28/05/2014

*S'écrire*

































Il faisait si gris aujourd'hui, j'avais envie de vous écrire.
(Ceci est la suite d'un mot et d'une image laissés sur Facebook.)

26/05/2014

*Raconter*



























Je suis assise à une table à côté de mon ami peintre. En face de nous, d'autres artistes, comme lui. Des squats artistiques.
La salle est pleine. Je me souviens de la lumière et d'une petite phrase que je tais par pudeur.
Elle s'approche de la table par ma gauche et je suis émerveillée. Elle est blonde elle est claire sa bouche est d'un rouge vif et sourire elle rayonne. Son ventre rayonne. Son ventre très rond et tendu pointe avec douceur sous son chemisier transparent blanc qui s'ouvre et qui dévoile à peine son nombril. Sa peau. Lumineuse. Je la trouve magnifique. Ce doit être la première fois qu'une femme enceinte m'émerveille instantanément à ce point.   

Héléna Villovitch. J'aime bien dire son nom. Et quand je le vois écrit quelque part je pense invariablement à son ventre, à son chemisier ouvert, puis au prénom du bébé, et à la bande de garçons et de filles que j'associe à elle. Elle organise avec eux des soirées un peu expérimentales au Moloko et j'y suis ce soir-là parce que lui parce que lui aussi parce que j'erre la nuit parce que je me promène déjà. Ce sont les nuits de mes vingt ans.

Des années plus tard je me suis rendue à un vernissage dans l'espoir de recroiser ce passé-là. Sur le boulevard Bonne Nouvelle, j'avançais précédée par mon ventre rond moulé dans une robe moirée que j'avais enfilée par-dessus mon jean. Seule, toujours un peu seule, je déambulais dans l'exposition où les gens se tenaient en grappe agrippés à leurs mots à leur verre à leurs oeuvres à leur solitude. J'ai aperçu Héléna. Sans son ventre sans le rayonnement. Je n'ai pas retrouvé ceux que j'avais perdus, encore moins ce que j'avais perdu. Je suis restée seule avec mon ventre, et je suis repartie par le boulevard à pas longs et silencieux.

Juste après j'ai acheté tous les romans d'Héléna. Je les ai lus sur une plage lointaine les pieds dans la douceur le ventre rond caressé par la chaleur de l'ombre.
Dans ses mots, j'ai retrouvé ces années-là. 

Voilà le souvenir, Mirabelle. Et voilà pourquoi j'ai pris ce dernier roman d'elle qui s'est présenté à moi sans que je le cherche, bradé à un euro, dans les rayons de BO.
Je ne l'ai pas encore lu.
Il est peut-être temps d'arrêter de replonger.



23/05/2014

*Tabler*


Je suis dans mon lit. Celui-là.
Il est tard. Il m'appelle. Je ne me souviens pas depuis combien de temps je le connais à ce moment-là. 
Il me demande de lui lire quelque chose. Je lui lis un texte de mon cahier.
Il me demande de le rejoindre au Select. Avec mon cahier.
Je me rhabille. J'enfile un pantalon noir. Un pull noir au col en V. Mon manteau noir. Tout en noir je descends les six étages. Je sens comme un souffle qui me pousse dans la nuit. Les pans de mon manteau s'ouvrent je marche je m'élance je traverse la rue le large trottoir le boulevard. Il n'y a plus de métro. Je monte dans le premier taxi. Je demande le Celtique, boulevard du Montparnasse. Le chauffeur me dit qu'il ne connaît pas. Moi non plus. Je ne dis rien. Nous verrons bien.
Boulevard du Montparnasse nous passons devant le Select. Je lui dis, ha... c'est là.
Il m'attend au fond à gauche assis à une table dans la lumière jaune. Il est tout en noir lui aussi. Le café est presque vide.
Je m'assois en face de lui. Je pose mon cahier devant moi.

*

"Tu es, je crois, un peu d'une autre époque, toi. A la fois un peu d'avant, et du futur. Je pense soudainement à la tapisserie fleurie qui ornait ma chambre d'enfant et que j'avais choisie. Je pense aussi que tu es un retour aux sources. Subtile." Laure. Merci beaucoup. Il me touche beaucoup ce petit mot laissé sur Facebook.


