01/02/2016

*Entendre*


























Non,  je ne sors pas aujourd'hui, je réponds.
Je ne sors pas mais j'entends.
J'entends, tu me manques.
J'entends, la réalité que nous vivons ne peut pas nous suffire et nous avons besoin d'un ailleurs.*
J'entends, les mots m'ont sauvé du désespoir de la perte de l'absence du deuil. Ça, j'en suis sûre. Les mots sont un asile, un havre, un abri.*
J'entends, on fait toujours un livre sur soi. L'histoire inventée, c'est pas vrai. **
J'entends Emmanuelle Richard parler de son livre et je m'entends.
J'entends la machine qui essore.
J'entends cette chanson qui évoque.
J'entends des sirènes au loin et je ne peux plus entendre une sirène sans penser à la tuerie.
J'entends, nous ne sommes pas qu'un individu, nous sommes mouvants, nous sommes plusieurs.*
Je suis cigale et papillon et. Ça finira mal. Bon. J'écrirai une histoire.
J'entends, il y a des choses qui disparaissent, c'est le risque de la mémoire, c'est l'oubli. Ça fait partie de la beauté des souvenirs qui restent.***
Je vais oublier. J'ai déjà trop oublié. J'ai déjà tant oublié. Le beau comme le "mauvais".
C'est bien aussi. Peut-être. L'oubli.

Samedi, dans le métro, j'entends un violon qui pleure Le Lac des cygnes et j'ai envie de battre des ailes doucement en tournant sur mes demi-pointes. La mort du cygne. Putain de mélancolie.


* : Camille Laurens chez Augustin.
** : Marguerite Duras dans un documentaire, dans Les Nouvelles vagues.
*** : Emmanuelle Richard, dans Les Nouvelles vagues. 
Camille Laurens et Emmanuelle Richard, de belles lectures en perspective je crois...


3 commentaires:

sylvie kapal a dit…

vos mots m'enveloppent, je me sens bien, merci

Joanneh a dit…

Mais ta mélancolie me touche tellement…

Miss Marmotte a dit…

J'ai rassemblé mes poils soigneux de Marmotte soigneuse, je m'en suis fait deux ailes mélancoliques, et je marche comme une étoile sur la pointe des pattes, je fais des aller-et-retour dans ma cuisine, je recherche ma perfection, en attendant de dessiner la mélancolie qui pour moi est un nom de fleur....et j'ai toujours cette hésitation à la frontière avec l'ancolie....en attendant le dessin, je souffle très doucement sur les flocons....!