31/12/2014

*S'enroser*



































L'envie d'un papillonnage avant la dernière nuit
Avant le saut le bond le fossé.
Surtout ne pas faire de bilan, il pourrait être positif et ce n'est pas mon genre.
Définitivement.

Vous la voyez comment
Vous
La suite du papillon ?
Cinq ans et demi que je papillonne.
Je pourrais presque avoir mal aux ailes
Mais non
C'est ailleurs
La douleur
Chuuutt
Presque plus....

*

J'ai entendu une petite histoire. Vraie. Tout neuve.
J'ai envie de vous la raconter pour terminer l'année.

Une gentille dame avait de beaux rosiers. Elle guettait les roses.
Mais tous les matins où une rose aurait dû éclore, elle avait disparu.
Une à une, les roses disparaissaient et ses beaux rosiers n'avaient jamais de roses.
Quelle déception pour la gentille dame.
Un de ses amis lui propose de cacher son nouvel appareil photo très perfectionné non loin du rosier. C'est un appareil qui se déclenche avec le mouvement.
L'appareil est donc caché. Tout le monde est couché.
Clic clac. Cinq heures du mat. Cric crac sécateur. La voleuse est là.
L'image est dans la boîte.
Et que découvre la gentille dame ?
Une de ses voisines, au tout petit matin, cueille ses roses toutes fraîches sous la rosée !
Qu'à cela ne tienne !
La gentille dame glisse la jolie photo dans la boîte aux lettres de la voleuse de roses.
Et que reçoit la gentille dame en retour ?
Un magnifique bouquet ! De roses bien sûr.

Pas de moralité mais juste l'envie de dire :
Qu'attendez-vous pour nous couvrir de roses ?




21/12/2014

*Décembrer*

























Je n'ai rien préparé pour Noël
Je n'ai même pas de tennis pour aller à la mer
J'ai baigné les orchidées
Entassé les gilets
Je me suis relevée trop vite
Il y a eu le vertige

Quelque chose m'échappe

Tant pis
Je marcherai pieds nus sur le sable
On s'offrira des coquillages

*

Merci à vous d'être là



18/12/2014

*Saisir*
























C'est parce que lundi j'avais froid sur les quais
La Seine était marron j'aime ses remous et le gris tout autour
J'ai marché longtemps accompagnée par une cascade de messages et sur mon visage des sourires en cascade

C'est parce que mardi j'ai senti qu'elles me tournaient autour Tristesse et Mélancolie alors j'ai mis dans mon sac un lapin trois oiseaux une bouche épinglée sur un coeur un truc doux j'ai pris un vélo le soleil m'éclatait au visage c'était délice
Et c'est à ce moment-là que j'ai lu, vous pourriez nous écrire une chanson ?

C'est parce que mardi (toujours) il a dit, pourquoi êtes-vous si insaisissable ?
J'ai dit mais voyons, comment voulez-vous que nous nous saisissions ?

C'est parce que mercredi on m'a offert Arthur (H) et il m'a dit, regarde droit devant et avance. D'accord. Et il m'a dit aussi, viens nous irons vivre libres, dans un pays sauvage. J'arrive. Et il m' a demandé
est-ce que tu aimes
est-ce que tu aimes
est-ce que tu aimes
est-ce que tu aimes
est-ce que tu aimes
est-ce que tu aimes
Et puis, il a dit, je suis beaucoup trop sensible mon petit coeur...
Et plus doucement, je suis un bandit, tu sais. (Mais j'aime les bandits, Arthur...)
Il m'a dit aussi, le bonheur c'est plus précisément oublier. Oui. Mais moi je ne veux pas oublier, tu sais Arthur, j'aime me souvenir.
Alors il a dit encore, quand on veut vraiment quelque chose souvent on l'a. Et il a dansé avec Madonna.
Puis on s'est serrés sur cette chanson-là, sur ce désir-là.
Il m'a dit tout et il a regardé vers moi, merci à vous d'être là.
Alors je lui ai dit, Arthur, tu sais, tu peux me tutoyer maintenant.
J'avais envie de danser sur le trottoir mais il pleuvait.
J'ai pris le métro et déjà tu dormais.

*
Attention attention, pour vos commandes, il n'y a aura pas d'expéditions entre le 22 et le 28 décembre.