**

Il y a quelques semaines, je suis allée l'écouter lire un extrait de son nouveau roman en cours d'écriture.
Demain je le retrouve dans un autre café. Tant d'années sont passées. Je poserai devant lui mon carnet.




19/05/2014

*Détailler*


























J'aurais pu refaire Entendre
Continuer la liste l'allonger l'enrichir
Puisque vous êtes venus me dire les mots qui rassurent
Nombreux
Au Klin
Merci

Manquaient les chuchotements
Manquent les chuchotements
Manquent toujours

Et puis
Avec la miss Dejolilou 
On a vécu l'aventure
L'inattendue la surprenante la joyeuse aventure
Elle s'est arrêtée, la dame de Tokyo, avec son sourire et son grand sac
Nous avons négocié dans un anglais approximatif et risible
Et elle a tout pris
Mes cartes mes mots mes graines mes badges
Plein
Ses sacs ses pochettes ses fleurettes ses couleurs
Plein aussi
Et voilà
Dejolilou et Papillonnage sont désormais à Tokyo dans une jolie boutique !


Et puis aussi
La rencontre de la surprise celle qui porte une jupe rouge sur la photo
Silence ému
Et puis
Une ronde de blogueuses qui se forme près du banc

Tu as raison, Line
Ça nous apporte au moins tout ça

Et puis encore, le détail
Les détails
Si petits
Puisque détails
Mais que je transforme en tourments
Etrangement
Importants

Alors je m'en remets au soleil, à la jolie blouse, et à mes promenades...


Merci beaucoup à Emilie et Virginie de m'avoir accueillie dans cette édition du Klin d'oeil au Carreau du Temple.
Merci aussi pour toutes vos commandes de carnets.

15/05/2014

*Carltoner*





















J'avais été débarquée à Cannes en pleine nuit avec un sac énorme rempli de robes. La nuit était douce j'étais seule j'avais 21 ans peut-être et aucun endroit pour dormir. Je me suis laissé entraîner dans une caravane. Dans les sanitaires du camping, j'ai tout fait pour être jolie et je suis descendue sur la Croisette avec mes lunettes. Je me souviens du muret bordant la plage où je me suis assise en dos nu et où des jeunes passionnés de cinéma m'ont cueillie. Il y a celui qui me demande, je peux voir vos yeux ? Elles étaient très noires mes lunettes de starlette. Il y a l'autre qui m'invite en terrasse. Il y a ce chauffeur de star qui me dépose une fois au Carlton pour faire semblant et une autre fois en bas des marches pour faire comme ci. Il y a l'acclamation du public au moment où j'avance sur le tapis rouge et la panique qui me fait avancer plus vite.  Je me retourne, évidemment tous ces objectifs qui se lèvent ne sont pas pour moi mais pour Bruce Willis qui arrive dans la voiture suivante.  Et puis ce slow en bordure de piscine sous une guirlande aux ampoules multicolores et puis ceux qui m'invitent à venir dormir dans leur studio très partagé déjà et où j'enjambe Marie Desplechin enlacée avec son amoureux quand je m'enfuis au petit matin.
Et si on filait à Cannes dans la nuit ? Je veux être débarquée encore et ne rien savoir du jour qui va suivre. Allez, viens...


Le carnet de papillonnages est dans la boutique.

12/05/2014

*Carnetter*



































Alors voilà
Si vous osez me demander
Et si j'ose un peu plus qu'à peine
Je pourrai vous faire une petite dédicace comme ça
Sur le petit carnet de papillonnages

Il sera posé sur ma table, à Klin d'oeil, ce vendredi 16 et ce samedi 17 mai.

Et, juste à côté de moi, devinez qui il y aura ?
Miss Dejolilou et ses sacs fleuris !

En prime, avec le code "Coucou Papillon" les yeux dans les yeux, je vous glisserai une surprise ! (Je ne sais pas encore quoi, à vous de me dire ce qui vous ferait plaisir...)

Pour ceux qui ne pourront pas venir, je mettrai dès que possible le petit carnet dans le magasin.

10/05/2014

*Citer*




















Il s'est glissé contre moi dans mon lit. Il se penche sur mes pages et dit tout haut :
"Les tables sont à l'ombre des bâtiments de l'hôtel. L'air est immobile, il n'y a pas de vent."
- C'est nul ce que tu lis.
Je souris et je pense, c'est beau ce que j'entends.

