25/03/2016

*Rosir*

Le matin je patiente en lisant ce livre sans issue face au miroir. Chez Elodie coiffure.
Je lis des mots plus tristes que la tristesse. J'en ressens une certaine nausée. Je lis la peur le dégoût la beauté de la terreur. Je reprends mon souffle en levant par moment les yeux sur moi et. Une autre forme d'accablement pèse sur mes épaules et sur mes joues. M'observer. M'observer sous les lumières blanches et ingrates du salon de coiffure. J'ai presque froid. L'inexorable.
Dégringolade.
Dégringolade.
Dégringolade.
Pouf.
Pouf.
Pouf.

*

Et si le remède à la mélancolie passait par l'envie de Cendrillon ?
Je suis sûre que vous commencez par maîtriser les recettes du papillon.
(Indice numéro un : vertes !)

*

Le soir j'oublie mes mitaines mon chignon ne tient pas j'ai sûrement trop de rouge à lèvres. Mais. Même les jambes lourdes je descends les cinq étages en volant déjà. J'envoie un message en sortant du tunnel et la musique me porte au-dessus des pavés dans les rues piétonnes. La nuit tombe. Je me relève.
Sur la scène Milo minaude tandis que Nicolas de sa voix basse me nargue. Je pense à tous ces mots que j'ai écrits déjà et que je pourrai superposer aux images. Bientôt.
La nuit j'aime, j'aime la nuit et sur le côté de l'Hôtel de Ville le magnolia pleure ses pétales. Le rose dans le gris c'est doux comme. Je vous laisse choisir votre métaphore.
Et. Arrive dans ma main : "Trop de rouge à lèvres dans le soir, cela me fait rêver."
Et. Arrive dans mon esprit : "Elle a une bouche comme une sublime blessure..."*
Et. Je pense à la "bouche sans pourquoi ni comment" et à tout ce que cela m'a inspiré.
Et. N'est-ce pas la plus belle des sensations que de sentir les rêves s'élever au-dessus de nos têtes ?

La lune se cache sous un édredon alors que je la cherche. C'est parce qu'hier, toute ronde, elle paradait au-dessus de nous dans sa nuisette de nuages transparente...


*(Jane B., quelque part, à propose de Fanny Ardant.)

18/03/2016

*S'entuliper*































J'avais repéré cette robe aux tulipes je voulais me glisser dedans.
Je suis donc allée me glisser dedans dans cette même cabine où il y a quelques années mon téléphone avait sonné. 
Il y a des instants si légers.
J'ai tourné dans la robe j'ai imaginé j'ai photographié. Et je l'ai enlevée. 
Je suis sortie et j'ai envoyé un message à chaque coin de rue.

Le long du cimetière Montparnasse il y a un garçon qui s'est construit une maison. Sans toit. 
Il a un parasol carmin qui se fond à merveille dans le rose des prunus en fleurs. Dessous, un fauteuil en cuir dont je ne me souviens plus la couleur. Noir peut-être. Je suis passée comme l'air.
Il a un chien sage qui attend près du fauteuil. 
Posée sur une table, une grande cage à oiseau délimite un côté de son espace. Un tout petit cheval se tient debout au fond. 
Un gobelet est suspendu au bout d'une canne pour les piécettes. 
Je n'ai pas tout vu. Je repasserai. 

Je n'avais pas rendez-vous pour un café au Typographe alors j'ai continué. C'est là que j'ai fait la photo des classeurs colorés. 
J'avais une chanson de Julien Clerc dans la tête et (pardon) mais ce n'est pas possible une chanson de Julien Clerc dans ma tête alors. 
J'ai mis la musique dans mes oreilles.
J'étais obligée de retenir mes jambes. J'étais obligée de retenir ma bouche. J'étais obligée de retenir mes bras. J'étais obligée de retenir ma tête. J'étais obligée de me contraindre. Encore. J'étais obligée de me contraindre à marcher dans le soleil sans danser. 
J'ai pensé. Je ne sais pas si j'ai encore quelque chose à gagner mais quand j'aurai quatre-vingts ans je n'aurai plus rien à perdre. Je danserai sur les trottoirs en chantant dans cette robe aux tulipes que je n'ai pas achetée. Je ne contiendrai plus ma folie je la laisserai enfin s'exprimer. 
Vous pourrez lancer des pièces des fleurs des coeurs ou des bonbons. Il n'y aura pas de toit à ma maison. Je déambulerai avec ma folie et ma ménagerie. 

Un jour, après m'avoir lue, quelqu'un m'a écrit :
"Je crois qu'il sera bien de vous imaginer en vieille dame un peu folle."
Il s'est excusé ensuite. Il craignait de m'avoir vexée.
Je n'étais pas vexée. Il avait tout compris. 

Je serai folle, évidemment. Comment tenir autrement ?

Je suis passée ensuite à l'endroit des petits cailloux bleus. Nous sommes seulement deux dans le monde entier à connaitre l'endroit des petits cailloux bleus. C'est parfois si joyeux, les secrets. 



08/03/2016

*Passer*


























Ce matin je ne me suis pas lavé les cheveux. Je n'avais pas de courrier. Je n'avais pas envie de parler j'ai soupiré. Je n'étais pas en avance. Je n'ai pas pu prendre mon café chez Claude. J'ai dit j'ai rien. J'ai raconté une longue histoire. Je n'ai pas terminé. Je voulais envoyer une pensée je n'ai pas trouvé une seule photo à faire en traversant le jardin du Luxembourg. Je n'ai pas pris de dessert je n'ai pas pris de vélo je n'ai pas pris de notes je n'ai pas pris de raccourci je n'ai pas pris le pain.
Je n'ai pas réussi à dessiner la rose.
J'ai mangé du cake au pavot.


01/03/2016

*Magasiner*






























Je vous invite à visiter le magasin et à fouiller...
Il y a quelques nouveautés.