15/12/2014

*Dupliquer*












C’est joli ce que tu m’écris. C’est joli. C’est joli ce que tu devines. Oui. c’est joli. C’est joli ce que tu imagines. C’est joli ce que tu. Oui. C’est joli ce que tu m’inspires. Oui. Je crois. C’est joli. C’est joli ce que tu me lis. Oui. C’est. C’est joli. C’est. Ce que tu envisages aussi. C’est joli. C’est joli ce que tu me dessines. Oui. C’est joli ce que tu ne dis pas. Si. C’est joli. Je. C’est joli ce que tu me suggères. Oui. C’est joli ce que tu. C’est. Si. Joli. C’est joli ce que tu répètes et que tu balbuties même. Oui. C’est joli que tu n’hésites pas. C’est. Oui. Je ne sais pas. Joli. C’est joli ce que tu inventes. Ce que tu me présentes. Merci. Oui. Joli. Vraiment. Ce que tu me voues ce que tu m’avoues. Tu. C’est joli. Ce que tu. Tentes. C’est joli ce que tu danses. Aussi.
Oui.

*

Je me permets un doublon, manquerais-je d'inspiration ?
Je manque de temps plutôt, je manque de temps, je manque de ce calme nécessaire aux petits mots. Je manque d'espace.

*

Merci pour toutes vos commandes, et, attention, ce sont bientôt les vacances ! 



07/12/2014

*Youyouter*



















La petite dame chinoise m'a chuchoté en mettant son doigt devant sa bouche qu'elle allait partir d'ici
La petite dame chinoise a fait un geste de la main dans la direction de son départ
La petite dame chinoise m'a écrit sur un mouchoir en papier l'adresse de l'endroit où elle travaillera dès lundi
La petite dame chinoise a dit "chut" et a regardé discrètement derrière la porte
La petite dame chinoise m'a dit, personne ne sait ici
La petite dame chinoise m'a écrit son prénom aussi
La petit dame chinoise s'appelle You You
J'ai dit, d'accord, à la petite dame chinoise, je viendrai vous voir
Et je suis partie avec le petit mouchoir, plié en deux sur son écriture maladroite, dans mon sac.

Je pense que la petite dame chinoise ne sort pas seule dans la nuit
J'ai le petit mouchoir dans mon sac et je suis seule sur le quai désert et glacé
Dans la nuit
Je n'ai pas peur je n'ai pas froid je file je survole je me grise
Des lumières
Des pavés scintillants
Des fantômes
De la Seine profonde
Du lointain obsur

La nuit me chuchote des coquetteries
C'est joyeux
C'est délicieux
C'est vivifiant comme ce petit nuage qui sort de ma bouche quand je vous parle
C'est éphémère comme ce petit nuage qui sort de ma bouche quand je vous parle

C'est un joli prénom, You You
YouYou


Ce dimanche 14 décembre, je serai aux côtés de Mister Wood et Blabla, etc pour une petite vente autour d'un goûter chez Maison Bastille. (34 bis, rue Amelot à Paris 11e, à partir de 14 heures.)

02/12/2014

*Ondoyer*



















Les courbes de la passerelle déjà ont fait naître l'élan
Et
Pour la première fois depuis de très longues années j'ai mis une chanson dans mes oreilles
Le besoin subit de m'en emplir
Et
En haut des escaliers le public a frappé dans ses mains au rythme des premières notes de la musique
Et
J'ai descendu les marches de pierre en accompagnant les battements
Des mains
De mon coeur
J'ai souri
J'ai inspiré longtemps
Déploiement

J'entendais claquer mes talons sur la pierre
Et
La chanson a commencé en bas des escaliers
L'élan s'est amplifié
J'aurais pu suffoquer
J'ai marché traversé enjambé envisagé empli balayé dansé contourné ondoyé
Transportée que j'étais par la chanson
Très belle
Transportée par mon envie de m'élancer dans le parc
De me rouler dans les feuilles
De courir jusqu'à
Non
Si
Jusqu'à.
Rien.

Quatre
Je l'ai remise quatre fois dans le froid du matin
Puis une cinquième sur le chemin du retour
J'ai laissé ensuite mon corps résonner
Digérer l'élan
S'apaiser










C'est émouvant, dit-elle.
Cela me fait tellement de bien, dit une autre.
C'est si beau, dit une troisième.
Merci... chuchote une timide.

Nous nous tenons en retrait. Nos lettres sont exposées. Nous nous connaissions à peine. Nous voilà dévoilées.
Oui, c'est beau. Très. C'est émouvant. Très. C'est inspirant. Très. C'est beaucoup. C'est tellement. C'est un projet en cours. Ce sont des possibilités. Multiples. Des envies. Communes et diverses. C'est la liberté. La sienne. La mienne. C'est sans obligation. Ce n'est plus un secret mais c'est toujours un secret. Ce sont des prémices. Des bribes. Des instants. Du silence. Des aveux. Une vérité simple. Un chemin.
C'est. Notre correspondance.













Le soir
En rentrant
J'ai remis la chanson encore plusieurs fois très fort partout autour partout autour partout dedans partout dessous partout
Et
L'élan s'est évanoui transformé m'a étreinte m'a serrée m'a contrainte m'a blessée m'a étouffée m'a allongée
Anéantie

















Un jour
J'ai cousu ma bouche.