Je poursuis ma lecture :
"Je vous regarde. Vous regardez l'endroit. La chaleur. Les eaux plates du fleuve. L'été. Et puis vous regardez au-delà. Les mains jointes sous le menton, très blanches, très belles, vous regardez sans voir. Sans bouger du tout, vous me demandez ce qu'il y a. Je dis comme d'habitude. Qu'il n'y a rien. Que je vous regarde.
Vous ne bougez pas tout d'abord et puis, de là où je suis, je vois un sourire dans vos yeux.
Vous dites :
- C'est un endroit qui vous plaît, ici, un jour ce sera dans un livre, la place, la chaleur, le fleuve.
Je ne réponds pas à ce que vous dites. Je ne sais pas. Je vous dis que je ne le sais pas à l'avance, que c'est au contraire rare quand je le sais."*

*

Pendant la promenade, j'ai entendu le bruit d'une brosse qui frottait la pierre mouillée. La pierre tombale mouillée. J'ai aimé entendre ce frottement. J'ai aimé l'abandon de cette promenade.
Cet endroit me plaît. Je voudrais pouvoir dire qu'il sera un jour dans un livre.

*

"J'ai renoncé à me comprendre", dit Etienne Daho mardi matin chez Pascale Clark.
Je crois qu'il faudrait que je renonce aussi.


*Emily L. Marguerite Duras.

07/05/2014

*Kligner*































Alors que je m'aperçois qu'il ne m'a pas parlé de ce contrôle sur la reproduction je m'en étonne et l'interroge il me répond j'ai tout compris et je ne veux pas parler de ça avec toi.
Bon.
Alors que j'ose lui glisser entre les mains le brouillon de ce petit projet bancal et désordonné que je trouve absurde un jour sur deux elle me dit c'est vraiment bien fonce et après passe à l'étape supérieure.
J'y crois si peu.
Alors que je me confie je vous l'ai dit d'une façon déconcertante au premier presque inconnu qui m'invite à prendre ce verre-là ce soir-là dans un endroit insolite je l'entends me dire frontalement alors que j'ai les larmes aux yeux j'ai très envie de vous embrasser.
Cela ne m'arrange pas vraiment.
Alors que je lui accorde ce lundi oui je me sens plus légère dès le mardi bon sang mais que se passe-t-il c'est la brume l'enclume j'ai l'estomac qui se serre.
Ritournelle.
Alors que je sais bien qu'il faut ponctuer un texte pour sa compréhension je m'applique à ne mettre aucune virgule pour que vous lisiez d'une traite un peu vite comme ça oui c'est bien.
Ne pas respirer.
Alors que je suis assise sur une chaise verte que le soleil me chauffe que les pâquerettes se parsèment sur le vert que j'entends près de moi des adolescents croquer dans leur sandwich avec insouciance que mes genoux se dévoilent que je me laisse aller à la contemplation du grand marronnier je les sens qui se pointent derrière mes lunettes de soleil je les sens toujours se pointer malgré moi.
Mélancoliser.
Alors que je participe à Klin d'Oeil et que j'ai tant à préparer je déambule je songe je repousse je m'interroge je m'inquiète je ne suis pas prête.
Se secouer un peu.
Alors que je rentre pour la première fois dans cette jolie boulangerie je demande au boulanger bouclé et heureux c'est quoi ça il me répond des petites brioches à la fleur d'oranger humm j'en veux bien quatre alors d'accord à bientôt oui à bientôt salut il ajoute heu.... au revoir !
Sourire.
Alors que je m'ennuie un peu à ce spectacle ennuyeux j'observe depuis mon strapontin la scène immense et noire à un mètre de moi et je me demande s'il n'est pas arrivé un jour à un spectateur d'y monter dans un élan et de s'y laisser aller aux mouvements.
Folie envie.
Alors que j'essaie de ne plus me laisser aller à l'écriture de listes en tout genre me voilà en train d'en commencer une je sens que je cède à la facilité.
Bon j'arrête.

Klin d'Oeil, c'est très bientôt, le 16 et le 17 mai !

Inspiration dessin.