12/04/2014

*Planter*




















Je le regarde. Il est planté devant la grande affiche du kiosque à journaux. Il porte un sac plastique dans une main, il ne bouge plus. Sur la publicité, une jeune femme, nue, en gros plan, cadrée juste au-dessous de la poitrine, cache ses seins avec ses mains. Une publicité pour un joaillier. La sobriété du luxe sur le papier glacé. La blancheur et la blondeur de cette femme parfaite. Et lui, devant, en arrêt, et moi qui le regarde et m'interroge. Mais qu'est-ce qu'il attend ? Qu'est-ce qu'il espère ? Que la jeune femme retire ses mains peut-être ? Il peut toujours rêver. Il faut toujours rêver un peu.
J'avance. Je ne vais pas rester plantée à regarder un homme planté devant une image plantée. Cela me rappelle le premier scénario que j'ai écris quand j'étais étudiante.
Plus loin, dans la cours d'un HLM, deux mamies ont déplié leur pliant au ras des pâquerettes. Il fait beau mais elles sont cachées sous la capuche de leur parka pour se protéger du soleil. Les caniches se chamaillent.
J'aime bien passer par là pour mes souvenirs.
Je pousse la grille et je m'étonne. Le petit banc ? Il n'y a plus de petit banc ? Il n'y a plus de petit banc. En réalité il n'y a peut-être jamais eu de petit banc. J'ai dû rêver. C'était bien. Il faut toujours rêver un peu.

Je vais aller marcher pieds nus dans l'herbe. J'aime bien marcher pieds nus dans l'herbe.

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