30/11/2012

*Bouillir*












Si j'étais revenue sur mes pas
Si je pouvais fermer la porte
Si ce pot ne s'était pas renversé
Si j'arrivais à m'exprimer
Si j'avais emprunté l'autre trottoir
Si le métro n'était pas resté coincé
S'il n'y avait pas tant d'escaliers
Si j'avais choisi cette option-là
Et que je m'étais assise sur la chaise en bois
Si elle n'était pas entrée dans ce magasin
Si le riz n'avait pas brûlé
Si je ne les avais pas vu se déchirer
Si elle avait gardé ce courrier
Si elle n'habitait pas aussi loin
Si je n'avais pas envoyé ce message
Si j'avais gardé cette idée
Si j'avais persévéré
Si le petit chat n'était pas mort
Si tu m'avais attendue
Si j'avais porté une autre robe
Si j'avais moins déambulé
Si je ne m'étais pas ennuyée
Si tu étais venu me parler
Si j'avais fait des études plus sérieuses
Si je vous montrai le début
S'ils ne construisaient pas d'aussi jolies cabanes
Si nous partions au bord de la mer
S'il ne faisait pas déjà froid
Si au moins j'avais une photo
Si je n'avais pas si peur
Si je pouvais dire non
Si nous avions fait monter ce chien
Si elle avait une couverture
S'il me restait un morceau de pain
Si j'avais gardé les deux premiers
Si l'homme l'avait laissé passer
Si
Si
Eh bien
Peut-être
Que
Si
Alors....

Bon.
Ce n'est pas grave.
C'est très bien comme ça.
Si si.


"Ben, si la mer bouillait,
Les poissons seraient tous cuits !"
(J'ai entendu cette phrase un jour dans la bouche d' un habitant précieux de mon enfance, que l'on surnommait Cagnole. Je ne l'ai jamais réentendue ailleurs, mais elle m'a marquée.)


Petit rappel : Je serai sur le stand de l'épicerie de l'orage, samedi 1er décembre à 14 heures, au Salon du livre de Montreuil.

26/11/2012

*Cafeter*






















Et ce rêve qui remplit ma nuit
Et me laisse sonnée,
A qui je vais le raconter ?

Je vais voir si vous êtes libre
Nous prendrons un café.


22/11/2012

*Montreuiller*





















Je voulais vous dire quelque chose ce matin
Mais depuis
Ça s'est bloqué

C'est souvent comme ça
Je crois que je vais parler
Dire enfin
M'exprimer
Mais non
Je suis un nœud

Aujourd'hui j'étais un nœud très serré

Mais je voulais vous dire quand même
Que je serai avec les charmants épiciers
Samedi 1er décembre à partir de 14h
Au Salon du livre de Montreuil (Stand D1D)
Pour vous présenter celui que je n'ai pas encore vu !

Je ne sais pas quelle robe
Ni quelles chaussures
Mais je sais déjà le sourire et les joues rosies
D'être à leur côté
Et de vous rencontrer

Je voulais vous dire plein de choses
Mais je n'y arrive plus.
Ça va revenir
J'en suis presque sûre.

Et puis, merci Fibuline, pour le collier joli qui scintille dans la nuit !

18/11/2012

*Ermiter*


















Je suis arrivée à Paris rue de l'Ermitage. Avec une énorme valise. 
J'avais 19 ans.
Je me suis installée chez un homme que je ne connaissais pas. Un ami d'un ami d'un ami de mon oncle. Le temps que je trouve mon endroit, il m'a accueillie.
Je lui parlais très peu. J'étais transparente. Je me demande aujourd'hui comment il m'a perçue. J'aimerais lui demander. Je ne l'ai jamais revu. Je ne lui ai pas manqué. Nous ne nous sommes pas liés.

Sa boîte aux lettres ne fermait pas. Elle était à l’image de l’immeuble. Disloquée. Rafistolée. Charmante. 
Un matin, en descendant, je remarque que la petite porte en zing retient à peine une trentaine de lettres. Toutes pour moi. Je rougis. Pourtant personne ne me suit. Je me dis que mon hébergeur aurait pu les trouver avant moi. Ces trente lettres me sont adressées par la même personne, un amoureux qui m’inonde de ses sentiments. Mais je ne l’aime pas, moi. Non. Je me sens agressée par ce geste. Une lettre m’aurait suffi.

