, et on pousse la porte vitrée et si la place sous les roses est déjà prise, on la guette depuis l'autre bout du comptoir en laissant sa jupe s'étaler sur le grand tabouret.
Tout un programme de rien qui me met en sourire.

Après la danse des cocktails sur le zinc cuivré, tu fais le chemin en sens inverse et tu prends la descente en vélo, les carrosses sont tous crevés, tu pédales en talons et tu laisses le plissé soleil se prendre dans les rayons et ton sac s'enrouler autour du guidon. Patatras. Tu t'étales sur l'asphalte tu déchires tes bas tu t'écorches au bitume et tu t'excuses auprès du monsieur qui gentiment te relève.
Tu es la fille qui chute et qui s'en excuse.
Tu es la fille qui ne rend pas les coups.
Tu es la fille qui sombre et que les nuits relèvent.
Mais qu'est-ce que ça peut faire ?

Le monsieur s'inquiète, vous êtes sûre que ça va, ça va, vous êtes sûre, ça va aller ?
Oui pardon oui pardon oui ça va excusez-moi pardon je suis désolée pardon merci excusez-moi je vais réessayer.
Et je repars en zigzag les genoux en sang le sac en bandoulière les joues roses et le plissé lunaire.

J'ai maintenant des croûtes de fillette qui ornent mes genoux.
Je me sens moins vieille.

*

Et n''oubliez pas, c'est ce dimanche la petite vente de Noël chez Maison Bastille ! (Promis, j'irai à pieds...)

06/12/2016

*Recueillir*




J'ai mis ma main comme une petite coupe
Un coquillage
J'y ai recueilli une larme
Là où je gardais son secret

Nous mêlons nos doutes
Nous racontons à peine nos tristesses nos histoires
Si belles, que les nuages à l'aube en rosissent

Les garçons pleurent parfois
Les garçons rient aussi quand les filles dansent les soirs où elles déraisonnent en buvant sous les roses dans les boutons desquelles elles cachent les secrets confiés comme de petits trésors.
Les filles rient comme elles pleurent et se prennent en photo dans les miroirs des cinémas. Là où s'inventent des vies et où les talons claquent sur les trottoirs glacés des nuits d'hiver.

*

J'ai éparpillé des graines sur le balcon, pour la danse des mésanges, le petit spectacle de mes matins.

*

Notez que je serai le dimanche 18 décembre à Maison Bastille - 34 bis, rue Amelot, dans le 11e - pour une petite vente de Noël à quatre.