13/05/2016

*Vélopenser*



J'ai pensé, je voudrais m'aventurer là où on ne m'attend pas.
Puis j'ai réfléchi à cette pensée. Et j'ai pensé un peu différemment. J'ai pensé, en réalité, je suis là où on ne m'attend pas, mais cela ferait désordre si on m'y trouvait.
D'ailleurs. Je ne veux plus qu'on m'attende.


J'ai pensé aussi en passant.
En passant j'ai pensé.
J'ai pensé en passant en vélo là.
J'ai pensé que je perdais l'intérêt de raconter, de dire, j'ai pensé que je m'enfonçais délicieusement dans le silence de mes songes et de toutes les histoires que j'y range que j'y dérange que j'y arrange et qui m'arrangent.
Et, alors que je passais là en vélo, j'ai pensé qu'un jour, sur ce pont, j'ai photographié Aragon sur le journal qu'un homme avait coincé sous son bras. C'était un jour où la désolation s'était écroulée sur le trottoir. Un jour d'un café préféré. Celui qui fait le coin sur l'île Saint-Louis. Le café où se jouent des scènes de films en noir et blanc.
Et puis j'ai pensé que, sur ce quai qui cerne l'île en arrondi, un autre jour, l'automne dorée me couvrait les pieds alors que j'étais assise sur le banc de pierre. Et la mousse entre les pavés luisait. Un chien. Et l'été précédent, dans l'autre arrondi, sur un autre banc, je portais ce dos-nu à losanges et une jupe un peu longue. La chaleur des rayons.
Et puis, pédalant encore, mes pensées ont pris un autre virage et ont formulé une réponse : bien sûr que nous allons le faire ce projet, cela fait presque un an que j'ai commencé.
J'ai pensé, c'est un projet silencieux. Un projet que personne n'attend. Un projet surprenant.

J'ai même fini par ajouter des virgules après avoir fait trois coupes franches. C'était presque douloureux.





2 commentaires:

sylvie kapal a dit…

C'est difficile de porter un projet surtout qd on est bloqué par sa propre histoire comme c'est mon cas mais encourageons nous entre vélos!

Nikole a dit…

J'ai souri en me disant qu'un papillon à vélo, ça faisait une drôle de monture.
Je profite de ce mess pour vous dire que je vais encore rater un étal papillonesque, qui aura lieu pendant la semaine où je fermerai les yeux d'aise devant l'océan ... une autre fois alors, encore ...