Je me dis qu’on est tous là à aimer. A ne pas s’aimer. A se laisser aimer.
Ce serait tellement plus simple si on s’aimait en même temps.

J’ai dix-neuf ans. Je prends le bus 96 rue de Ménilmontant pour aller à mon cours de danse. J’ai un petit imperméable crème avec de gros boutons que j’ai déniché aux puces de Montreuil pour dix francs. Un petit imperméable très couture. Très Audrey Hepburn. Très joli. Mais différent de ce que portent toutes les autres personnes. Pour la première fois j’ai mis du rouge à lèvres et je sens les regards sur moi.

Aujourd'hui, je relis des vieilles notes. Et elles sont nombreuses.
Dessin inspiré par ça.

14/11/2012

*Entonner*
























La cocotte est pleine de soupe orange.
Je verse la soupe orange dans l'entonnoir.
Un entonnoir noir.
La soupe orange coule dans la bouteille.
La bouteille se remplit.
Il regarde l'entonnoir et me dit :
" - Ce truc quand il est rouge, ça s'appelle aussi un entonnoir ?
   - ....  ben oui !"

Je ne m'étais jamais posé cette question.
Il y a forcément beaucoup de questions qu'on ne se pose jamais.
C'est dommage.


Une petite surprise par !

12/11/2012

*Poétiser*

































"La poésie s'écrit en chemise de nuit. On dirait que c'est un acte d'amour..." (Vénus Khoury-Ghata.)*
Elle précise qu'elle écrit dans son lit, bien installée et adossée à des coussins moelleux.

"J'ai l'impression que la recherche de la poésie, c'est un peu ça, un double mouvement. Au fond, nous essayons de combler le gouffre entre nous et nous-mêmes, en somme. Essayer de trouver notre vérité profonde..." (Andrée Chédid.)**

Je crois que je vais passer l'hiver en pyjama, le gouffre est très profond chez moi...



*France Culture - Sur les Docks : "Déjeuner chez Vénus Khoury-Ghata." 
**France Inter - Downtown : Archives diffusées lors de l'émission du 7/11/2012.
***Dessin inspirée par une promenade parmi les installations de Pascale Marthine Tayou à la Villette.

09/11/2012

07/11/2012

*Redescendre*


















Tourner
Tourner encore
Et se retourner
Bon
Redescendre et manger
Un yaourt
Remonter
Se reglisser
Et tourner
Retourner
Se retourner
Bon
Redescendre et boire
Une tisane
Lavande
Remonter
Se reglisser
La chaleur
La douceur
Se tourner
Puis se retourner
Bon
Redescendre et manger
Un morceau de pain
Et puis je sens un point
Bon
Remonter
Se reglisser
Ne plus bouger
Ne plus penser
A ça
Ni ça
Oh, et surtout pas à ça
Se retourner
Je préfère l'autre côté
A plat ventre peut-être
Non
Bon
Redescendre
Un verre d'eau
Je tente les mots
Un papillonnage de nuit
Pour combattre l'insomnie
Quelle agitation
Pauvre papillon
En plus tu vas devoir faire un dessin à 2h26 du matin
C'est malin


05/11/2012

*Respirer*
















*

Depuis que j'ai entendu cette femme raconter son histoire
L'histoire de l'homme qu'elle aime
L'histoire de cet homme enfermé depuis si longtemps
Dans un autre coin du monde
Enfermé et privé de toute sensation
De tout repère
Enfermé dans une pièce sans fenêtre
Sans télévision sans radio sans regard sans livre sans délice sans caresse
Juste rien
Juste attendre son exécution
Depuis si longtemps
Bref
Depuis je pense à leurs échanges
A leurs longues lettres quand ils ont la permission de s'écrire
Et aux petits morceaux de tissus imprégnés de parfum qu'elle glisse dans ses enveloppes
Des parfums d'épices
Des parfums de compotes
Des parfums d'embruns
Des parfums de fleurs
Des parfums de vie
Alors
Il les accroche à la bouche d'aération dans sa cellule grise
Il ferme les yeux
Et il respire

Je trouve cette idée magnifique.

**

Je serais peut-être plus crédible si j'arrêtais de dessiner des fleurettes et des oiseaux.

***

Il fait de moi des hypothèses, et cette idée me plaît.

****

Merci beaucoup pour vos promenades dans mon magasin, et merci aussi pour vos commandes, vous savez combien j'aime poster des lettres...